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 Etablissement de l'Académie des sciences et fondation de l'Observatoire, 1666

Etablissement de l'Académie des sciences et fondation de l'Observatoire, 1666

Date représentée : 22 décembre 1666

H. : 348 cm

L. : 590 cm

Carton de tapisserie pour "L'Histoire du roi" (non réalisée).

Personnes représentées : Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert, Jean-Baptiste Duhamel, Giovanni-Domenico Cassini, Claude Perrault, Philippe, duc d'Orléans, Charles Perrault, Christian Huygens, Pierre de Carcavy, Jean-Félix Picard, Edmé Mariotte, Jean Gallois.

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Lien vers l'image

MV2074 - 93-000724-02

Colbert présente à Louis XIV les membres de l’Académie royale des sciences

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Joël CORNETTE

Le règne de Louis XIV est marqué par une centralisation de toutes les formes de création artistique et intellectuelle au service du prince. Cette création étatisée se déploie, sur le modèle italien, dans le cadre d’académies : l’Académie de danse (1661), l’Académie de musique (1669), l’Académie d’architecture (1671) s’ajoutent à l’Académie française (1635) et à l’Académie de peinture et de sculpture, fondée en 1648, réformée par Colbert en 1663.

La création de l’Académie des sciences en 1666 s’intègre dans ce grand projet de la monarchie absolue visant à placer l’ensemble de la vie culturelle sous sa tutelle. D’autant que Colbert a compris que les progrès scientifiques pouvaient se traduire par des progrès techniques capables d’accroître la puissance de la France et d’exalter la gloire du roi.

Réunissant une douzaine de savants, la première séance de l’Académie des sciences eut lieu le 22 décembre 1666 dans la bibliothèque du roi, rue Vivienne à Paris. Les réunions furent ensuite bihebdomadaires.

Élève de Simon Vouet, Henri Testelin (1616-1695) fut l’un des fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1648. Il en devint le secrétaire à partir de 1650. Il est surtout connu pour ses portraits de Louis XIV et pour ses grandes compositions relatant des événements officiels. Converti au protestantisme, il fut exclu de l’Académie en 1681 et dut fuir aux Provinces-Unies.

Cette grande toile dont Versailles conserve l’esquisse est à l’origine un carton de tapisserie de la tenture de L’Histoire du Roi, destinée à célébrer les grands événements (le sacre, le mariage, les victoires militaires) ainsi que les grandes réalisations du règne.

Le grand tableau d’Henri Testelin est en fait un carton de tapisserie pour une pièce jamais tissée de la tenture de L’Histoire du Roi. Il représente une scène imaginaire, la présentation au roi des membres de la nouvelle Académie des sciences qui vient d’être fondée. Cet espace fictif s’ouvre sur l’Observatoire, que Claude Perrault commence alors à édifier.

Le peintre a particulièrement soigné le portrait de chaque participant, ainsi facilement reconnaissable : à droite de Louis XIV, assis sur un fauteuil, Monsieur, son frère, est habillé de rouge ; à gauche, Jean-Baptiste Colbert, qui arbore fièrement l’insigne de l’ordre du Saint-Esprit, avec derrière lui son secrétaire, Charles Perrault (l’auteur des Contes), présente au souverain les membres de l’Académie, à commencer par l’abbé Jean-Baptiste du Hamel, le premier secrétaire, qui s’incline respectueusement vers le souverain. Derrière lui sont figurés Pierre de Carcavi, Jean Picard, Christiaan Huygens, Jean-Dominique Cassini, Philippe de La Hire, l’abbé Edme Mariotte et Jacques Borelly.

De nombreux objets illustrent la diversité des activités scientifiques : squelettes d’animaux, sphère armillaire, horloge, globe terrestre (à gauche), plan du canal des Deux Mers, destiné à relier l’Atlantique à la Méditerranée, qui commence alors à être réalisé par Pierre-Paul Riquet, traités scientifiques, plans de fortifications, globe céleste (à droite).

