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Les ruines du palais des Tuileries.

Les ruines du palais des Tuileries.

Date de création : 1871

Date représentée : mai 1871

H. : 136 cm

L. : 96 cm

peinture à l'huile sur toile

Domaine : Peintures

© Photo RMN - Grand Palais

http://www.photo.rmn.fr

84EE849/C. 53.D.39

Ruines du palais des Tuileries - 1871

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Alain GALOIN

Le 19 juillet 1870 éclatait la guerre franco-prussienne. La rapide défaite des armées françaises en 1871, l’effondrement du Second Empire et les conditions sévères imposées par Bismarck pour la signature de la paix – cession de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, occupation de Paris par l’armée prussienne – déclenchèrent l’insurrection des Parisiens et la formation d’un gouvernement révolutionnaire.

La Commune de Paris eut une durée de vie très brève, de mars à mai 1871. Le soulèvement de Paris aurait pu réussir si le reste de la France avait suivi, mais les tentatives d’insurrection à Lyon, à Marseille, à Saint-Etienne, au Creusot, à Limoges, à Narbonne et à Toulouse tournèrent court. Paris, isolé, fut soumis à un blocus militaire par les armées française et prussienne. Les troupes régulières basées à Versailles et commandées par Mac-Mahon reprirent possession de la capitale au cours de la « semaine sanglante » (21-28 mai 1871). Les communards élevèrent plus de 500 barricades pour entraver la progression des versaillais et, le 23 mai, ils incendièrent plusieurs édifices publics : le palais des Tuileries, la Cour des comptes, le Conseil d’Etat, l’Hôtel de Ville de Paris, le ministère des Finances, le palais de la Légion d’honneur.

La répression qui s’abattit sur la Commune décapita pour longtemps le mouvement révolutionnaire en France.

Les ruines de Paris, après la Commune, inspirèrent d’innombrables peintres, dessinateurs et photographes. C’est ici Ernest Meissonier, le grand peintre officiel de Napoléon III, qui réalise une dramatique composition des ruines du palais des Tuileries au lendemain de l’incendie du 23 mai 1871.

La partie de l’édifice qu’il a choisi de représenter est très vraisemblablement le pavillon central dont on reconnaît les trois premiers niveaux, le troisième présentant seul des ouvertures en plein cintre. La toiture à quatre pans incurvés, les plafonds et le célèbre escalier d’honneur ont disparu. Sur ce qu’il reste de murs, on distingue les traces noires de l’incendie. Les colonnes corinthiennes qui soutenaient le plafond du premier étage sont demeurées en place. Les bas-reliefs qui encadrent les fenêtres du deuxième étage sont encore visibles et semblent miraculeusement préservés. Le premier plan du tableau est occupé par un amoncellement de gravats, vestiges pitoyables de ce qui fut le grand escalier. A l’extrémité inférieure de la toile, au milieu, une pierre rectangulaire porte l’inscription Gloria Maiorum per flammas usque superstes, Maius MDCCCLXXI. Au point de fuite de la composition, au-delà de l’entrée béante du pavillon central, on aperçoit, comme émergeant d’une accumulation de débris, le sommet de l’arc de triomphe du Carrousel que couronne le Quadrige de Bosio, groupe de bronze intitulé La Restauration guidée par la Paix et installé en 1828.

Après la guerre franco-prussienne et la chute du Second Empire, le palais des Tuileries se trouva désaffecté. Il servira un moment d’ambulance, mais c’est un bâtiment vide et désert qui sera finalement laissé à la discrétion de la Commune de Paris. Un gouverneur, Alexis Dardelle, est nommé par le comité central, et le drapeau rouge flotte sur cet « antre du césarisme ». Le 22 mai 1871, les Tuileries reçoivent leur dernier occupant : Jules Bergeret, membre du Conseil de la Commune, chassé du palais Bourbon par les troupes versaillaises.

C’est dans le climat dramatique créé par la progression des troupes gouvernementales et l’agonie de la Commune de Paris que Bergeret décide d’incendier le palais. Le 23 mai, vers 9 heures, le feu est mis en plusieurs points à la fois et, très vite, l’embrasement est général. Le sinistre ne sera circonscrit que le 25 mai.

Dans l’incendie des Tuileries disparaît un symbole : celui d’un pouvoir monarchique autoritaire vieux de trois siècles. Plus prosaïquement, Ernest Meissonier a voulu faire des ruines des Tuileries le symbole de l’écroulement d’une époque, mais la vision, au-delà des ruines, du quadrige de l’arc de triomphe du Carrousel est aussi une ouverture sur l’avenir.

Jean Marie BRUSON « Iconographie du château des Tuileries après l’incendie » in Monuments historiques , n° 177, novembre 1991 (reproduction p.32).Philippe GUILLOUX Meissonier, trois siècles d’histoire Paris, Copernic, coll. « Peintres témoins de l'histoire », 1980, reproduction n° 46.Constance Cain HUNGERFORD « Meissonier’s "Siège de Paris" and "Ruines des Tuileries" » in La Gazette des Beaux-Arts , novembre 1990, tome CXVI, p.201-212.Louis RÉAU Histoire du vandalisme : les monuments détruits de l’art français Paris, Laffont, coll. « Bouquins », 1994.Pierre-Nicolas SAINTE FARE GARNOT et Emmanuel JACQUIN Le Château des Tuileries Paris, Herscher, 1988, reproduction couleur p.196.CollectifCataogue d'exposition : Le décor des Tuileries sous le règne de Louis XIV musée du Louvre, 9 juin-18 septembre 1998.CollectifCatalogue d'exposition : Ernest Meissonier Lyon, musée des Beaux-Arts, 25 mars-27 juin 1993, p.175-176 (reproduction couleur p.177).

Alain GALOIN, « Ruines du palais des Tuileries - 1871 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/ruines-palais-tuileries-1871

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