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Intérieur du cabinet du comte de Nieuwerkerke, Directeur général des Musées impériaux, au Louvre

Intérieur du cabinet du comte de Nieuwerkerke, Directeur général des Musées impériaux, au Louvre

Nieuwerkerke dans sa chambre au Louvre

Nieuwerkerke dans sa chambre au Louvre

Intérieur du cabinet du comte de Nieuwerkerke, Directeur général des Musées impériaux, au Louvre

Intérieur du cabinet du comte de Nieuwerkerke, Directeur général des Musées impériaux, au Louvre

Auteur : GIRAUD Charles

Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web

Date de création : 1859

Date représentée : À partir de 1858

H. : 85 cm

L. : 108 cm

Huile sur toile.

Le cabinet est au premier étage de l'aile nord de la Cour carrée.

Oeuvres représentées : bouclier et casque de Charles IX (MR 426 et MR 427), Nef en lapis-lazuli (MR 262)...

Domaine : Peintures

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Lien vers l'image

RF 1990-4 - 10-514685

L'appartement du comte de Nieuwerkerke au Louvre

Date de publication : mai 2005

Auteur : Alain GALOIN

La carrière politique et administrative du comte Émilien de Nieuwerkerke coïncide exactement avec la période de la IIe République et du Second Empire. Le destin de l’amant de la princesse Mathilde est en effet étroitement lié à celui de la famille impériale.

Dès le 25 décembre 1849, Louis Napoléon Bonaparte, président de la République, le nomme directeur général des Musées nationaux. Le comte de Nieuwerkerke succède ainsi à Philippe-Auguste Jeanron (1809-1877) à la tête de l’équipe de conservateurs qui, sous son impulsion, contribuent au rayonnement des musées français et jettent les fondations de l’actuelle organisation des musées nationaux.

La politique culturelle du Second Empire est extrêmement riche et dynamique ; les musées nationaux bénéficient de moyens importants qui leur permettent un large développement : acquisitions spectaculaires comme, par exemple, l’achat de la collection d’antiques du marquis de Campana en 1861 ; ouverture massive des musées au public ; modernisation et extension d’établissements culturels existants ou création de nouveaux musées comme le musée de Picardie à Amiens.

En 1849, les musées nationaux dépendent du ministère de l’Intérieur. En 1853, ils sont intégrés au ministère d’État et de la Maison de l’empereur au sein duquel ils relèvent de l’Administration des établissements de la couronne. À la faveur de cette réorganisation, Nieuwerkerke est nommé intendant des Beaux-Arts de la Maison de l’empereur le 5 juillet 1853, une fonction à caractère essentiellement honorifique, limitée au rôle de conseiller officieux du souverain en matière artistique.

Le 23 juin 1863, la Direction des beaux-arts est rattachée à la Maison de l’empereur et réunie à la Direction générale des musées impériaux au sein de la surintendance des Beaux-Arts. Le 30 juin, la nomination du comte de Nieuwerkerke au poste de surintendant des Beaux-Arts lui donne une autorité absolue aussi bien sur les musées impériaux que sur les commandes publiques ou sur l’École des beaux-arts, qu’il entreprend de réformer dès 1863.

Néanmoins, c’est le gouvernement formé le 4 janvier 1870 qui crée un véritable ministère des Beaux-Arts dont le portefeuille est confié à l’avocat Maurice Richard. Émilien de Nieuwerkerke conserve le titre et la fonction de surintendant des Musées impériaux jusqu’à sa démission le 5 septembre 1870, au lendemain de la capitulation de Sedan.

Le tableau de Charles Giraud représente le cabinet de travail du comte de Nieuwerkerke dans le second appartement qu’il occupa au Louvre à partir de 1858. Cette vaste pièce de seize mètres de long communique avec l’antichambre par une grande ouverture soutenue par deux colonnes de marbre et encadrée de pilastres. De part et d’autre de cette ouverture, le directeur des Musées impériaux a fait placer l’effigie de marbre de deux de ses plus illustres prédécesseurs : à gauche, le buste de Dominique Vivant Denon (1747-1825) par Joseph-Charles Marin ; à droite, le buste du comte Auguste de Forbin (1777-1841) par Joseph-Marius Ramus. Sur le mur opposé, comme en écho, les portraits officiels de l’empereur Napoléon III et de l’impératrice Eugénie, d’après Winterhalter, encadrent la fenêtre donnant sur la rue de Rivoli. Au centre de la pièce, trônant sur un tapis d’Aubusson, de précieux objets artistement disposés semblent imiter une nature morte du XVIIe siècle. On y reconnaît la nef des collections royales, qui voisine avec un vase canope égyptien et avec des pièces d’armement ayant appartenu au roi Charles IX. Des tableaux de maîtres anciens – Cariani, Titien, Giorgione, Albane, Canaletto, Guardi… –, vraisemblablement sortis des réserves du musée du Louvre, ornent les murs.

