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La France et les cinq continents - La France offre la colombe de la paix aux cinq continents

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Date de création : 1931

Date représentée :

H. : 1000 cm

L. : 800 cm

Fresque de la Salle des fêtes Palais de la Porte Doré. Panneau central

Domaine : Peintures

© Ducos de la Haille ©Etienne Hauville, © Photo RMN - Grand Palais - Arnaudet

Lien vers l'image

88-000232

L'Exposition coloniale et son musée

Date de publication : Avril 2008

Auteur : Marie-Hélène THIAULT

L’exposition coloniale et son musée

L’exposition coloniale de 1931 se situe à la fois dans la lignée des expositions universelles de la seconde moitié du XIXe siècle (1855, 1867, 1878, 1889, 1900) et dans un projet politique qui prit la forme d’un musée, placé sous la tutelle du ministère des Colonies et se voulant la traduction de l’action de la France dans son « domaine colonial ». L’idée de cette manifestation remontait à 1913, et le programme à 1920. Cette célébration de l’empire colonial français organisée par les autorités politiques et militaires (le maréchal Lyautey, commissaire général de l’exposition, nommé en 1927, et Paul Reynaud, ministre des Colonies) se donnait pour but de renforcer le sentiment national et de manifester « la vivante apothéose de l’effort colonial des nations civilisées ».
Le musée était organisé en deux sections. La section rétrospective était conçu comme le miroir de « notre histoire coloniale » : à l’aide de tableaux et souvenirs personnels, les différents épisodes de la France d’outre-mer y étaient évoqués afin de susciter un sentiment d’appartenance à « la plus grande France ». Venait ensuite la section de synthèse présentant le bilan de l’œuvre civilisatrice de la France. Parmi les œuvres présentées, la grande fresque de Pierre Ducos de la Haille offre un bon exemple de cette idéologie coloniale.

Une allégorie de la nation

Le décor à fresque réalisé par Pierre Ducos de la Haille et ses élèves de l’école des Beaux-Arts est une vaste allégorie sur le thème des apports de la France à ses colonies, partie qui, dans le programme iconographique composait un pendant aux bas-reliefs de la façade, œuvre d’Alfred Janniot illustrant les apports des colonies à la métropole. Apports dissymétriques s’il est possible puisque d’un côté sont présentées des valeurs érigées en idéaux (la Paix et le Travail, la Justice et la Liberté ) ainsi que des pratiques constitutives d’une nation moderne (l’Art et la Science, le Commerce et l’Industrie), tandis que, sur la façade, une foule d’hommes et de femmes indigènes, réduits à une force de travail destinée à faire fonctionner l’économie des échanges internationaux, est étroitement mêlée à la représentation d’une nature généreuse (plantes et animaux) et devait sans doute donner une image idéale des « richesses » qu’offraient ces territoires aux colonisateurs. Cette allégorie de la nation coloniale dispensatrice de bienfaits est développée sur les murs de la salle des fêtes située au centre du bâtiment. Sur le mur du fond, au-dessus de l’estrade, la France pacificatrice, une colombe dans la main gauche, est drapée d’un manteau rouge doublé d’hermine. Elle tend sa main droite vers la figure féminine de l’Europe. Les quatre continents sont symbolisés par quatre femmes, c’est-à-dire traités comme des entités indifférenciées mais pourvues d’attributs, laissant volontairement de côté l’existence des délimitations politiques contemporaines. L’Afrique, sans autre attribut qu’une coiffe de plumes inventée par l’artiste, est entourée de femmes portant des jarres de bière de mil. Elle tourne ses regards vers une Asie chargée de références religieuses qu’incarne une danseuse indianisante assise comme l’Afrique sur un éléphant et accompagnée de porteuses d’offrandes. L’Océanie, stéréotype de la vahiné drapée d’un paréo, est allongée sur un cheval marin. Elle fait pendant à l’Amérique, représentée par une femme blanche aux cheveux courts (les États-Unis d’Amérique) qui soutient la maquette d’un building, incarnation de la modernité de cette nation. Les six figures représentées sont reliées par un luxuriant décor végétal traité à la manière d’une tapisserie que troue en son centre une échappée bleue sur laquelle se détachent les voiles blanches de navires européens. Au milieu des autres figures allégoriques, les indigènes œuvrent dans un paysage transformé et ordonné par la civilisation en un vaste champ productif où règnent les figures occidentales du médecin, du missionnaire, de l’ingénieur et du technicien.

L’évolutionnisme social et la hiérarchie des races comme fondement de l’entreprise coloniale

Le dogme d’un évolutionnisme social fondé sur une hiérarchie des races, fondement de la supériorité des civilisations modernes et justification de l’expansion coloniale, était placé en exergue de la section de synthèse du musée. Les « types caractéristiques des grandes races indigènes qui peuplent nos colonies » étaient rapportés à une échelle de races plus ou moins « assimilables » ou « éducables ». Ce dogme scientiste, admis par une grande part de la classe politique et de l’opinion de l’époque, constitue le fondement d’une idéologie coloniale qui ne laisse aucune place à la représentation des cultures indigènes, cultures dont le destin est d’être assimilées par le travail de conversion des missions et par l’œuvre d’éducation de la nation colonisatrice. Le programme politique qui soutenait l’organisation de cette exposition nous apparaît désormais comme une construction idéologique et mystificatrice dont nous avons du mal à imaginer qu’elle a pu séduire quelques millions de visiteurs en l’espace de six mois. Comme le rappelle l’historien Charles-Robert Ageron, cette exposition « rejetée et combattue par la gauche socialiste et communiste, minimisée ou dédaignée par la bourgeoisie libérale, vite oubliée par le peuple, ressuscitée enfin comme mythe compensateur par la droite nationaliste, ne saurait être désignée comme un mémorial de la République » [Charles-Robert Ageron, « L’Exposition coloniale de 1931 » in Pierre Nora (sous la direction de), Les Lieux de mémoire, tome I « La République », Paris, Gallimard, 1984.]. Confrontée au programme politique et idéologique qui sous-tendait sa réalisation, elle apparaît aujourd’hui comme une contre-mémoire des valeurs républicaines et comme une forme de mise en scène d’un discours nationaliste qui a tenté de construire une image de la pérennité de la nation sur une vision idéalisée de l’entreprise coloniale portée par un libéralisme économique, idéologie triomphante et triomphaliste, au moment où l'histoire et la conjoncture internationale venaient en démentir les fondements.

Les Fresques du Palais de la Porte Dorée

Charles-Robert AGERON L’exposition coloniale de 1931, mythe républicain ou mythe impérial ? in Pierre Nora (sous la direction de), Les Lieux de mémoire, tome I « La République »Paris, Gallimard, 1984, rééd.coll.« Quarto », 1997.

Raoul GIRARDET L’Idée coloniale en France Paris, La Table Ronde, 1972, rééd. Hachette coll. « Pluriel », 1978.

Michel WINOCK Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France Paris, Seuil, 1987.

Allégorie : Représentation figurée d’une idée abstraite.

Marie-Hélène THIAULT, « L'Exposition coloniale et son musée », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/exposition-coloniale-son-musee

La fresque sur le site du musée la Porte dorée

Anonyme (non vérifié)

fresque superbe,Henri Pierre Ducos de la Haille,et de mon grand pere Etienne Hauville

mer 02/03/2011 - 18:01 Permalien

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