Aller au contenu principal
La mort du Prince impérial.

La mort du Prince impérial.

Date de création : 1882

Date représentée : 01 juin 1879

H. : 106 cm

L. : 142 cm

Huile sur toile

© Photo RMN - Grand Palais - J. Hutin

http://www.photo.rmn.fr

89-000701 EE / MV 5707

La mort du Prince impérial

Date de publication : mai 2005

Auteur : Alain GALOIN

Depuis 1874, date de son accession à la majorité, le prince impérial était le prétendant légitime à la succession de Napoléon III. Bien qu’exilé, il était le leader d’un parti bonapartiste malheureusement divisé, mais qui représentait néanmoins un danger potentiel pour la République. Cependant, l’Exposition universelle de 1878, qui connut un succès comparable à celle de 1867, dévoila aux yeux de la France et du monde un Paris relevé de ses ruines, et le régime républicain en sortit grandi, aussi bien dans le pays qu’à l’étranger. Dès lors, le prince impérial acquit la certitude que la restauration de l’empire par les voies parlementaires était compromise.

Dans son exil anglais, il rongeait son frein et l’inaction lui pesait. Il voulait faire la preuve de sa valeur militaire et démontrer ainsi qu’il était le digne héritier des Bonaparte. Il rêvait de gloire. Il demanda à combattre au Tonkin, mais la République française s’y opposa. Il sollicita en vain de l’empereur d’Autriche la faveur de participer à la lutte contre les Turcs en Bosnie-Herzégovine. Finalement, la reine Victoria lui permit de prendre part à une expédition punitive contre les Zoulous qui avaient attaqué l’armée britannique en Afrique du Sud le 15 février 1879. Le 29 février, le prince impérial s’embarqua à Southampton pour Le Cap, non comme officier, mais en tant que simple témoin. Le 25 avril, lord Chelmsford l’attacha à son état-major en qualité d’aide de camp. Il put ainsi participer à quelques opérations de reconnaissance en territoire ennemi, au cours desquelles il se distingua par sa vaillance. C’est au cours de l’une de ces missions qu’il trouva la mort, le 1er juin 1879, dans une embuscade tendue par les Zoulous.

Le 1er juin 1879, vers quatre heures de l’après-midi, le prince impérial et son escorte anglaise furent surpris au cours d’une halte par une quarantaine de Zoulous. Deux soldats anglais furent tués et les autres prirent la fuite, tandis que le prince tentait vainement de monter sur son cheval lancé dans une course affolée. La selle qu’il conservait pour des raisons sentimentales – elle avait appartenu à son père Napoléon III – était usagée : la courroie se rompit, le cavalier tomba, et sa monture poursuivit sa folle équipée. Le prince impérial se trouva alors seul face à une horde de Zoulous menaçants.

C’est ce moment précis que le peintre a choisi d’immortaliser sur sa toile. L’on aperçoit au loin les Anglais qui s’enfuient et le cheval qui galope. Le prince impérial se défend courageusement. Il a perdu son sabre et pointe son revolver dans la direction de quatre Zoulous, dont la représentation est caractéristique de l’image de l’« indigène » diffusée en ces temps de reprise de l’expansion coloniale. Il tirera par trois fois mais finira par s’écrouler, percé de dix-sept coups de sagaie, tous reçus par devant. Le prince mort, les Zoulous dépouilleront son corps de ses vêtements, ne lui laissant que le médaillon d’or qu’il portait au cou et qui contenait le portrait de l’impératrice Eugénie.

Le 11 juillet 1879, la dépouille mortelle du prince impérial fut ramenée en Angleterre. D’imposantes funérailles furent célébrées à Chislehurst, en présence de la reine Victoria et de la famille royale britannique.

Le prince repose aujourd’hui à l’abbaye de Farnborough, auprès de ses parents, l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie, morte à Madrid en 1920. C’est l’impératrice elle-même qui fit édifier son monument funéraire, réalisé par l’architecte Gabriel Destailleur de 1883 à 1888. Cette sépulture n’est que partiellement conforme aux dernières volontés du prince impérial, exprimées dans le testament qu’il rédigea le 26 février 1879, avant de s’embarquer pour l’Afrique du Sud : « Je désire que mon corps soit déposé auprès de celui de mon père, en attendant qu’on les transporte tous deux là où repose le fondateur de notre Maison, au milieu de ce peuple français que nous avons, comme lui, bien aimé. » Aujourd’hui encore, le transfert des cendres de la famille impériale sous la coupole des Invalides n’est toujours pas à l’ordre du jour.

