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Visite du Tsar Nicolas II en France, octobre 1896.

Visite du Tsar Nicolas II en France, octobre 1896.

Pose de la première pierre du Pont Alexandre III à Paris.

Pose de la première pierre du Pont Alexandre III à Paris.

Visite officielle des souverains russes en France en 1901.

Visite officielle des souverains russes en France en 1901.

Visite du Tsar Nicolas II en France, octobre 1896.

Visite du Tsar Nicolas II en France, octobre 1896.

Date représentée : octobre 1896

H. : 24 cm

L. : 24 cm

Gravure en couleur.

Domaine : Estampes-Gravures

© Photo RMN - Grand Palais - El Meliani

http://www.photo.rmn.fr

75-000452 / invgravures2297

Les relations diplomatiques franco-russes à la fin du XIXe siècle

Date de publication : Juin 2006

Auteur : Alexandre SUMPF

L’alliance franco-russe, un succès de la diplomatie républicaine

Dans le dernier tiers du XIXe siècle, humiliée par la défaite de Sedan en 1870, mais devenue république, la France se tourne progressivement vers l’expansion coloniale – poussée en cela par Bismarck lui-même. Entre-temps, l’Allemagne prussienne noue de solides alliances diplomatiques et militaires avec l’Autriche-Hongrie, puis avec l’Italie : la Triple Alliance est scellée en 1882. Surtout, l’Allemagne tire un bien meilleur parti de l’intensification des progrès industriels des années 1880. Elle parvient ainsi à dépasser la France sur le plan économique et menace la position dominante de la Grande-Bretagne, tant du point de vue industriel que dans le domaine commercial.

Traditionnellement, la Russie, empire autocratique dirigé par la famille Romanov, est tournée vers la Prusse, son modèle économique. Cependant, tout aussi traditionnellement, les empires russe et prussien se disputent une vaste zone d’influence en Europe orientale, où peuples slaves et germaniques s’entremêlent mais ne s’apprécient guère. La fin des années 1880, période de crise économique, voit la Russie du tsar Alexandre III et la République française se rapprocher. Malgré la dimension politiquement contre-nature de cette alliance qui réunit un régime autocratique et une démocratie républicaine, les deux pays signent une convention militaire en 1892, finalement ratifiée en 1894. En 1896, Nicolas II succède à son père, dont il poursuit et amplifie la politique internationale.

Les visites officielles du tsar Nicolas II en France

La gravure représentant la visite de 1896 frappe par sa composition complexe, qui laisse en blanc un grand rectangle au centre. S’agit-il d’un cartouche destiné à recevoir un commentaire émanant du journal qui a publié cette image ? La disposition en diagonale est originale et met en valeur la vignette où le tsar Nicolas II, la tsarine et le président de la République Félix Faure sont figurés dans une sorte de loge royale sous un dais de soie et de velours surmonté de l’héraldique propre à chacune des deux nations. Le texte associe sans hésiter les initiales RF (« République française ») et l’alliance entre Russie et France. Les autres vignettes illustrent les moments marquants de la visite du tsar en France : son débarquement à Cherbourg, à gauche, accompagné par les fleurons de la marine de guerre française ; à droite, le cortège triomphal sur les Champs-Élysées, à Paris ; en bas, la revue militaire au camp de Châlons. Dans chacune, on retrouve les mêmes drapeaux, les troupes, la foule compacte.

Alfred Roll, peintre naturaliste un temps proche de Zola, a logiquement placé le tsar Nicolas II, la tsarine Alexandra Fedorovna et le président de la République Faure, aisément reconnaissables, sur la forte diagonale qui traverse sa toile. Entre le costume noir des officiels, les tentures rouges de ce nouveau « camp du Drap d’or » et la blancheur des jeunes filles officiant ici, telles des vestales de la nouvelle alliance, le contraste est saisissant. À l’arrière-plan, on distingue quelques arbres qui permettent de situer vaguement la scène, ainsi qu’une grue qui symbolise les travaux à venir. La pose de la première pierre, on le comprend bien, n’est qu’un prétexte à la rencontre entre les deux nations, représentées par leurs drapeaux flottant au vent. Alors que la scène a lieu en octobre à Paris, les tons et la dynamique générale connotent plutôt le printemps. Celui d’une puissance diplomatique retrouvée ?

À l’opposé, la toile peinte par Albert-Pierre Dawant, qui représente la visite du tsar en 1901, est sobre, tant du point de vue des coloris que sur le plan de la composition. Le peintre met toutefois l’accent sur l’aspect concret de l’alliance en laissant apparaître largement la terre, marquée de traces de chariots. Le tiers central de la toile, enfin, est le terrain d’expression de la nature réelle de l’alliance, avant tout militaire : l’impératrice, qui se détache entre ciel et terre, est la seule femme représentée. Les hommes, pour la plupart, sont des officiers – à commencer par le tsar lui-même, bardé de médailles. Au premier plan à gauche, devant la calèche, conduite par un militaire français, des spahis algériens ; derrière la calèche un officier cosaque.

Les ors de la République au service de la nation en danger

La gravure et les deux toiles exposent la continuité de la politique d’alliance menée par les présidents successifs de la République française. Les visites du tsar Nicolas II en France font l’objet d’une organisation spectaculaire, associée à une campagne d’opinion dans la presse qui explique l’accueil triomphal fait à l’empereur par la population française. Une fois que les tractations secrètes ont abouti, les dirigeants de la nation française n’hésitent pas à renouer avec une politique de fastes digne de l’Ancien Régime, pour afficher la solidité de la nouvelle alliance. Des deux côtés, on multiplie les actes symboliques : le pont Alexandre III, qui enjambe la Seine et associe les armes de Paris et de la Neva, est de ce point de vue tout à fait emblématique. Inauguré en grande pompe en 1900 lors de l’Exposition universelle, sa signification n’échappe à personne. Les profondes différences de nature entre le régime autocratique et la République issue de la Révolution de 1789 sont quant à elles habilement camouflées sous l’aspect essentiellement militaire de l’alliance. L’impérieuse nécessité où se trouve la France de rompre son isolement diplomatique coïncide avec les importants besoins en capitaux de l’État russe. De 1888 à 1913, plusieurs emprunts « russes », d’un montant total de 12 milliards de francs-or, sont émis à destination des épargnants français avec la bénédiction des pouvoirs publics, qui multiplient les incitations auprès des épargnants. Entre 1899 et 1905, pourtant, le ton a changé : la diplomatie, agrémentée de jeunes filles, a laissé place à la préparation de la guerre, une affaire d’hommes.

Un tsar à Compiègne, catalogue de l’exposition du musée de Compiègne, 29 septembre 2001-14 janvier 2002, Paris, RMN, 2001.René GIRAULT, Emprunts russes et investissements français en Russie, 1887-1914, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1999.Jean-Marie MAYEUR, Les Débuts de la IIIe République, 1871-1898, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1973.Pierre RENOUVIN, Histoire des relations internationales, tome VI « 1871-1914 », Paris, Hachette, 1955.

Alexandre SUMPF, « Les relations diplomatiques franco-russes à la fin du XIXe siècle », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/relations-diplomatiques-franco-russes-fin-xixe-siecle

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