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Rencontre de Napoléon et du pape Pie VII dans la forêt de Fontainebleau, le 25 novembre 1804.

Rencontre de Napoléon et du pape Pie VII dans la forêt de Fontainebleau, le 25 novembre 1804.

L'Empereur va au devant du Pape à Fontainebleau 25 novembre 1804.

L'Empereur va au devant du Pape à Fontainebleau 25 novembre 1804.

Entrevue de Napoléon Ier et de Pie VII en fôret de Fontainebleau.

Entrevue de Napoléon Ier et de Pie VII en fôret de Fontainebleau.

Rencontre de Napoléon et du pape Pie VII dans la forêt de Fontainebleau, le 25 novembre 1804.

Rencontre de Napoléon et du pape Pie VII dans la forêt de Fontainebleau, le 25 novembre 1804.

Date de création : 1808

Date représentée : 25 novembre 1804

H. : 223

L. : 229

Huile sur toile.

© Photo RMN - Grand Palais - Droits réservés

http://www.photo.rmn.fr

93-004645 / INV6438;MV1706

Rencontre de Napoléon et du pape Pie VII, le 25 novembre 1804

Date de publication : Février 2009

Auteur : Alain GALOIN

Le 8 mai 1802, officiellement en gage de reconnaissance nationale pour le retour à la paix, le Sénat avait réélu Napoléon Bonaparte Premier consul pour une période de dix ans. La Constitution de l’an X (4 août 1802) en fait un véritable monarque : consul à vie, Bonaparte peut désigner son successeur. Néanmoins, les complots royalistes – attentat de la rue Saint-Nicaise (24 décembre 1800), complot anglo-royaliste de Cadoudal et Pichegru (mars 1804) – font craindre une restauration de la monarchie. Par ailleurs, Bonaparte est hanté par le souvenir de Charlemagne : comme son « auguste prédécesseur », il souhaite bâtir un empire aux dimensions européennes.

Le 23 avril 1804, le tribun Curée présente au Tribunat une motion conférant le pouvoir impérial héréditaire à Napoléon Bonaparte et à sa famille. Le sénatus-consulte du 28 floréal an XII (18 mai 1804) – dit Constitution de l’an XII – confie le gouvernement de la République à un empereur. « Napoléon Bonaparte, Premier Consul, est Empereur des Français. La dignité impériale est héréditaire. » Le plébiscite de novembre 1804 confère une légitimité nationale à la nouvelle monarchie : la Constitution de l’an XII est approuvée. Napoléon souhaite donner un caractère divin à la dignité impériale.

Le 10 mai 1804, il reçoit le cardinal Caprara et lui exprime son désir d’être sacré par le pape. Le 10 septembre, il invite officiellement le souverain pontife à venir le sacrer à Notre-Dame. Après de longues hésitations, Pie VII finit par accepter. Il espère que sa venue en France lui permettra d’obtenir la modification des Articles organiques, ajoutés unilatéralement par Bonaparte au Concordat de 1801, et la restitution des légations (Bologne, Ferrare, Forlì et Ravenne) perdues au profit de la République romaine. Acclamé tout au long de son parcours à travers la France, le pape arrive à Fontainebleau le 25 novembre 1804. Napoléon se porte à sa rencontre, et, le 28 novembre, Pie VII et l’Empereur font une entrée solennelle dans Paris.

Témoignage de l’importance que l’on accordait alors au rétablissement de la paix religieuse en France, la rencontre du pape Pie VII et de l’empereur Napoléon Ier en forêt de Fontainebleau, le 25 novembre 1804, semble avoir nourri l’inspiration de nombreux peintres, si l’on en juge par les trois œuvres présentées ici.

Né à Bruxelles le 7 mars 1744, Jean-Louis Demarne (1744-1829) arriva très jeune à Paris où il étudia la peinture sous la direction de Briard. À l’origine peintre d’histoire, il ne tarda pas à devenir un chantre de la ruralité. Il renoue ici avec ses premières amours. Le théâtre de la rencontre est le carrefour de l’Obélisque, à l’orée de la forêt de Fontainebleau. Le lieu n’a peut-être pas été choisi au hasard : cet obélisque est la réplique, en plus petit, de celui qui orne la place Saint-Pierre à Rome. L’Empereur est descendu de son cheval blanc et se porte au-devant du pape qui vient de quitter sa voiture.

