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Louis XIV tenant les sceaux en présence des conseillers d'Etat et des maîtres des Requêtes.

Louis XIV tenant les sceaux en présence des conseillers d'Etat et des maîtres des Requêtes.

Date représentée :

H. : 110 cm

L. : 128 cm

Huile sur toile

© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux

Lien vers l'image

MV5638 - 13-523937

L’autorité de Louis XIV

Date de publication : Janvier 2013

Auteur : Hélène DUCCINI

Le peintre de la toile ainsi que la date de sa création n’ayant pu être identifiés, il est difficile d’établir précisément ses conditions d’élaboration. Cependant, on peut supposer qu’il s’agit, comme souvent, d’une œuvre de commande destinée à mettre en valeur l’exercice du pouvoir personnel par un roi qui, depuis 1661, assiste tous les jours à son Conseil et rencontre personnellement ses ministres. Après la mort du chancelier Pierre Séguier en janvier 1672, Louis XIV remplit lui-même la fonction de garde des Sceaux une fois par semaine en présence des conseillers d’État et des maîtres des requêtes. Il confiera ensuite ce poste à Étienne Aligre qu’il nomme garde des Sceaux le 24 avril 1672 puis chancelier le 8 janvier 1674.

Louis XIV préside lui-même l’apposition des sceaux

Il est difficile d’identifier le lieu où se tient cette assemblée. La porte de la salle est entrouverte, ce qui ne manque pas d’étonner, le secret des délibérations étant une règle d’or absolue. Les pilastres ioniques composent un décor imposant. De part et d’autre de la porte, deux niches abritent les statues de la Justice (à gauche) armée de l’épée et de la balance, et de la Prudence (à droite) qui tient d’une main un miroir et de l’autre un serpent. Ces deux vertus doivent présider aux délibérations du Conseil, car le bon gouvernement est celui du sage.

Le roi, assis à gauche et toujours coiffé de son chapeau, préside la séance au haut d’une très longue table autour de laquelle s’ordonne la composition. Le peintre a mis le roi en valeur en éclairant toute sa personne et plus spécialement son visage et sa longue cravate de dentelle blanche. Le doigt que le souverain pointe vers la table suggère l’autorité et le commandement.

Assis aux côtés du roi et selon leur rang, sont représentés les conseillers d’État tandis que les maîtres des requêtes demeurent debout. À l’arrière-plan, debout, les secrétaires du roi assistent eux aussi au Conseil. Généralement achetée fort cher, la charge dont ils sont titulaires leur en permet l’entrée. Le roi attend d’eux des rapports sur les problèmes des provinces, des armées, de l’administration en général. Ils s’initient ainsi à la gestion du royaume. C’est dans ce vivier que le roi recrute ses intendants. Au fond et à droite se tiennent, debout et découverts, trois gentilshommes. Après les troubles de la Fronde (1648-1653), Louis XIV a écarté les grands personnages de son gouvernement, leur préférant des nobles issus de la robe, compétents et tout dévoués à sa personne et au pays.

En bout de table, quatre personnages, en perruque et découverts, s’emploient à sceller les actes royaux. L’un d’eux, le chauffe-cire, est chargé d’apposer le sceau du roi sur les actes. En principe il ne sait pas lire pour que le secret en soit rigoureusement gardé. Il dépend directement du chancelier.

Le gouvernement personnel de Louis XIV

À partir de la mort de Mazarin le 9 mars 1661, le jeune Louis XIV prend personnellement la direction des affaires du royaume. Suivant les conseils du cardinal, il ne choisit pas de principal ministre. Dès lors, il lui appartiendra de présider lui-même les séances hebdomadaires du Conseil où siègent de droit les conseillers d’État, les ministres et secrétaires d’État. Les grands personnages du royaume, écartés après la Fronde, n’y viennent que conviés par le souverain. Ce « métier de roi », Louis XIV l’exercera avec constance jusqu’à la fin de son règne.

Le monarque ne décide rien tout seul. Il se range à l’avis de la majorité des conseillers. Certaines décisions ont quelquefois entraîné plusieurs réunions du Conseil, sans compter des consultations particulières de tel ou tel ministre, de tel ou tel conseiller. En novembre 1700, le vieux roi, fort pourtant d’une très longue expérience, a ainsi convoqué son Conseil plusieurs jours de suite avant de se lancer dans la guerre de succession d’Espagne. Les avis étaient partagés. Mais conscient, comme le lui disait Pontchartrain, que, de toute façon, la situation mènerait à la guerre, le roi fit choix, le 16 novembre 1700, de faire respecter le testament de Charles II. Celui-ci, mort sans enfant, désignait le deuxième petit-fils de Louis XIV, Philippe, duc d’Anjou, comme son successeur au trône d’Espagne.

· Michel ANTOINE, Le Conseil du roi sous Louis XV, Genève, Droz, 1970.

· Guy CABOURDIN et Georges VIARD, Lexique historique de la France d’Ancien Régime, Paris, Armand Colin 1978.

· Nicolas LE ROUX, La Faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois vers 1547-vers 1589, Seyssel, Champ Vallon, 2000.

· Roland MOUSNIER, Le Conseil du roi de Louis XII à la Révolution, Paris, P.U.F., 1970.

Hélène DUCCINI, « L’autorité de Louis XIV », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/autorite-louis-xiv

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