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Le congrès de Vienne.

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Le congrès de Vienne.

Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web

Date de création : 1815

Date représentée :

H. : 46

L. : 66

Dessin à la plume ; encre sépia.

© Photo RMN - Grand Palais - C. Jean

http://www.photo.rmn.fr

88-003881 / RF3858

Le Congrès de Vienne

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Guillaume NICOUD

Du traité de Paris au congrès de Vienne

Le 30 mai 1814, l’Angleterre, l’Autriche, la Prusse et la Russie, après avoir triomphé ensemble pour la première fois face à Napoléon Ier , signent à Paris un traité avec le nouveau souverain français, Louis XVIII. Les puissances alliées veulent par ce traité mettre « fin aux longues agitations de l’Europe et aux malheurs des peuples, par une paix solide, fondée sur une juste répartition des forces entre les Puissances ». Toutes s’engagent alors à se réunir deux mois plus tard à Vienne « pour y ajouter les arrangements rendus nécessaires par l’état dans lequel l’Europe était restée », suite à l’effondrement de l’Empire napoléonien.

Négociateur en tant que ministre des affaires étrangères de Louis XVIII, Talleyrand déclare après la signature : « J’ai fini ma paix. » Elle ménage une France qui, en retrouvant plus ou moins ses frontières de 1792 (soit avant les guerres révolutionnaires), cesse « d’être gigantesque pour devenir grande ».

À Vienne, Talleyrand doit conserver les acquis. L’acte final est signé le 9 juin 1815 après bien des discussions et malgré le retour en France de Napoléon dès mars, retour qui complique singulièrement la tâche du ministre d’un roi en exil.

Voulant conserver l’image d’un tel événement, il emmène avec lui le portraitiste Isabey, qui projette alors de gagner Vienne, et l’invite à s’inspirer du tableau de Ter Borch représentant la ratification du traité de Westphalie à Münster en 1648. La création d’Isabey doit cependant attendre les années politiquement plus sereines de 1816-1820 pour être exposée et diffusée.

La place respective des puissances européennes

Isabey situe la scène dans le lieu des réunions officielles, la résidence du chancelier autrichien Metternich. Si le portrait de l’empereur François Ier est accroché en bonne place sur le mur, la chancellerie de la Ballhausplatz conserve aussi le souvenir de Kaunitz, le chancelier de Marie-Thérèse : son buste apparaît à droite, et un portrait de l’impératrice est accroché dans le salon attenant.

Dans son atelier du faubourg de Leopoldstadt, Isabey portraiture de nombreuses personnalités dont certaines présentes lors du congrès de Vienne. Pour varier les pauses et les attitudes dans un tel portrait de groupe, il choisit de représenter la « causerie familière » qui a lieu une fois la session terminée.

Les vingt-deux ministres plénipotentiaires et leurs assistants ne sont pas tous identifiables dans le dessin servant d’esquisse. Isabey en réalise un second de la taille et de la précision nécessaires à sa gravure par Godefroy (collection de la reine d’Angleterre).

Les personnages sont répartis en deux groupes. Le premier se tient près de la fenêtre autour de Metternich qui, debout devant une chaise, fixe le spectateur et paraît dialoguer avec le représentant russe Stackelberg assis à l’autre extrémité de la scène. Celui-ci fait partie du second groupe, encore réuni autour de la table des négociations. Au centre, la chaise vide du président de séance occupe le premier plan. Le ministre anglais Castelreagh est assis derrière elle dans une pose nonchalante. Son compatriote Wellington, vainqueur de Waterloo, n’apparaît que dans la gravure, debout à l’extrême gauche. Assis près de lui, le Prussien Hardenberg semble fixer Talleyrand. Ce dernier, dont les traits ne sont reconnaissables que sur la gravure, est assis devant la table, le bras droit posé dessus, prenant le spectateur à témoin.

Dans la frise qui borde la gravure apparaissent le titre, les portraits des souverains, les armes des nations et des délégués, et des figures allégoriques.

Talleyrand défenseur de l’équilibre entre les puissances européennes

Talleyrand est accepté à la table des négociations peu de temps avant l’ouverture du congrès où il a réussi à faire entrer l’Espagne, le Portugal et la Suède, non signataires du traité de Paris. Il traite secrètement avec l’Angleterre et l’Autriche (qui obtient au congrès la mainmise sur l’Italie et la présidence d’une Confédération germanique (1) pour contrer les velléités hégémoniques de la Prusse et de la Russie (qui élargissent leurs territoires notamment au détriment d’autres États allemands et en Pologne).

Talleyrand ne défend pas le droit des peuples, mais le droit monarchique et l’équilibre entre les puissances comme Castelreagh, artisan de l’alliance contre Napoléon et partisan des congrès diplomatiques ; d’où sa place pivot sous la balance équilibrée de la Justice. Justice, Vérité, Sagesse et Science réfutent l’idée de cette « Sainte Alliance » que veut imposer le tsar Alexandre. L’ordre de Vienne régentera l’Europe durant quarante ans avant d’être balayé par le mouvement des nationalismes. Isabey prédit ainsi l’avenir quand il représente le Prussien Hardenberg tapi dans l’ombre.

Le grand dessin est sans doute bien abouti quand Isabey y ajoute Wellington qui, arrivé en février 1815 à Vienne, en repart rapidement pour se porter contre Napoléon. Malgré les Cent Jours, l’acte final est signé le 9 juin 1815. Isabey a alors rejoint Paris. En 1817, de retour à Paris après un exil à Londres, il expose son grand dessin au Salon. La gravure est enfin déposée à la Bibliothèque royale le 12 février 1820.

Talleyrand vit alors retiré des affaires. Il n’a pas négocié le second traité de Paris, du 20 novembre 1815, lequel réduit encore le territoire d’une France occupée et qui doit payer de lourdes indemnités aux alliés. Mais c’est cette vision du congrès de Vienne, au cours duquel le pays assoit à nouveau son rang parmi les puissances européennes, qui passe à la postérité. Elle consacre aussi son rayonnement culturel au même titre que les mémorables soupers du cuisinier Carême alors offerts par Talleyrand et suivis de « causeries familières » où le brie fut même proclamé un soir roi des fromages.

Talleyrand ou le Miroir trompeur, catalogue d’exposition du musée Rolin, Autun, 16 novembre 2005-15 février 2006, Paris-Autun, Somogy-Musée Rolin, 2005.

Francis DEMIER, La France du XIXe siècle, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 2000.

1 - Confédération germanique : union politique crée lors du Congrès de Vienne en 1815, elle prend le relai du Saint-Empire romain qui a cessé d'exister en 1806 du fait des guerres napoléoniennes. Elle rassemble 38 états de langues allemandes dont l'Autriche et la Prusse. L'empereur d'Autriche préside la Confédération germanique. Tout au long de son histoire, l'Autriche et la Prusse s'affronte, la Prusse souhaitant une unification allemande. L'union est dissoute en 1866 à l'issue de la guerre austro-prussienne qui se termine par la victoire de la Prusse à Sadowa. La Confédération germanique est une étape majeure dans la construction de l’Empire allemand, qui voit le jour en 1871.

Guillaume NICOUD, « Le Congrès de Vienne », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/congres-vienne

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