Épargne et prévoyance
Auteur : CHAPLAIN Jules-Clément
Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web
H. : D. 5,7 cm
Médaille uniface en bronze argenté, frappée.
Domaine : Objets
© RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Tony Querrec
MEDOR 187 - 12-578494
Les caisses d’épargne
Date de publication : Juin 2011
Auteur : François BOULOC
La question sociale et le livret de caisse d’épargne
Les caisses d’épargne apparaissent dans divers pays européens à la fin du XVIIIe siècle (Allemagne, Royaume-Uni, Suisse, France…). Le principe qu’elles adoptent très vite, et de façon assez unanime, est celui du dépôt libre, dont le montant et la périodicité sont déterminés par l’épargnant. Un intérêt défini est ensuite servi au déposant, qui conserve le droit de retirer tout ou partie de ses économies n’importe quand. Gage de succès, cette souplesse de fonctionnement vise à transférer les « bas de laine » vers le secteur bancaire, en même temps qu’à accoutumer à ce dernier de larges parts de la population. L’usage du fameux livret de caisse d’épargne – qui n’a été dématérialisé qu’assez récemment – permet de rendre l’acte d’épargne concret, palpable, et par là de lui conférer des vertus supérieures. La loi de 1835 fait ainsi des caisses d’épargne des établissements privés d’utilité publique, ce qui traduit le consensus institutionnel autour de leurs vertus moralisatrices.
Un condensé des valeurs philanthropiques
Jules-Clément Chaplain fait ici tenir dans l’espace d’une médaille l’essentiel des fondements philosophiques et sociaux du mouvement des caisses d’épargne. La succursale qui tient lieu d’arrière-plan est un endroit propre et accueillant, doté d’un luminaire. La scène proprement dite illustre les termes gravés au bas de la pièce, « Épargne et Prévoyance ». L’Épargne est tout à la fois figurée par l’artisan, reconnaissable à son tablier et à ses outils, venu remettre une bourse en cuir gonflée des économies familiales, et par la plume et l’urne de la figure allégorique féminine. Reprenant les poncifs antiquisants du néoclassicisme, elle est vêtue d’une toge et installée sur un siège surélevé, sa mine grave achevant d’inspirer la confiance nécessaire au dépôt. À côté du travailleur se tient son épouse, la Prévoyance, qui embrasse le nourrisson lui-même symbole du futur. La finesse de la gravure de Chaplain, membre de l’Académie des beaux-arts depuis 1881, contribue ici à procurer l’impression de clarté sereine recherchée.
Des « classes laborieuses » qui ne seraient plus « dangereuses »
« Tâchons de faire comprendre au peuple les bienfaits, on peut presque dire les miracles, de l’économie » Cité par Daniel Duet, Les Caisses d’épargne, p. 18 : cette injonction formulée par Benjamin Delessert, fondateur de la Caisse d’Épargne de Paris en 1818, rend bien compte de la nature du mouvement des caisses d’épargne, adossé dès le départ à la question du paupérisme et des mutations économiques et sociales du XIXe siècle. La solution envisagée en son sein repose sur un ni-ni caractéristique : ni retour aux formes politiques traditionnelles, ni prise en charge de la condition des plus modestes par l’État. L’effort doit être individuel, familial, et nécessite de faire la promotion de comportements sains quant aux finances domestiques. La banalisation du dépôt d’espèces épargnées sur les ressources du foyer induit des habitudes bénéfiques tant pour l’individu que pour la société : tempérance, prévoyance… Cette politique relève de la fameuse notion de gestion de « bon père de famille », préconisée pour mettre fin aux agissements immoraux alors prêtés aux classes populaires.
Louis CHEVALIER, Classes laborieuses et classes dangereuses, Paris, Perrin, 2007, [1958].
Carole CHRISTEN-LECUYER, Histoire sociale et culturelle des Caisses d’Épargne en France, 1818-1881, Paris, Économica, 2004.
Jean-Pierre DAVIET, La Société industrielle en France, 1814-1914.
Productions, échanges, représentations, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1997.
Daniel DUET, Les Caisses d’épargne, Paris, P.U.F., 2002.
Benoît OGER, Histoire de la Caisse nationale d’épargne : une institution au service du public et de l’Etat, 1881-1914, Paris, L’Harmattan, 2006.
Jean RIVOIRE, Histoire de la banque, Paris, P.U.F., 1992.
François BOULOC, « Les caisses d’épargne », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/caisses-epargne
Lien à été copié
Découvrez nos études
La France vaincue
La victoire de la Prusse à Sedan le 2 septembre 1870 entraîne l’effondrement du Second Empire. Deux jours plus tard, la déchéance de la famille…
Courbet, peintre réaliste de la société
En 1854 ou 1855, Gustave Courbet peignit un grand tableau de 6 mètres sur 3 mètres, L’…
Regards sur les guerriers gaulois
Jusque dans les années 1820, l’histoire de France se fonde sur celle des princes dont les historiens dressent les…
Le compositeur Cherubini et la Muse de la poésie lyrique
Compositeur italien né en 1760, Cherubini s’établit à Paris en 1788 et se fait naturaliser français. Il traverse les gouvernements : porte-parole…
Marie Curie et la presse
Marya Sklodowska est née à Varsovie, en 1867, en Pologne alors partie intégrante de l’Empire russe et décède en…
La défense de Paris en 1870
Dès les premiers jours du siège, dans la lignée revendiquée des aérostiers de 1793 et alors que des ballons captifs…
Un symbole pour la Première République
Le 21 septembre 1792, la Convention abolit la monarchie. Elle décréta le 22 que les actes publics seraient datés de l’an I de la République…
Portrait de Turenne en général romain
S’il l’identification du modèle ne fait pas de doute – il s’agit d’Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de…
Brevet de volontaire de la garde nationale
La garde nationale n’est pas initialement destinée à protéger le royaume contre une agression extérieure, elle…
La Grande Mademoiselle
Les portraits d’Anne-Marie-Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle, sont nombreux et les…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel