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Couverture de la partition de l'Internationale

Couverture de la partition de l'Internationale

Date de création : 1902

Date représentée :

H. : 27 cm

L. : 35,2 cm

Lithographie

Domaine : Estampes-Gravures

© Musée de l'histoire vivante de Montreuil

Lien vers l'institution

39081971

L’Internationale, hymne révolutionnaire

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Danielle TARTAKOWSKY

La figuration d’un hymne emblématique

C’est en 1887 qu’Eugène Pottier édite le poème L’Internationale. Le guesdiste Gustave Delory demande dès l’année suivante à Pierre Degeyter de composer sur ce texte une partition destinée à la société musicale lilloise La Lyre des travailleurs. Le chant d’abord répandu dans le Nord et les milieux guesdistes gagne tous les courants socialistes et la France entière dès le tournant du siècle puis franchit les frontières, s’imposant de facto comme l’hymne du socialisme international.

Il est fréquemment édité en quatre pages, forme alors en usage pour les chansons de toute espèce. En 1902, la librairie de propagande socialiste confie l’illustration d’une de ces éditions à Steinlen, collaborateur régulier de la presse ouvrière et anarchiste.

« L’Internationale sera le genre humain »

L’Internationale est figurée par une foule dense et liée (le personnage au torse nu tient par les épaules son voisin de droite et, plus indistinctement, celui de gauche). Elle est en marche vers un avenir, situé en avant d’elle et hors cadre. Mais cet avenir est aussi bien figuré, selon les codes alors fréquemment en vigueur dans la gravure, par les rayons de ce soleil nouveau qu’est l’Internationale, illuminant sa marche.

L’appartenance de classe de ce monde en marche est signifiée par les drapeaux, techniquement noirs mais évidemment et uniformément rouges, par-delà leurs origines nationales distinctes. Elle l’est également par l’usage des codes alors en vigueur pour signifier l’ouvrier : pantalons larges et ceintures de terrassier, tabliers de forgeron, torses nus.

La dimension internationale s’exprime dans ces codes d’une autre sorte que sont les bonnets de fourrure ou la tenue de quaker pour respectivement figurer la Russie et l’Amérique. Elle l’est également par les inscriptions qui apparaissent sur les drapeaux pour ainsi signifier les organisations : le parti américain du travail (partiellement fantasmatique : n’existe alors qu’un maigre Socialist Party of America), la social-démocratie (sans doute le parti social démocrate allemand, la plus puissante composante de la IIe Internationale), le parti ouvrier (sans doute de Belgique) et, ouvrant la marche, le parti socialiste qui peut aussi bien signifier la fusion internationale que les deux composantes du socialisme français alors en conflit : soit le parti socialiste français (des jauressistes et de leurs alliés), soit le parti socialiste de France (des guesdistes et des leurs), en se limitant au radical commun de ces deux intitulés.

Une humanité virile et organisée

Pour le 1er mai 1901, ce même Steinlen réalise la une de la Voix du peuple, journal de la CGT. Le peuple travailleur en marche derrière son drapeau qu’il figure là présente bien des similitudes avec cette Internationale qui va, pareillement, de l’avant. Trois différences cependant : en 1901, le travail est signifié par des outils, abandonnés dans la gravure de 1902 qui constitue le parti politique en attribut majeur. Le peuple, exclusivement composé d’hommes, est là du moins guidé par une allégorie féminine, nue coiffée du bonnet phrygien. Le drapeau qu’elle porte est dépourvu de toute inscription, signifiant ainsi la classe et non une quelconque organisation.

La gravure socialiste accentue donc la virilité du mouvement ouvrier jusqu’à l’exclusive. Elle subordonne la classe aux organisations réputées internationalement l’exprimer.

Robert BRÉCY, Florilège de la chanson révolutionnaire de 1789 au Front populaire, Éditions de l’Atelier, 1990.

Jacques DROZ (dir.), Histoire générale du socialisme, Paris, PUF, 1974.

COLLECTIF, Exposition Steinlen, musée de l’Histoire vivante, Montreuil, 1987.

Danielle TARTAKOWSKY, « L’Internationale, hymne révolutionnaire », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/internationale-hymne-revolutionnaire

Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

Comme le dit le début du texte de Danielle Tartakowsky, le poème l'internationale a été publié en 1887 dans un recueil appelé "Chants révolutionnaires" avec une préface de Henri Rochefort.
Voir le lien vers La notice du livre sur le site de la BnF.

Mais vous avez raison également, ce poème a probablement été écrit en 1871. Merci pour cette précision.

A bientôt,

Anne-Lise

jeu 31/01/2013 - 15:19 Permalien

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