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Louis-Philippe Ier, roi des Français et la Charte de 1830

Louis-Philippe Ier, roi des Français et la Charte de 1830

Portrait de Léopold Ier

Portrait de Léopold Ier

Mariage de Léopold Ier, roi des Belges et de Louise d'Orléans, le 9 août 1832

Mariage de Léopold Ier, roi des Belges et de Louise d'Orléans, le 9 août 1832

Louis-Philippe Ier, roi des Français et la Charte de 1830

Louis-Philippe Ier, roi des Français et la Charte de 1830

Date de création : 1839

Date représentée : 1839

H. : 263,5 cm

L. : 189 cm

Portrait en grande tenue de lieutenant-général au château de Saint-Cloud.

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / image RMN-GP

Lien vers l'image

MV 5219 - 87-000038

La Monarchie de Juillet et la Belgique

Date de publication : Août 2008

Auteur : Alain GALOIN

À côté de ses grands voisins, la France et la Grande-Bretagne, la Belgique est un État bien jeune : à peine cent quatre-vingts ans d’existence ! Pendant plusieurs siècles, elle n’a été que l’une des nombreuses provinces – les Pays-Bas catholiques administrés par les Habsbourg d’Autriche – qui composent le vaste empire constitué par Charles Quint. À la suite des victoires françaises de Jemmapes (1792) et de Fleurus (1794), les armées révolutionnaires l’occupent pendant vingt-trois ans. Elle est alors divisée en neuf départements, et l’administration napoléonienne y favorise un remarquable développement économique. Napoléon Ier y accomplit une profonde réforme juridique, et la Belgique moderne lui doit encore l’essentiel de son code civil.

En 1815, le congrès de Vienne réunit les Pays-Bas du Sud et les Pays-Bas du Nord sous l’autorité de Guillaume Ier d’Orange : il s’agit de créer un puissant État tampon pour contenir la France. En 1830, le courant révolutionnaire, né en France avec les Trois Glorieuses, se propage rapidement en Europe. Il coïncide avec l’émergence forte du principe des nationalités. Le 23 septembre, les Pays-Bas du Sud s’insurgent contre Guillaume d’Orange, et la Belgique conquiert ainsi son indépendance. Soutenue par la France et l’Angleterre, cette indépendance remet en cause l’équilibre européen. À la conférence de Londres (1830-1831), l’Autriche, la Prusse, la Russie, la France et l’Angleterre imposent au nouvel État une neutralité perpétuelle qu’elles garantissent. Le choix des Belges du duc de Nemours, fils de Louis-Philippe, comme souverain, est rejeté au profit d’un prince germano-britannique, Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha. Les limites territoriales du nouvel État sont fixées par le traité des XXIV articles auquel la Belgique souscrit le 15 novembre 1831. Définitivement affranchie de la tutelle néerlandaise, elle peut enfin mettre en place ses institutions et voler de ses propres ailes.

Portraitiste officiel des grandes cours d’Europe, Franz-Xaver Winterhalter (1806-1873) a représenté le « roi citoyen » en uniforme de lieutenant général, vêtu d’une redingote noire ornée d’un double rang de feuilles de chêne et d’un pantalon écarlate à double bande en galon d’or. Il porte au côté une épée à poignée, gland et ornements de fourreau en or. Le cordon rouge de la Légion d’honneur barre son épaule droite. Il arbore sur la poitrine les insignes de la Légion d’honneur et de l’ordre de Léopold Ier de Belgique. Sa main droite repose sur la charte de 1814 rénovée, garant constitutionnel de l’accord passé entre Louis-Philippe et les Français. Winterhalter a cherché à transcrire la personnalité complexe d’un souverain dans la dignité de sa fonction : la silhouette royale se détachant sur un ciel tourmenté symbolise la solitude du monarque face à ses responsabilités. Largement diffusé, ce portrait du roi a fait l’objet de nombreuses répliques.

