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Table sur laquelle fut étendu Robespierre blessé, le 9 thermidor an II(27 juillet 1794).

Table sur laquelle fut étendu Robespierre blessé, le 9 thermidor an II(27 juillet 1794).

Bonnets phrygiens, emblèmes ajoutés à l'époque révolutionnaire aux quatre coins de la table.

Bonnets phrygiens, emblèmes ajoutés à l'époque révolutionnaire aux quatre coins de la table.

Faisceaux de licteurs surmontés de bonnets phrygiens, emblèmes ajoutés à l'époque révolutionnaire

Faisceaux de licteurs surmontés de bonnets phrygiens, emblèmes ajoutés à l'époque révolutionnaire

Table sur laquelle fut étendu Robespierre blessé, le 9 thermidor an II(27 juillet 1794).

Table sur laquelle fut étendu Robespierre blessé, le 9 thermidor an II(27 juillet 1794).

Date de création : 1744

H. : 81 cm

L. : 215 cm

Bureau de style Louis XV, réalisé en 1744 pour le cabinet de travail du roi au château de Choisy, revenu au garde meuble de la Couronne en 1787, puis passé en l'an II dans les locaux du Comité de salut public.Bois et métal

Domaine : Objets

© Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie

http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr

AE/Via/1

Le 9 thermidor

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Delphine DUBOIS et Régis LAPASIN

La multiplication des intrigues contre Robespierre et la chute de l’Incorruptible

Hébert et Danton exécutés, Marat assassiné, Robespierre reste le seul homme fort de la Révolution ; il incarne la République et la Terreur. Alors que la situation militaire s’améliore au début de l’année 1794 (dégagement des frontières, anéantissement du fédéralisme, défaite des Vendéens), la Terreur prend une importance sans précédent après l’adoption du décret du 22 prairial (10 juin 1794). On soupçonne Robespierre d’aspirer à la dictature ; les intrigues [1] contre lui se multiplient. Au Comité de salut public, l’atmosphère devient si pesante que Robespierre cesse d’y venir. Il n’y revient que le 5 thermidor, mais la rupture est déjà consommée.

Le 8 thermidor (26 juillet 1794), Robespierre prononce un discours incendiaire[2] à la tribune de la Convention. Il joue là une partie décisive : il doit vaincre ou mourir. Les réactions sont violentes. Le conventionnel Panis, se faisant l’interprète de tous, réclame des noms. L’Incorruptible refuse. Là est sa principale erreur ; en nommant les plus corrompus, il aurait rassuré les autres. La peur s’installe, chacun est déterminé à sauver sa tête.

Le 9 thermidor (27 juillet 1794), le combat s’engage à la Convention où Robespierre et Saint-Just tentent en vain de s’exprimer ; l’Incorruptible, son frère Augustin, Lebas, Couthon et Saint-Just sont arrêtés. Dès que la nouvelle de l’arrestation des robespierristes est connue, la Commune prend fait et cause en leur faveur. Le maire fait fermer les barrières et sonner le tocsin. Les accusés libérés se rendent à l’Hôtel de Ville pour y constituer un gouvernement provisoire qu’il leur faudra imposer par la force. L’assemblée déclare Robespierre et les rebelles hors la loi.

Mal défendu, l’Hôtel de Ville ne résiste pas longtemps. Barras y pénètre sans difficultés. Selon son propre témoignage, le gendarme Merda tire sur Robespierre qui rédige un appel aux armes, et lui brise la mâchoire. Robespierre le jeune tente de fuir ; Couthon se cache sous une table ; Saint-Just garde un parfait sang-froid ; tous seront arrêtés en plus ou moins bon état.
Déclaré hors la loi, Robespierre est condamné sans procès. Il est exécuté avec vingt et un de ses amis le 10 thermidor an II (28 juillet 1794) à 7 heures du soir.

Un meuble témoin

Selon une tradition invérifiable mais très vraisemblable, Robespierre, le visage en sang, a passé sa dernière nuit allongé sur ce bureau Louis XV. Image terrible de l’Incorruptible gisant sur les fastes de l’Ancien Régime. Outre cet épisode, le destin de ce meuble est particulier. Réalisé, en 1744, pour le cabinet de travail du roi au château de Choisy, il y reste jusqu’en 1787, puis revient au garde-meuble de la couronne. On le retrouve en l’an II dans les locaux du Comité de salut public. Les insignes royaux sont alors martelés et remplacés par des bonnets phrygiens et des faisceaux de licteurs.

Le 4 février 1947, ce bureau servira à la signature du traité de paix avec l’Italie.

La fin de la Terreur

La chute de Robespierre met fin à un climat tendu et pesant. La Grande Terreur est terminée : chacun a le désir de vivre pleinement et de profiter de l’instant présent. Le temps de la fête est venu. Les bals sont nombreux, parfois macabres : on danse dans l’ancien cimetière Saint-Sulpice et aux Carmes ; des « bals des victimes » sont organisés où seules sont conviées les personnes ayant eu un proche guillotiné. On danse, on chante, on rit, on mange ; les belles, Mesdames Tallien, Récamier et de Beauharnais, rivalisent d’extravagances vestimentaires. Paris respire, vit.

Toutefois, Thermidor ne marque pas la fin de la Révolution. Si le mouvement sans-culotte, intimement lié à la Terreur, est discrédité, un retour à l’Ancien Régime n’est pourtant pas envisagé. Le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), une insurrection royaliste est réprimée par Barras et Bonaparte. La révolution bourgeoise s’installe.

Gérard WALTER La conjuration du Neuf Thermidor Paris, Gallimard coll. « Trente journées qui ont fait la France », 1974.Françoise BRUNEL, 1794. Thermidor. La chute de Robespierre, Paris, Complexe, 1989.Patrice GUNIFFEY La politique de la Terreur : essai sur la violence révolutionnaire : 1789-1793 Paris, Fayard, 2000.Patrice GUNIFFEY « Roberspierre » in François FURET et Mona OZOUF, Dictionnaire critique de la Révolution française Paris, Flammarion, 1988, Réed.Hachette coll. « Pluriel », 1992.

1. Au Comité de sûreté générale, Vadier utilise l'affaire Catherine Théot pour déstabiliser l'Incorruptible. Cette femme prophétisait la venue d'un nouveau Messie : Robespierre selon Vadier. Robespierre, qui vient d'instaurer le culte de l'Etre suprême (fête de l'Etre Suprême le 20 prairial), ne se défend pas.

2. " Des membres du comité entrent dans [le] complot, [...] la coalition ainsi formée cherche à perdre les patriotes et la patrie. Quel est le remède à ce mal ? Punir les traîtres, renouveler les bureaux du Comité de sûreté générale, épurer ce comité et le subordonner au Comité de salut public, épurer le Comité de salut public lui-même ; constituer l'unité du gouvernement sous l'autorité suprême de la Convention ; écraser ainsi toutes les factions du poids de l'autorité nationale, pour élever sur leurs ruines la puissance de la justice et de la liberté. "

Delphine DUBOIS et Régis LAPASIN, « Le 9 thermidor », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/9-thermidor

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