Aller au contenu principal
Portrait de Stendhal

Portrait de Stendhal

Marie-Henri Beyle, dit Stendhal (1783-1842)

Marie-Henri Beyle, dit Stendhal (1783-1842)

Portrait de Stendhal

Portrait de Stendhal

Auteur : LEHMANN Henri

Lieu de conservation : musée Stendhal (Grenoble)
site web

Date de création : 1841

Date représentée :

H. : 26 cm

L. : 23 cm

Crayon

Domaine : Dessins

© Musée Stendhal - Grenoble - France

Lien vers l'institution

MSt.836

Stendhal

Date de publication : Octobre 2003

Auteur : Emmanuelle GAILLARD

Stendhal, de son vrai nom Henri Beyle, naît à Grenoble en 1783 dans une famille conservatrice. Confié à la mort de sa mère aux bons soins de l’abbé Raillane, précepteur qu’il déteste, il conçoit dès l’enfance une haine farouche de la religion et de la monarchie, révolte qui fera de lui un libre penseur. En 1800, il s’engage dans l’armée de Napoléon et entame une carrière qui le mène ensuite jusqu’au Conseil d’État, où il parvient en 1810 aux fonctions d’Auditeur puis Inspecteur du mobilier et des bâtiments de la Couronne. La chute de l’Empire met un terme à ses hautes fonctions : libéré de toute obligation, il part s’installer à Milan qu’il déclare être sa patrie d’élection. C’est alors qu’il fait tout à la fois ses débuts dans la littérature (Vies de Haydn, Mozart et Métastase, 1815, Histoire de la peinture en Italie, 1817) – signant pour la première fois du pseudonyme « de Stendhal » son essai Rome, Naples et Florence en 1817 – et les premiers pas dans une vie amoureuse tumultueuse. De retour dans les salons parisiens en 1821, il livre l’année suivante une « analyse » scientifique, De l’amour, dans laquelle il explicite son fameux concept de la « cristallisation » : l’être aimé, « comme un rameau effeuillé par l’hiver » se pare « d’une infinité de diamants mobiles et éblouissants ». Après s’être engagé dans la bataille romantique avec son Racine et Shakespeare (1823-1825), où il prend le parti du dramaturge anglais, Stendhal publie enfin son premier chef-d'œuvre en 1830, Le Rouge et le Noir, roman qui à l’époque n’eût pas de retentissement.

C’est à l’hiver 1839-1840 que le peintre suédois J. O. Sodermark exécute le portrait de Stendhal. Consul de France à Civitavecchia depuis 1831, l’écrivain a publié en avril son second grand roman, écrit, ou plutôt dicté, en l’espace de deux mois, La Chartreuse de Parme. Etudiée en plan rapproché, l’image ne laisse pas à l’œil le loisir de s’attarder sur les détails du décor comme dans les portraits contemporains d’Ingres. A peine devine-t-on le dossier sculpté et doré d’un fauteuil, tandis que le fond du tableau se couvre d’un brun uni. Vêtu du sombre costume officiel de consul qu’éclaire à peine le col de la chemise, Stendhal fixe le spectateur avec la même acuité, le même regard lucide et sans complaisance qu’il porte sur ses contemporains et sur lui-même. Influencé par les théories idéologues de Destutt de Tracy (1), l’écrivain considère aussi ses personnages par le biais de l’analyse rigoureuse, quasi scientifique, évitant les débordements de l’imagination. S’imprégnant, pour son travail d’écriture, de la lecture quotidienne du Code civil, il dit : « Je n’ai qu’un moyen d’empêcher mon imagination de me jouer des tours, c’est de marcher droit à l’objet. […] Je fais tous mes efforts pour être sec. Je tremble de n’avoir écrit qu’un soupir, quand je crois avoir noté une vérité » (2). A peine plus tardif, le portrait de Lehmann révèle un Stendhal plus familier, presque débonnaire, mais plus fatigué aussi. Frappé d’apoplexie le 15 mars 1841, Stendhal, affaibli, n’a plus cette présence imposante et impénétrable qui l’aurait presque fait passer pour un homme de loi dans le tableau de Sodermark. Le plan s’est élargi et la posture est celle d’un homme qui, comme il le dit lui-même « s’est colleté avec le néant ».

