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Manifestation du Front Populaire

Manifestation du Front Populaire

Partisans du Front populaire

Partisans du Front populaire

Front populaire

Front populaire

Manifestation du Front Populaire

Manifestation du Front Populaire

Date de création : 1934

Date représentée : 1934-1935

H. : 36 cm

L. : 24 cm

Série La France 1926-1936. Manifestation des grévistes de l'usine Renault à Montrouge.

Négatif monochrome souple au gélationo-bromure d'argent.

Domaine : Photographies

© RMN-Grand Palais - Gestion droit d'auteur © Ministère de la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Dist. RMN-Grand Palais / André Kertész

Lien vers l'image

72L001004f - 09-583169

Le Front populaire en marche

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Danielle TARTAKOWSKY

Le Front populaire en marche

Le Front populaire en marche

De la violence ouverte à l’affrontement symbolique

En février 1934, Paris renoue avec une violence de rue qu’on croyait disparue. Pendant plusieurs semaines, l’espace public devient le terrain de possibles affrontements entre la droite extraparlementaire et les antifascistes.

La violence va cependant progressivement céder le pas à des affrontements symboliques et à des démonstrations où chacun s’essaie à montrer sa force pour éviter d’avoir à s’en servir. Cette mutation se précipite après la ratification du pacte d’unité d’action antifasciste par les socialistes et les communistes (juillet 1934). Elle trouve son expression la plus forte dans la puissante manifestation du 14 juillet 1935 convoquée à l’appel des trois partis constitutifs du Front populaire, de la CGT et de la CGTU et de dizaines d’associations.

« Les poings dressés des prolétaires »

André Kertész, né à Budapest en 1894, est parisien depuis 1925. Il est un des principaux collaborateurs de Vu, revue créée par Lucien Vogel sur le modèle des magazines photographiques de l’Allemagne de Weimar et tenue pour le premier média d’information photographique moderne. À ce titre, il « couvre » certaines des manifestations qui rythment et structurent la contre-offensive aux événements du 6 février.

Dans ces photographies, les manifestants, pris en contre-plongée, témoignent de cette mixité qui distingue les manifestations du Front populaire de celles de ses adversaires, où la séparation des sexes est rigoureuse. La plupart des femmes portent un chapeau, mais les plus jeunes sont « en cheveux », signe d’émancipation que les opposants au Front populaire tiennent pour l’expression même de la débauche.

Tous dressent le poing, empruntant aux postures importées et acclimatées en France fin 1933, début 1934 par les réfugiés antifascistes allemands. Ici, la théâtralité est assumée : plusieurs manifestants regardent l’objectif et sont à l’évidence conscients du regard porté sur eux.

Dans l’une des photos, le mouvement des lèvres laisse deviner que tous chantent (ou crient) la même chose. Les symboles arborés ne retiennent pas l’attention du photographe. On entrevoit du moins les pans d’un drapeau rouge, un morceau de banderole et une portion de bannière (fréquentes dans les cortèges français). Ou encore un bonnet phrygien et une étoile rouge, qui renvoient aux symboliques républicaine et de classe en passe d’être subsumées pour donner corps à la culture de Front populaire. Un insigne spectaculaire, enfin, arboré par l’une des femmes. La présence furtive de ces symboles rend l’identification de la manifestation incertaine.

Ces photographies sont communément datées de 1934. Il est toutefois hautement probable qu’elles concernent le rassemblement organisé dans la matinée du 14 juillet 1935 au stade Buffalo de Montrouge : les tenues sont estivales et les manifestants, rangés par trois et assez rigoureusement ordonnés en lignes et en colonnes, paraissent synchronisés. Cette façon de défiler est rarissime s’agissant des manifestations de Front populaire, en cela distinctes des ordonnancements géométriques voulus par la droite extraparlementaire. Elle est par contre nécessaire au stade Buffalo où les délégués défilent tour à tour devant leurs pairs sur un praticable qui rend possible la contre-plongée. Cette perspective explique également que le fil électrique bas tendu soit perceptible à l’image.

Une nouvelle image de la manifestation

Certains photographes dont Kertész perçoivent les mutations alors à l’œuvre dans les manifestations de rue. Ils contribuent toutefois puissamment à générer de nouvelles images en imaginant de les représenter sur un mode inédit et participent de l’affirmation de nouvelles représentations de la foule. Il s’agit moins pour eux de signifier le nombre (par des plongées, notamment) ou le message (par les banderoles) que de se focaliser sur des individualités dont les sentiments et parfois la vie privée sont lisibles à l’image.

Si Kertész préfère ici les femmes, certains s’attardent sur la présence d’enfants. Ainsi s’impose l’image d’une force tranquille en marche vers un avenir auquel les diagonales qui structurent les deux photographies donnent le pouvoir de l’aimant.

Philippe BURRIN, Poings levés et bras tendus, la contagion des symboles au temps du Front-populaire, Vingtième siècle, no 11, juillet-septembre 1986, p. 5-20.

André KERTÉSZ, Soixante ans de photographie, Paris, Éditions du Chêne, 1972, réed. 1978.

Sandrine LACHAUMETTE, Masses, foule, peuple dans la presse illustrée française, 1933-1937, in Noëlle GÉROME, Archives sensibles, Éditions de l’ENS de Cachan, 1995.

Danielle TARTAKOWSKY, Les Manifestations de rue en France, 1918-1968, Paris, Publications de la Sorbonne, 1997.

COLLECTIF, André Kertész, catalogue de l’exposition itinérante au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, Paris, « Contrejour », Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, 1977.

Danielle TARTAKOWSKY, « Le Front populaire en marche », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/front-populaire-marche

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