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L'Appel.

L'Appel.

La Barricade, Commune de Paris, mai 1871.

La Barricade, Commune de Paris, mai 1871.

L'Appel.

L'Appel.

Date de création : 1907

Date représentée : mai 1871

H. : 99 cm

L. : 146 cm

huile sur toile

Domaine : Peintures

© Saint-Denis, musée d'art et d'histoire - I. Andréani

Lien vers l'institution

93.03.01

Commune : le peuple en arme

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Bertrand TILLIER

La Commune et le peuple de Paris en armes

La Commune n’a pas disposé d’armée au sens strict. Ses rangs étaient composés d’une part de gardes nationaux, qui prirent le nom de fédérés quand se constitua la Fédération de la garde nationale, et, d’autre part, surtout dans les derniers jours de mai, d’hommes du peuple désireux de défendre la République de Paris. Dans les deux cas, fédérés et communards étaient des volontaires non formés à la guerre.

Créée en 1789 et organisée en 1791, la garde nationale traversa le XIXe siècle des révolutions et des régimes autoritaires, avec quelques éclipses, pour finalement renaître au moment de la déclaration de guerre de la France à la Prusse. Composée de civils âgés de 25 à 30 ans, organisée en bataillons issus des quartiers à prédominance ouvrière et artisanale, la garde nationale se politisa peu à peu durant le siège pour devenir l’armée de la Commune au moment du 18 mars 1871.

Cette « armée » fut une force révolutionnaire plus efficace d’un point de vue politique que militaire. D’autant que ces 40 000 hommes – dont on estima longtemps le nombre à près de 200 000 –, indisciplinés et peu formés aux habitudes martiales, furent rapidement démotivés. Bernard Noël résume avec justesse : « Ils abandonnèrent peu à peu le rôle actif, demeurèrent pour ainsi dire spectateurs de la lutte, touchant les rations, la solde, mais restant chez eux quand ils recevaient un ordre de service, demeurant sourds aux appels, laissant battre le rappel sans y répondre » (Dictionnaire de la Commune, 1971). Si bien que durant la « Semaine sanglante », seuls 2 000 ou 3 000 fédérés étaient encore actifs, souvent aidés par des civils descendus dans la rue pour tenir une position, derrière une barricade. Les anticommunards, qui brocardèrent souvent le goût immodéré des communards pour les uniformes de parade, ne se privèrent pas de railler la disparité vestimentaire de leurs adversaires.

La mobilisation des hommes

Bien que trop jeune pour se souvenir des événements de 1870-1871, André Devambez (1867-1943) s’est attaché à les représenter dans deux œuvres. L’Appel montre un alignement de gardes nationaux dans une rue de Paris, et L’Attente représente des hommes attendant le coup de feu derrière une barricade. Il faut souligner les similitudes et les complémentarités des deux tableaux : la présence du peuple en armes prêt au combat et la rue défoncée de L’Appel, dont les pavés sont entassés en barricade dans L’Attente.

Devambez reconstruit une vision de la Commune fondée sur les récits de son père et sur les témoignages recueillis par ses soins au début du XXe siècle, à l’hospice de l’hôpital Bicêtre, auprès de vieux moblots.

En 1910, un journaliste visitant l’atelier du peintre écrivait dans Fantasio : « […] les pavés s’amoncellent que surplombent des sacs de sable. Puis, sur ces pavés traînent çà et là une vue de canon, un vieux fusil, des vieux papiers et trois cadavres, ce sont de braves mannequins […]. »

Élaborés avec le souci de la reconstitution, ces tableaux sont des images proches du mouvement communaliste, inscrivant l’artiste dans une mouvance libertaire.

Postérité de la Commune

Quand elles furent exposées au Salon des artistes français en 1907 et en 1911, ces deux œuvres de Devambez ne passèrent pas inaperçues. La presse les évoqua avec insistance, généralement sans en juger les qualités plastiques et pour en stigmatiser exclusivement le sujet.

À propos de L’Appel, le critique du Journal des Arts (9 février 1907) fut d’une éloquence emblématique : « Il va chercher les suppôts de la Commune, les fédérés débraillés, hideux, et qui péniblement s’alignent sur le trottoir où s’ouvre l’assommoir, l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de leur rêve et de leur lèse-patrie. »

Ces deux œuvres furent reçues avec une virulence qui peut surprendre dans les premières années du XXe siècle : leur réception critique élude le naturalisme de Devambez pour se concentrer sur le stéréotype versaillais du communard déclassé et sanguinaire.

Bernard NOËL, Dictionnaire de la Commune, 2 vol., Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1978.

Bertrand TILLIER, « Commune : le peuple en arme », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/commune-peuple-arme

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