La mort du prince impérial fut héroïque, mais vaine : elle sonna le glas d’une possible restauration de l’empire. Dans son testament, Louis avait désigné son cousin le prince Victor, petit-fils de Jérôme, roi de Westphalie et frère de Napoléon Ier, pour lui succéder dans le rôle de prétendant au trône impérial, mais le bonapartisme ne devait pas se relever en tant que puissance politique. Pour les républicains, le prince impérial était excessivement gênant. Sa mort providentielle élimina le péril bonapartiste. Débarrassée du comte de Chambord, débarrassée du dernier des Bonaparte, la République avait désormais les coudées franches et demeurait seule maîtresse de la France.

André CASTELOT, Alain DECAUX et le général KOENIG, Le Livre de la Famille impériale - L’histoire de la famille Bonaparte à travers les collections du Prince Napoléon, Paris, Librairie académique Perrin, 1969.Catalogue de l’exposition Le Prince impérial, 1856-1879, Paris, Musée de la Légion d’honneur, 1979-1980.

Alain GALOIN, « La mort du Prince impérial », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/mort-prince-imperial

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Elisa, Grande-duchesse de Toscane et patronne des arts

Elisa, Grande-duchesse de Toscane et patronne des arts

Aînée des filles Bonaparte, Maria-Anna (1777-1820), dite Élisa, a fait ses études à la Maison royale de Saint-Louis à Saint-Cyr de 1783 à 1792,…

Joachim et Caroline Murat, roi et reine de Naples

Joachim et Caroline Murat, roi et reine de Naples

Sœur cadette de Napoléon, Marie-Annonciade Bonaparte (1782-1839), dite Caroline, a épousé le 20 janvier 1800 Joachim Murat (1767-1815), ancien…

Joachim et Caroline Murat, roi et reine de Naples
Joachim et Caroline Murat, roi et reine de Naples
Napoléon et la politique des alliances

Napoléon et la politique des alliances

La politique internationale de Napoléon visant à asseoir sa dynastie le conduisit à se créer des alliés parmi les nouveaux souverains et à s’…

Napoléon et la politique des alliances
Napoléon et la politique des alliances
Le Royaume de Westphalie

Le Royaume de Westphalie

Un État modèle au cœur de l’Allemagne

À Tilsitt, en 1807, Napoléon et Alexandre Ier de Russie signent un traité qui entérine une…

Le Royaume de Westphalie
Le Royaume de Westphalie
Le mariage religieux de Napoléon Ier et de Marie-Louise

Le mariage religieux de Napoléon Ier et de Marie-Louise

En 1809, Napoléon doit faire face à la cinquième coalition, menée par l’Angleterre et l’Autriche. Après sa défaite à Wagram, l’Autriche signe une…

Le mariage bourgeois au XIX<sup>e</sup> siècle

Le mariage bourgeois au XIXe siècle

La sécularisation du mariage

Les mariages conclus dans la haute bourgeoisie au XIXe siècle permettent de se rendre compte de l’…

Le mariage bourgeois au XIX<sup>e</sup> siècle
Le mariage bourgeois au XIX<sup>e</sup> siècle
La mort du Prince impérial

La mort du Prince impérial

Depuis 1874, date de son accession à la majorité, le prince impérial était le prétendant légitime à la succession de Napoléon III. Bien qu’exilé,…

Le Long règne de François-Joseph I<sup>er</sup>,  dernier empereur d’Autriche et roi de Hongrie

Le Long règne de François-Joseph Ier, dernier empereur d’Autriche et roi de Hongrie

Soixante-huit ans de règne, du Printemps des peuples à la Grande Guerre

Né en 1830, couronné en 1848, mort en 1916, François-Joseph Ier…

Le Long règne de François-Joseph I<sup>er</sup>,  dernier empereur d’Autriche et roi de Hongrie
Le Long règne de François-Joseph I<sup>er</sup>,  dernier empereur d’Autriche et roi de Hongrie
Le Long règne de François-Joseph I<sup>er</sup>,  dernier empereur d’Autriche et roi de Hongrie
Napoléon en privé

Napoléon en privé

Autant les tableaux témoignant des grands événements du règne de Napoléon sont nombreux, autant les tableaux contemporains le représentant dans l’…

Napoléon en privé
Napoléon en privé
Napoléon en privé
Napoléon III et la politique des nationalités

Napoléon III et la politique des nationalités

L’une des conséquences de l’attentat d’Orsini, perpétré le 14 janvier 1858 contre l’empereur Napoléon III, fut la création d’un Conseil privé…