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Jean-Jacques Rousseau herborisant.

Jean-Jacques Rousseau herborisant.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778).

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778).

Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau

Jean-Jacques Rousseau herborisant.

Jean-Jacques Rousseau herborisant.

Date représentée :

H. : 0

L. : 0

Aquarelle, estampe coloriée

© Photo RMN - Grand Palais - Bulloz

http://www.photo.rmn.fr

09-513202

Jean-Jacques Rousseau

Date de publication : Janvier 2013

Auteur : Myriam DENIEL TERNANT

Ermenonville, le calme après la tempête

Fin mai 1778, à l’invitation du marquis de Girardin, Rousseau et son épouse Thérèse quittent leur modeste appartement de la rue Plâtrière à Paris pour le domaine d’Ermenonville, à dix lieues au nord de la capitale, aménagé au goût de Jean-Jacques. Le parc, entre nature et décor architecturé, s’inspire de l’œuvre de Rousseau : lac, table des mères, autel de la rêverie, banc de Julie… Tout renvoie aux œuvres de Jean-Jacques, et tout y invite à la promenade, aux joies simples des leçons de musique données aux enfants du marquis.

Un précédent dessin de l’Alsacien George-Fréféric Meyer, ou Mayer, datant de 1778, le montre d’ailleurs doté d’un bâton et d’un bouquet, tenant par la main un petit garçon, en compagnie du couple Girardin. L’endroit constitue un havre de paix en cette fin de vie tardivement apaisée, après le déchaînement des passions suscitées par sa rivalité avec Voltaire et surtout l’Émile ou De l’éducation. Le parlement comme l’archevêque de Paris avaient en effet condamné l’ouvrage, poussant son auteur à un double exil à Genève puis à Londres.

Ermenonville, le calme après la tempête

Fin mai 1778, à l’invitation du marquis de Girardin, Rousseau et son épouse Thérèse quittent leur modeste appartement de la rue Plâtrière à Paris pour le domaine d’Ermenonville, à dix lieues au nord de la capitale, aménagé au goût de Jean-Jacques. Le parc, entre nature et décor architecturé, s’inspire de l’œuvre de Rousseau : lac, table des mères, autel de la rêverie, banc de Julie… Tout renvoie aux œuvres de Jean-Jacques, et tout y invite à la promenade, aux joies simples des leçons de musique données aux enfants du marquis.

Un précédent dessin de l’Alsacien George-Fréféric Meyer, ou Mayer, datant de 1778, le montre d’ailleurs doté d’un bâton et d’un bouquet, tenant par la main un petit garçon, en compagnie du couple Girardin. L’endroit constitue un havre de paix en cette fin de vie tardivement apaisée, après le déchaînement des passions suscitées par sa rivalité avec Voltaire et surtout l’Émile ou De l’éducation. Le parlement comme l’archevêque de Paris avaient en effet condamné l’ouvrage, poussant son auteur à un double exil à Genève puis à Londres.

« Ici repose l’homme de la nature et de la vérité »

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, on ne dissocie pas le jugement sur l’œuvre du jugement sur le modèle. Dès lors, réaliser un portrait revient à cerner une personnalité, un tempérament, un moment. Or, Rousseau succombe d’une apoplexie le 2 juillet 1778, et Mayer le suit de près, puisqu’il s’éteint en 1779. Le dessin qui sert de support à l’estampe a donc été réalisé dans un temps très court, selon toute logique après la mort du philosophe. La peinture, quant à elle, date vraisemblablement des années suivantes. L’atmosphère paisible de l’image traduit dès lors l’implicite d’une mort imminente et bienvenue dans cet éden naturel, précurseur des paysages romantiques.

L’image évoque les dernières œuvres de Rousseau, entre Rêveries et Confessions. Comme pour achever le cycle d’une vie, le bouquet de pervenches fait ressurgir le bonheur fugace de cette découverte florale avec Mme de Warens aux Charmettes, de sa redécouverte avec M. de Peyrou à Cressier, décrite avec une tendre nostalgie dans les Confessions publiées en 1782. Ainsi le botaniste amateur semble-t-il adresser ces fleurs à lui-même, les élevant vers le bosquet de peupliers où il est enterré et qui devient très vite un lieu de célébration posthume. D’un prix modique, accessible à tous, l’estampe elle-même incarne ce rousseauisme populaire en pleine expansion.

 

Monique et Bernard COTTRET, Jean-Jacques Rousseau en son temps, Paris, Perrin, 2005, coll. « Tempus », 2011.

Maurice DAUMAS, Images et sociétés dans l’Europe moderne, XVe-XVIIIe siècle, Paris, A. Colin, 2000.

Catalogue de l’exposition C’est la faute à Rousseau : Révolution, Romantisme, République : l’image de Jean-Jacques Rousseau, Chambéry, Musée savoisien, 1er décembre 1989-18 février 1990, Genève, musée d’Art et d’Histoire, 1er mars-29 décembre 1990, Chambéry-Genève, Musée savoisien-Musée d’Art et d’Histoire, 1989. 

Myriam DENIEL TERNANT, « Jean-Jacques Rousseau », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/jean-jacques-rousseau

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