Le luxe ostentatoire de ce cabinet est révélateur de la puissance de ce haut fonctionnaire du régime impérial. Le décor est significatif d’une époque dominée par l’éclectisme du goût : des œuvres contemporaines – comme la statue de Psyché essayant sur son doigt une des flèches de l’Amour, par Célestin-Anatole Calmels – voisinent avec des œuvres de la Renaissance ou de la plus haute Antiquité.

Le tableau de Charles Giraud Nieuwerkerke dans sa chambre au Louvre appartient aujourd’hui aux collections de la Fondation Casa de Alba, au palais de Liria, à Madrid. Le musée national du Château de Compiègne en possède cette photographie ancienne, réalisée au XIXe siècle par un opérateur anonyme.

Bien que vaste et monumentale, cette pièce est plus sobre et plus dépouillée que le cabinet du directeur des Musées impériaux. Encadré par deux commodes du XVIIIe siècle, le lit à baldaquin est placé dans une alcôve qui occupe le fond de la chambre. Un trophée d’armes orne le mur de droite, au-dessus d’une table couverte d’un tapis. Un guéridon rond trône au centre de la pièce. Des livres sont négligemment posés sur le sol. Le comte de Nieuwerkerke est vu de dos, assis dans une bergère capitonnée. Il lit le journal devant une cheminée surmontée d’un grand miroir.

Il s’agit ici d’une pièce à caractère privé, où ne pénètrent sans doute pas ses nombreux invités des « vendredis du Louvre ». À gauche, un petit chien dresse la tête hors de son panier. Il ressemble fort à l’un des carlins de la princesse Mathilde, la seule personne à être admise dans l’intimité de la chambre du comte.

Gestionnaire des musées nationaux, puis impériaux, du 25 décembre 1849 au 5 septembre 1870, le comte Émilien de Nieuwerkerke disposait au Louvre d’un logement de fonction où il s’installa dès le lendemain de sa nomination.

De 1849 à 1857, il occupa un appartement situé à l’emplacement de l’escalier Daru, près du salon Carré. Le tableau de François-Auguste Biard Une soirée au Louvre chez le comte de Nieuwerkerke a pour cadre le luxueux salon de cette première résidence.

En 1857, les réaménagements du Louvre entrepris par l’architecte Hector Lefuel (1810-1880) amenèrent le comte de Nieuwerkerke à s’installer au premier étage de l’aile Marengo, entre la cour Carrée et la rue de Rivoli. Les travaux obligèrent le directeur à renoncer momentanément à ses soirées du vendredi. Elles reprirent le 22 janvier 1858, dans ce nouvel appartement dont le luxe et la taille n’avaient rien à envier à l’ancien, comme Horace de Viel-Castel, conservateur du musée des Souverains depuis 1852, le remarque aigrement le 19 juin 1857 : « L’appartement que Nieuwerkerke se fait faire au Louvre prend dix-sept pièces du premier étage. Lefuel ne sait plus comment s’en tirer ; depuis le jour où cet appartement a été décrété, les exigences de Nieuwerkerke ont été chaque jour s’accroissant. Il ne demandait d’abord qu’un bon logement de garçon ; aujourd’hui il est arrivé à l’appartement complet, salons, chambres, cabinet, salle à manger, salle de bains, etc., etc. Quant aux conservateurs, il est parfaitement inutile qu’ils soient logés ; il est même inutile qu’ils occupent un cabinet décent, des espèces de grenier leur suffisent. Cependant Nieuwerkerke ne dîne ni ne déjeune au Louvre, il passe la moitié de l’année à la campagne et il est plus occupé des choses extérieures que de celles du musée. Il vise au Sénat et lorsqu’il y sera parvenu il s’occupera moins encore du musée. »

Certes, le comte de Nieuwerkerke aimait le faste. Il n’était pas dénué d’ambitions personnelles : il sera nommé sénateur le 5 octobre 1864. Il sut néanmoins concilier ses activités d’artiste et de collectionneur avec ses responsabilités d’administrateur compétent des musées impériaux.

Christiane AULANIER, Histoire du palais et du musée du Louvre, tome IV « Le nouveau Louvre de Napoléon III », Paris, RMN, 1953.

Geneviève BRESC-BAUTIER, Musée du Louvre. Nouvelles acquisitions du Département des peintures (1987-1990), Paris, RMN, 1991.

Philippe CHENNEVIERES, Souvenirs d’un directeur des Beaux-Arts, Paris, Athena, réédition 1979.

Fernande GOLDSCHMIDT, Nieuwerkerke, le bel Émilien.Prestigieux directeur du Louvre sous Napoléon III, Paris, Art International Publishers, 1997.

Jean TULARD (dir.), Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995.

Le Comte de Nieuwerkerke. Art et pouvoir sous Napoléon III, catalogue de l’exposition du musée national du Château de Compiègne, Paris, RMN, 2000.

La Revue du Louvre, 1990, n° 4, p.310-311.

Alain GALOIN, « L'appartement du comte de Nieuwerkerke au Louvre », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/appartement-comte-nieuwerkerke-louvre

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