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Pie VII refusant de signer le concordat, 25 janvier 1813.

Pie VII refusant de signer le concordat, 25 janvier 1813.

Retour de Pie VII à Rome.

Retour de Pie VII à Rome.

Pie VII refusant de signer le concordat, 25 janvier 1813.

Pie VII refusant de signer le concordat, 25 janvier 1813.

Date représentée : 25 janvier 1813

H. : 18,4

L. : 12,2

Eau-forte.

© Photo RMN - Grand Palais - G. Blot

http://www.photo.rmn.fr

07-529793 / N2352

Le pape Pie VII, prisonnier de l'empereur Napoléon

Date de publication : Février 2009

Auteur : Alain GALOIN

En acceptant de ratifier, le 15 août 1801, le Concordat conclu entre Rome et le gouvernement français, le pape Pie VII s’engage dans la voie d’une relative normalisation des relations entre le Saint-Siège et la République française. Néanmoins, la promulgation des soixante-dix-sept Articles organiques, le 18 avril 1802, tend à faire de l’Église de France une Église nationale, aussi peu dépendante de Rome que possible, et asservie au pouvoir civil. Ces articles stipulent notamment que « les papes ne peuvent déposer les souverains ni délier leurs sujets de leur obligation de fidélité, que les décisions des conciles œcuméniques priment sur les décisions pontificales, que le Pape doit respecter les pratiques nationales, qu’il ne dispose enfin d’aucune infaillibilité. » Ainsi le gallicanisme est-il en partie restauré mais le Saint-Père ne peut accepter la subordination de l’Église de France à l’État.

C’est pour tenter d’obtenir l’abrogation des Articles organiques que le pape accepte de venir sacrer Napoléon Bonaparte empereur des Français à Notre-Dame le 2 décembre 1804, mais il rentre à Rome sans avoir obtenu gain de cause. Par la suite, les relations entre Pie VII et Napoléon Ier ne vont cesser de se dégrader. L’Empereur veut inclure les États pontificaux dans son système continental dirigé contre l’Angleterre : « Votre Sainteté est souveraine de Rome, mais j’en suis l’Empereur ; tous mes ennemis doivent être les Siens », écrit-il au pape le 13 février 1806. Mais le souverain pontife refuse d’adhérer au blocus continental, considérant que sa charge de pasteur universel lui impose la neutralité. La répression impériale ne se fait pas attendre et va crescendo : les États de l’Église sont bientôt réduits au patrimoine de Saint-Pierre (1806-1808) ; Rome est occupée militairement (2 février 1808) ; les États pontificaux sont annexés à l’Empire (17 mai 1809) ; le pape est enlevé par le général Radet dans la nuit du 5 au 6 juillet 1809. Pie VII est d’abord détenu à Savone (1809-1812), puis à Fontainebleau (1812-1814). Napoléon envisage alors de fixer le siège de la papauté en France, à Avignon ou à Paris.

Les deux œuvres proposées appartiennent manifestement au registre de la propagande catholique. Elles mettent en relief l’inflexibilité de Pie VII face aux exigences de l’empereur Napoléon Ier et le triomphe final du souverain pontife.

La première image est une gravure allemande qui représente Pie VII prisonnier de Napoléon au château de Fontainebleau et refusant de signer le Concordat, dit de Fontainebleau, le 25 janvier 1813. Le pape est assis sous un dais, le bras gauche appuyé sur une table qui supporte un Christ en croix, une image religieuse, une écritoire et le texte du Concordat. Devant lui, l’Empereur est debout, en uniforme, coiffé du célèbre bicorne. Il tend le bras gauche vers le Saint-Père, dans une attitude extrêmement impérieuse et autoritaire. Entre les deux souverains, un prélat – peut-être le cardinal Pacca – sert d’intermédiaire. Dans le couloir donnant sur les appartements du pape, un grenadier monte la garde. La vérité historique n’est pas totalement respectée puisque, après plusieurs jours de résistance, Pie VII a précisément accepté de signer le Concordat ce 25 janvier 1813.

La seconde gravure représente le pape Pie VII entrant triomphalement dans Rome le 24 mai 1814. Debout dans sa calèche, le souverain pontife bénit la foule joyeuse qui se presse autour du cortège papal. Au premier plan, un homme et trois femmes sont agenouillés tandis qu’une quatrième femme tient les rênes de l’attelage tiré par un cinquième personnage. À l’arrière-plan, à gauche, se dresse la basilique Saint-Pierre ; à droite, l’île rocheuse perdue au milieu des flots pourrait tout aussi bien symboliser l’île d’Elbe que Sainte-Hélène, l’œuvre étant postérieure à la chute de l’Empire ; elle évoquerait alors la captivité du monarque déchu, marquant ainsi un fort contraste avec la liberté retrouvée du pape. L’irrespect des proportions élémentaires atteste l’origine populaire de cette image.

Prisonnier de Napoléon, dépossédé de ses États, Pie VII répond à la force par la grève de l’institution canonique des évêques nommés par l’Empereur. Il excommunie les « usurpateurs, fauteurs, conseillants, exécutants » de la violation de la souveraineté temporelle du Saint-Siège. De nombreux évêchés se trouvent de facto sans titulaire légitime, ce qui contraint Napoléon à convoquer à Notre-Dame, en 1811, un concile national présidé par son oncle Fesch, archevêque de Lyon. Ledit concile décide qu’après un refus papal de six mois, un évêque pourra obtenir l’investiture canonique du métropolitain ou de l’évêque le plus ancien de la province, mais les pères conciliaires subordonnent l’application des décrets qu’ils ont votés à l’acceptation du pape qui, bien entendu, n’adhère pas aux décisions du concile national.

Le 25 janvier 1813, après six jours de discussion, l’Empereur réussit à extorquer au souverain pontife un nouveau Concordat qui règle la question de l’investiture canonique mais dès le 28 janvier, Pie VII annule sa signature et se rétracte formellement dans une note en date du 24 mars 1813. Un malaise profond gagne le clergé français et les fidèles. Les guerres et la conscription aggravent la désaffection de l’opinion envers le gouvernement impérial. Les défaites de la fin de l’Empire obligent Napoléon à rendre la liberté à son captif : le pape entre triomphalement dans Rome le 24 mai 1814

Le refus des investitures, l’excommunication consécutive à l’occupation de Rome, ont été des armes spirituelles qui ont assuré la résistance et la victoire de Pie VII. La papauté sort grandie de la lutte qui l’a opposée à l’empereur des Français. Dénué de tout esprit de vengeance, le pape se refusera à exercer des représailles politiques à l’encontre de l’Empereur déchu : il accueillera sa famille à Rome et intercédera auprès de l’Angleterre et des cours d’Europe pour adoucir le régime carcéral du captif de Sainte-Hélène.

Jacques-Olivier BOUDON, Napoléon et les cultes, Paris, Fayard, 2002.Yves-Marie HILAIRE, Histoire de la Papauté, Paris, Le Seuil, collection « Points Histoire » 2003.Jean LEFLON, L’Eglise concordataire et impériale, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1947.Bernardine MELCHIOR-BONNET, Napoléon et le Pape, Paris, Le Livre contemporain, 1958.

Alain GALOIN, « Le pape Pie VII, prisonnier de l'empereur Napoléon », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/pape-pie-vii-prisonnier-empereur-napoleon

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