Il ne s’agissait pas seulement pour Louis XIV d’exercer un mécénat intéressé en subventionnant des hommes de sciences, mais aussi d’attirer en France savants et artisans spécialisés pour développer les connaissances utiles à l’économie du royaume, et de capter les savoir-faire des techniciens de toutes sortes et des artistes qui jusqu’alors assuraient (ou avaient assuré) la prééminence des dynasties et des puissances concurrentes : en 1666, le roi accorda ainsi au Hollandais Christiaan Huygens, spécialiste notamment d’instruments d’optique, outre un logement, une gratification de 6 000 livres par an ; trois ans plus tard, il offrit 9 000 livres à l’Italien Jean Dominique Cassini et lui confia la direction de l’Observatoire.

Les travaux de l’Académie des sciences concernaient aussi bien l’alimentation en eau de l’immense jardin et des fontaines de Versailles que la réalisation de nouvelles cartes géographiques (Cassini fut sollicité par Colbert pour établir une carte détaillée de la généralité de Paris dans une intention fiscale), ou encore les progrès de la balistique et de l’armement pour assurer la puissance du roi de guerre. En 1667, Claude Perrault proposa d’entreprendre un inventaire des êtres vivants, qui vit le jour bien des années plus tard sous le titre d’Histoire des animaux et d’Histoire naturelle des plantes.

La nouvelle institution acquit bientôt une réputation internationale. En 1699, Louis XIV lui octroya un nouveau statut, qui devait durer jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Désormais, l’Académie était l’instrument d’une science officielle concourant plus que jamais au prestige et à la gloire du roi.

 

Thierry BAJOU, La Peinture à Versailles au XVIIe siècle, Paris, R.M.N., 1998.

Béatrix SAULE et Catherine ARMINJON (dir.), Sciences et curiosités à la cour de Versailles, Paris, R.M.N., 2010. 

Académie : L’Institut de France est créé par la loi du 25 octobre 1795 sur l’organisation de l’instruction publique. Au sein du palais de l’Institut de France, travaillent cinq académies : l’Académie française (fondée en 1635), l’Académie des inscriptions et belles-lettres (fondée en 1663), l’Académie des sciences (fondée en 1666), l’Académie des beaux-arts (créée en 1816 par la réunion de l’Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648, de l’Académie de musique, fondée en 1669, et de l’Académie d’architecture, fondée en 1671) et l’Académie des sciences morales et politiques (fondée en 1795, supprimée en 1803 et rétablie en 1832). (Source : https://www.institutdefrance.fr/les-cinq-academies/.)

Joël CORNETTE, « Colbert présente à Louis XIV les membres de l’Académie royale des sciences », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/colbert-presente-louis-xiv-membres-academie-royale-sciences

Anonyme (non vérifié)

Louis le Grand eut un certain génie,en particulier celui de savoir s'entourer d'autres génies, à peu prés dans tous les domaines...

mar 16/07/2013 - 22:34 Permalien
Anonyme (non vérifié)

D'après quelles références, svp, des noms sont-ils attribués aux personnages ? N'y a-t-il pas inversion entre Picard et Mariotte ? Merci A.G.

jeu 11/12/2014 - 18:28 Permalien
Anonyme (non vérifié)

En encourageant les sciences, l'Etat royal s'inscrivait dans le courant rationaliste analysé par Paul Hasard dans "La crise de la conscience européenne" (1935) et qui a très largement préparé le mouvement des Lumières.

Mais comment interpréter les conséquences de cette politique ? D'un côté, les travaux des académiciens, par leur apport à l'économie, ont pu contribuer à consolider le pouvoir royal mais de l'autre, n'ont-ils pas contribué à saper l'autorité de l'Etat, qui reposait sur le droit divin ?
Par Philippe Helloco, Professeur Documentaliste

mar 26/05/2015 - 10:36 Permalien

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