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Vue de la villa Médicis à Rome

Vue de la villa Médicis à Rome

Vue de la Trinité des Monts et de la Villa Médicis

Vue de la Trinité des Monts et de la Villa Médicis

Vue de la villa Médicis prise de la terrasse du Bosco

Vue de la villa Médicis prise de la terrasse du Bosco

Vue de la villa Médicis à Rome

Vue de la villa Médicis à Rome

Date de création : Vers 1807-1808

Date représentée :

H. : 24,8 cm

L. : 40,3 cm

Encre brune, mine de plomb, plume.

Domaine : Dessins

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage

Lien vers l'image

MI 619 - 06-520103

L'Académie de France à Rome : la villa Médicis

Date de publication : Janvier 2009

Auteur : Mehdi KORCHANE

La Révolution fut une longue période de transition pour l’Académie de France à Rome. Dix années séparent l’abandon de son siège historique du palais Mancini, suite à la rupture des relations entre la France et le Saint-Siège en janvier 1793, de son installation à la villa Médicis. Celle-ci n’a été possible qu’à la faveur de la pacification des États pontificaux, entérinée par la signature du Concordat le 15 juillet 1801. Le choix de cette nouvelle résidence s’est d’ailleurs imposé tardivement. L’État français a tour à tour envisagé d’acquérir le palais Farnèse, la Farnésine, et jeta en définitive son dévolu sur la villa Médicis faute d’avoir pu satisfaire ses premiers projets. La pression politique aidant, la République eut peu d’obstacles à vaincre pour amener la Toscane à se dessaisir d’un domaine dont l’entretien pesait lourdement sur ses finances, quoique la valeur du palais Mancini qu’elle obtint en échange lui fût de beaucoup inférieure. Lorsque l’affaire fut conclue en mai 1803, Jean-Benoît Suvée, le nouveau directeur de l’institution, était dans la place déjà depuis deux ans et avait entrepris les travaux nécessaires à sa nouvelle affectation.

La fonction, les enjeux et le règlement de l’Académie de France à Rome restaurée restent fondamentalement les mêmes qu’à la fin de l’Ancien Régime. Elle accueille les lauréats des prix de Rome de peinture d’histoire, de sculpture et d’architecture, auxquels s’ajoutent ceux des prix de gravure et de musique nouvellement institués, puis ceux du paysage historique créé en 1817. Le but de leur résidence à Rome, dont la durée est fixée à quatre ou cinq années selon les spécialités, est de mettre les pensionnaires en contact avec les œuvres canoniques de l’art occidental. Un règlement précise les modalités de leur séjour, leurs obligations, ainsi que les heures de pose du modèle et les heures d’étude d’après l’antique ou du drapé sur mannequin. Mais les jeunes artistes tirent autant de profit de ces études académiques que de celles qu’offre le hasard des déambulations dans un lieu enchanteur où survit le souvenir de Poussin et de Claude Lorrain.

La villa Médicis a été édifiée sur la colline du Pincio au XVIe siècle, pour le compte du cardinal Ricci, par l’architecte florentin Nanni di Baccio Bigio, à l’emplacement des anciens jardins de Lucullus. Après la mort prématurée de son propriétaire, le cardinal Ferdinand de Médicis acheta le domaine, en 1576, dans l’intention d’en faire l’écrin de sa collection d’art et d’antiquités. Il en résulte un palais conçu, par son architecte Bartolomeo Ammannati, comme un musée doté d’une galerie-antiquarium au sein d’un jardin botanique agrémenté de fontaines.