Élève de Gros et de Girodet, le peintre belge Henri Decaisne (1799-1852) était très apprécié par Louis-Philippe, qui lui passa d’importantes commandes pour le Musée historique de Versailles, dont ce portrait de Léopold Ier, roi des Belges. En choisissant un artiste né à Bruxelles, le roi des Français rend un puissant hommage à la jeune nation belge et à son roi, par ailleurs son gendre depuis le 8 août 1832. L’artiste a représenté Léopold Ier debout au pied de l’estrade sur laquelle trône le symbole de sa fonction, faisant sans doute allusion aux difficultés politiques rencontrées par Léopold pour conforter son pouvoir.

C’est également Louis-Philippe qui, le 10 juillet 1833, commande à Joseph-Désiré Court (1797-1865) un tableau représentant le mariage de sa fille, la princesse Louise d’Orléans, avec Léopold Ier, roi des Belges, dans la chapelle du château de Compiègne. C’est un tableau officiel, presque photographique, de la cérémonie catholique. Les mariés sont au centre de la toile ; sur la gauche, les témoins français et le clergé ; sur la droite, debout en retrait des époux, le roi Louis-Philippe et les témoins belges, tandis que la reine Marie-Amélie et trois autres princesses sont agenouillées ; derrière elles, un groupe d’invités, dominé par la haute silhouette du ministre des Affaires étrangères, le comte Sebastiani de La Porta. Les invités se sont massés en nombre dans les tribunes pour assister à la cérémonie.

En 1832, l’idée d’une alliance entre les monarchies belge et française semble peu à peu s’imposer. Léopold Ier et Louis-Philippe tiennent tous deux leur pouvoir d’une révolution nationale, et leurs positions respectives restent fragiles, à l’intérieur comme à l’extérieur. Souverain des Pays-Bas, Guillaume d’Orange n’accepte pas l’indépendance belge : en août 1831, il lance une offensive contre la jeune nation, et la France soutient militairement la Belgique lors de la campagne des Dix Jours. Veuf en premières noces de Charlotte, héritière du trône d’Angleterre, qu’il avait épousée en 1816, Léopold a rompu son mariage morganatique avec l’actrice Karoline Bauer : pour assurer l’avenir de sa dynastie, le roi des Belges doit se remarier et brigue une alliance royale. De son côté, la monarchie de Juillet doit s’imposer sur la scène internationale en concluant des alliances diplomatiques qui conforteraient sa position en Europe.

C’est dans ce contexte que s’engagent des négociations entre la France et la Belgique, en vue d’une union entre Léopold Ier et la princesse Louise d’Orléans, fille aînée de Louis-Philippe. Les tractations entre les deux souverains vont cependant durer plusieurs mois. L’établissement du contrat de mariage fait l’objet d’âpres discussions, ainsi que les aspects religieux de l’union. Louis-Philippe doit négocier avec le pape Grégoire XVI les conditions d’un mariage mixte. De confession luthérienne, Léopold accepte que ses enfants à naître soient élevés dans la religion catholique, « cela sera un lien de plus avec le peuple belge » (in Théodore Juste, Léopold Ier, Roi des Belges : d’après des documents inédits, 1868). En raison de l’épidémie de choléra qui sévit à Paris, la cérémonie est finalement célébrée le 9 août 1832, dans la chapelle royale du château de Compiègne.

Loin d’être un événement anecdotique, ce mariage est un acte politique et diplomatique de première importance. Léopold Ier et la reine Louise, qui furent des souverains estimés et populaires, sont les fondateurs de l’actuelle dynastie belge. Ce n’est qu’en 1839, après de violents combats avec les Pays-Bas, que l’indépendance belge fut définitivement acquise. Nul mieux que Léopold ne prit au sérieux son rôle de monarque constitutionnel. Resté prudemment neutre lors des révolutions européennes de 1848, il fut sans conteste un souverain des plus avisés.

Belgique, Peuples et Horizons, Larousse, Paris, Larousse, 1993.

Louise et Léopold, le mariage du premier roi des Belges à Compiègne, Catalogue de l’exposition, Paris, Rmn, 2007.

Georges-Henri DUMONT, La dynastie belge, Paris, Fayard, 1994.

Madeleine LASSERE, Louise, reine des Belges (1812-1850), Paris, Perrin, 2006.

Aloïs SIMON, Léopold Ier, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1963

Alain GALOIN, « La Monarchie de Juillet et la Belgique », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/monarchie-juillet-belgique

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