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La bataille d'Isly. 14 août 1844.

La bataille d'Isly. 14 août 1844.

Date de création : 1846

Date représentée : 14 août 1844

H. : 514 cm

L. : 1040 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© Photo RMN - Grand Palais - G.Blot / H. Lewandowski

http://www.photo.rmn.fr

00-016368 / MV2028

La bataille d'Isly

Date de publication : mai 2005

Auteur : Jérémie BENOÎT

Malgré le traité de la Tafna signé en 1837, qui reconnaissait l’autorité d’Abd el-Kader sur l’Algérie, celui-ci n’avait de cesse de vouloir en chasser les Français. Il avait levé une véritable armée et en novembre 1839, appuyé par le sultan du Maroc, Abd Al-Rahman, il déclarait la guerre à la France. Alors seulement commença véritablement la conquête systématique du pays, dont la monarchie de Juillet fit un motif de fierté nationale et d’héroïsme militaire. Cette conquête fut l’œuvre du maréchal Bugeaud de La Piconnerie, nommé gouverneur en 1840. Sa capitale détruite à Taguin en 1843, lui-même refoulé dans le désert, Abd el-Kader se réfugia au Maroc. Mais l’armée du sultan fut vaincue à l’Isly tandis que la flotte bombardait Mogador et Tanger. Abd el-Kader fut alors expulsé par le sultan qui craignait lui aussi une invasion de la part des Français. Ce n’est qu’en 1847 que l’émir se rendit à Lamoricière après une guérilla de quelques années.

Ayant investi le camp composé de tentes du fils du sultan du Maroc, les troupes françaises sont sur le point de remporter la victoire. Le général Yousouf, suivi des officiers d’Allonville, Legrand et Fleury, présente au maréchal Bugeaud, que suit le colonel Foy, les étendards et le butin de guerre, ainsi que le parasol du commandement marocain que tient Mohammed ben-Sabor, maréchal des logis aux spahis, tandis que le chef douaïr Kaïd Mohammed ben-Kaddour et le spahi Mohammed Ould-Amedoa brandissent des drapeaux pris à l’ennemi. À droite se trouve une ambulance où l’on soigne les blessés, officiers de spahis pour la plupart, tandis que, dans le fond, la bataille se poursuit encore, mettant en avant les chasseurs d’Afrique. Le tableau est prétexte, comme toujours chez Vernet, à multiplier les portraits de militaires, et l’œuvre apparaît ainsi autant comme une scène de bataille que comme un portrait de groupe.

L’intérêt de ce tableau réside dans la synthèse qu’a opérée le peintre entre les deux grandes tendances de la peinture de bataille. L’une, dont le chef-d’œuvre est sans conteste Napoléon Ier sur le champ de bataille d’Eylau (1808, Louvre), ne donne à voir qu’un moment privilégié de l’action, généralement l’annonce de la victoire comme dans l’Austerlitz de Gérard (1810, Versailles) ou comme ici dans la partie centrale. L’autre, illustrée en particulier par le général baron Lejeune, privilégie l’étude des mouvements de troupes. Plus militaire, cette conception est aussi plus exacte et plus topographique. Vernet donne à voir une version de la première conception sur le devant de son tableau, tandis que le fond ressortit à la seconde tendance. C’est le point de vue très élargi du champ de bataille qui lui permet de minimiser le héros, en l’occurrence Bugeaud, pour montrer l’ensemble du champ de bataille où se situe la vue topographique des combats.

Ce tableau est aussi à comparer avec la Prise de la smalah d’Abd el-Kader, d’une conception assez proche, mais où les dimensions du tableau sont telles qu’elles mènent tout droit au panorama. C’est toute une narration, tout un sens de lecture allant de gauche à droite qu’il convient de décrypter dans ce dernier tableau de 21 mètres de long.

Jean MEYER, Annie REY-GOLDZEIGUER et Jean TARRADE, Histoire coloniale de la France, tome I « La conquête », Paris, Armand Colin, coll. « Agora Pocket », 1991.

Jérémie BENOÎT, « La bataille d'Isly », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 20/04/2024. URL : histoire-image.org/etudes/bataille-isly

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