Dans ses Essais de critique et d’histoire (1866), Hippolyte Taine (3) consacre un article à Stendhal dont il fut le défenseur farouche. Son « analyse » du caractère de Julien Sorel (4) pourrait se confondre avec celle de son créateur : « Il a pour ressort un orgueil excessif, passionné, ombrageux, sans cesse blessé, irrité contre les autres, implacable à lui-même, et une imagination attentive et ardente, c’est-à-dire la faculté de produire au choc du moindre événement des idées en foule et de s’y absorber. De là une concentration habituelle, un retour perpétuel sur soi-même, une attention incessamment repliée et occupée à s’interroger, à s’examiner, à se bâtir un modèle idéal auquel il se compare, et d’après lequel il se juge et se conduit ».

Georges BLIN, Stendhal et les problèmes du roman, Paris, Corti, 1953.

Michel CROUZET, Stendhal ou Monsieur moi-même, Paris, Flammarion, 1990.

Jean GOLDZINK, Stendhal, l’Italie au coeur, Paris, Gallimard, coll. «  Découvertes », 1992.

1 - Antoine Destutt de Tracy (1754-1836) : philosophe français, il est l'auteur de L'Idéologie. Il développe une philosophe sensualiste.

2 - Vie de Henry Brulard : oeuvre autobiographique inachevée de Stendhal

3 - Hippolyte Taine (1828-1893) : historien et philisophe français, sa pensée, inspirée par le positivisme,  a marqué le XIXe siècle.

4 - Julien Sorel : héros principal du roman Le Rouge et le noir

Romantisme : Le mot est introduit dans la langue française par Rousseau à la fin du XVIIIe siècle. Il désigne par la suite un élan culturel qui traverse la littérature européenne au début du XIXe siècle, puis tous les arts. Rompant avec les règles classiques, la génération romantique explore toutes les émotions données par de nouveaux sujets, en privilégiant souvent la couleur et le mouvement.

Emmanuelle GAILLARD, « Stendhal », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/stendhal

Découvrez Stendhal, Les Essentiels Littérature, BNF, Gallica

Anonyme (non vérifié)

Bonjour,
La bibliographie accompagnant les 2 portraits de Stendhal concernent André Malraux. Merci de corriger cette erreur,
Très cordialement,

dim 06/01/2019 - 16:52 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Hugo en exil

Hugo en exil

Le proscrit

Dramaturge, romancier, poète, Victor Hugo est devenu un monstre sacré de la littérature française. Au cours du XIXe siècle…

Hugo en exil
Hugo en exil
Hugo en exil
Stendhal

Stendhal

Stendhal, de son vrai nom Henri Beyle, naît à Grenoble en 1783 dans une famille conservatrice. Confié à la mort de sa mère aux bons soins de l’…

Stendhal
Stendhal
André Gide

André Gide

Dans l’effervescence qui a caractérisé la vie littéraire à la Belle Époque, un jeune écrivain, André Gide (1869-1951), attira l’attention avec la…

Quatre affiches de lancement de romans-feuilletons

Quatre affiches de lancement de romans-feuilletons

A la Belle Epoque, « âge d’or » de la presse française, les quotidiens, régionaux ou nationaux, se comptent par centaines. Les « quatre grands »,…

Quatre affiches de lancement de romans-feuilletons
Quatre affiches de lancement de romans-feuilletons
Quatre affiches de lancement de romans-feuilletons
Quatre affiches de lancement de romans-feuilletons
Charlemagne

Charlemagne

La renaissance carolingienne

Quand, en 768, Charles le Grand reprend la couronne de son père de Pépin le Bref, il confirme le passage des…

Charlemagne
Charlemagne
Stéphane Mallarmé

Stéphane Mallarmé

Partagé entre sa vocation de poète et son métier de professeur d’anglais, Stéphane Mallarmé a beaucoup fréquenté les salons parisiens, hauts lieux…

Stéphane Mallarmé
Stéphane Mallarmé
Le conte : entre oralité et écriture

Le conte : entre oralité et écriture

La place du conte au XIXe siècle

L’engouement pour le conte, au XVIIe siècle, correspond à l’intérêt porté à la culture…

Le conte : entre oralité et écriture
Le conte : entre oralité et écriture
L’Argent de Zola

L’Argent de Zola

La finance a pignon sur rue

Le XIXe siècle est pour la France celui de la révolution industrielle, dont une des composantes est le…

L'enfance maltraitée

L'enfance maltraitée

Comme Hector Malot, Eugène Sue ou Alphonse Daudet, Victor Hugo s’est beaucoup préoccupé, dans ses romans qui se fondent souvent sur des faits-…

La mort de Roland

La mort de Roland

Le mythe de Roncevaux

Seul épisode fameux du règne de Charlemagne qui n’implique pas directement le futur empereur d’Occident, la mort tragique de…