L’isolement du palais et l’aspect fortifié que lui confère son haut soubassement côté ville (que l’on devine dans le dessin de Turpin) ont sans doute constitué un atout aux yeux d’un gouvernement qui garde encore en mémoire les mises à sac par la population romaine des palais de la République en 1793 et 1798. La vocation initiale de la villa facilite par ailleurs son aménagement en académie, ses espaces intérieurs permettant de déployer une vaste collection de moulages des statues les plus célèbres. La façade sur jardin, ornée des bas-reliefs antiques collectés par Ferdinand de Médicis, offre un objet d’étude supplémentaire en même temps qu’elle consacre le statut de palais des arts du bâtiment. La proximité du couvent de la Trinité-des-Monts, ancienne institution française, est également un atout important. Sous l’Empire, ses bâtiments, désaffectés depuis la Révolution, sont annexés à la villa pour y installer des ateliers et héberger les artistes français autodidactes, tel le paysagiste Granet, formant ainsi un pôle artistique français. En 1816, le couvent est restauré, et son église rendue au culte ; émanation – temporelle pour l’un, spirituelle pour l’autre – de la monarchie française, la villa Médicis et la Trinité-des-Monts, deux des édifices les plus célèbres de la Rome moderne, font du Pincio un lieu de représentation privilégié du pouvoir royal dans la capitale du monde chrétien.

Si la décennie révolutionnaire suspend momentanément l’activité de l’Académie de France à Rome et semble vouloir hypothéquer son rôle, elle n’apparaît rétrospectivement que comme une parenthèse dans la longue période de gloire que connaît l’institution : du début du règne de Louis XVI à la Restauration, elle est indissociable de l’histoire de la modernité artistique. De David à Ingres, la résidence romaine est un ardent foyer d’émulation, un laboratoire où se cristallise le génie et où l’élève se mue en artiste achevé. À partir des années 1820, la tutelle toujours plus conservatrice de l’Académie des beaux-arts décourage les talents novateurs, qui abandonnent le cursus académique traditionnel et vont puiser ailleurs qu’à Rome les ressources de leur art.

Le déclin de l’influence de l’Académie de France sur l’évolution des arts plastiques, à partir du second tiers du siècle, est compensé par les fruits que l’institution récolte dans les domaines de la musique et de l’architecture. Il faut cependant attendre 1961 pour que la villa Médicis retrouve un rôle de premier plan sur l’échiquier culturel et artistique international, avec la nomination par André Malraux du peintre Balthus à la tête de l’institution, contre l’avis de l’Académie des beaux-arts. Cette date marque le début d’une longue métamorphose. Le grand prix de Rome est supprimé suite aux événements de mai 1968. Menacée de disparition, l’institution est réformée par le décret du 21 décembre 1971, qui instaure un jury annuel indépendant chargé du recrutement des pensionnaires, réduit la durée du séjour et ouvre la villa Médicis à de nouvelles disciplines : histoire de l’art, littérature, photographie et cinéma, auxquels s’ajouteront plus tard le design et la scénographie. Sa pluridisciplinarité et sa double vocation de résidence d’artistes et de centre culturel ont refondé la légitimité de cette institution pluriséculaire.

Olivier BONFAIT (dir.), Maestà di Roma. D’Ingres à Degas, les artistes français à Rome, catalogue de l’exposition de la villa Médicis, 8 mars-29 juin 2003, Rome, Electa, 2003.

Georges BRUNEL et Isabelle JULIA (éd.), Correspondance des directeurs de l’Académie de France (XIXe siècle), tome Ier.

Correspondance de Joseph Suvée (1795-1807), Rome, Société d’histoire de l’art française-Académie de France à Rome, 1984, 2 vol.

François FOSSIER, Mehdi KORCHANE et Antoinette LE NORMAND-ROMAIN (éd.), Correspondance des directeurs de l’Académie de France (XIXe siècle), tome IV.

Correspondance de Pierre Narcisse Guérin (1822-1828), Rome, Société d’histoire de l’art française-Académie de France à Rome, 2005.

Anne-Martin FUGIER, La Vie d’artiste au XIXe siècle, Paris, Audibert, 2007.

Mehdi KORCHANE, « L'Académie de France à Rome : la villa Médicis », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/academie-france-rome-villa-medicis

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