Grand prix de Rome en 1832, Antoine Placide Gibert (1806-1875) s’est très probablement inspiré de l’œuvre de Jean-Louis Demarne. La composition du tableau est sensiblement la même, mais l’artiste a fait un gros plan sur le pape et l’Empereur.

Né à Bordeaux en 1732, Charles Monnet (1732-après 1808) fut le peintre du roi Louis XVI et excella particulièrement dans le dessin anatomique. Dans sa représentation de la rencontre, le lieu est moins important que les personnages. L’Empereur, suivi de deux officiers, s’avance vers le pape qu’accompagnent trois prélats.

Dans ces trois œuvres, Napoléon Ier, très droit, domine le souverain pontife, humblement incliné devant lui. Il s’agit incontestablement d’une iconographie de propagande qui fait l’apologie du régime impérial.

L’empereur Napoléon Ier fut le seul des napoléonides à être sacré. Il lui fallait affirmer sa légitimité face aux royalistes, d’où la nécessaire présence du pape à la fastueuse cérémonie, immortalisée par le peintre David, qui se déroula à Notre-Dame le 2 décembre 1804, sous les yeux de la cour, des Assemblées, du corps diplomatique et des représentants des « bonnes villes ». Néanmoins, un obstacle inattendu surgit à la dernière minute : le mariage civil de Napoléon avec Joséphine de Beauharnais ; le pape exigeait au préalable une union religieuse. L’Empereur dut céder et accepter la bénédiction nuptiale que célébra le cardinal Fesch, son oncle, la veille du sacre. Pie VII consacra le monarque le lendemain, mais, écrit Benjamin Constant, « bien qu’il eût promis de se conformer aux règles du cérémonial, Napoléon devança le Pape, étonné par son audace, monta à l’autel, s’empara de la couronne et se la posa lui-même sur la tête ». Il couronna ensuite Joséphine. En fait, il ne s’agissait pas d’un acte improvisé, mais d’un protocole arrêté d’avance et longuement discuté avec le souverain pontife. Benjamin Constant était un opposant résolu au régime impérial, et il n’est pas étonnant que le geste de l’Empereur l’ait profondément choqué, comme il choqua d’ailleurs nombre d’observateurs européens. En effet, le 5 janvier 1805, le cardinal Consalvi écrivait à Pie VII qu’on était désolé à Rome que Napoléon eût poussé l’irrespect jusqu’à se couronner lui-même.

Le 30 mars 1805, sur le point de quitter Paris, le pape faisait ses adieux à l’Empereur. Au cours de son séjour, il avait eu la joie de constater le renouveau en France d’un catholicisme apaisé, favorisé par le pouvoir, mais il rentrait à Rome avec un lourd sentiment d’échec : il n’avait obtenu ni la restitution de son pouvoir temporel sur les légations ni l’abrogation des Articles organiques.

Jacques-Olivier BOUDON, Napoléon et les cultes, Paris, Fayard, 2002.

José CABANIS, Le Sacre de Napoléon, Paris, 1970.

Jacques CRETINEAU-JOLY, Mémoires du cardinal Consalvi, secrétaire d’Etat du pape Pie VII (avec une introduction et des notes), Paris, Plon, 1864.

Yves-Marie HILAIRE, Histoire de la Papauté, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 2003.

Jean LEFLON, L’Eglise concordataire et impériale, Maison de la Bonne Presse, Paris, 1947.

Bernardine MELCHIOR-BONNET, Napoléon et le Pape, Le Livre contemporain, Paris, 1958.

Gérard PELLETIER, Rome et la Révolution française. La théologie et la politique du Saint-Siège devant la Révolution française (1789-1799), Collection de l’Ecole française de Rome, 2004.

Jean TULARD, Dictionnaire Napoléon, Fayard, Paris, 1999.

Alain GALOIN, « Rencontre de Napoléon et du pape Pie VII, le 25 novembre 1804 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/rencontre-napoleon-pape-pie-vii-25-novembre-1804

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