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Cour de ferme en Normandie.

Cour de ferme en Normandie.

Auteur : MONET Claude

Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web

Date de création : vers 1863

Date représentée :

H. : 65,2 cm

L. : 81,5 cm

huile sur toile

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojeda

Lien vers l'image

RF 3703 - 11-564968

Une ferme sous le Second Empire

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Ivan JABLONKA

Sous le Second Empire, l’économie rurale connaît son âge d’or. Cette période de prospérité profite aux fermiers petits et moyens qui peuplent le bocage.

Le « bocage » désigne une structure agraire originale, dans laquelle la propriété, souvent en herbages, est entourée de clôtures ou de haies vives ; les régions bocagères sont pour la plupart des pays humides et d’habitat dispersé, où le bois est omniprésent, comme la Bretagne, la Vendée, l’Anjou, le Maine, le Bas Poitou et la Normandie.

La clôture s’oppose au système de la vaine pâture et aux traditions de travail en commun qu’on trouve en pays d’openfield, dans la mesure où « clôturer, c’est se soustraire à la communauté » (G. DUBY, A. WALLON (dir.), Histoire de la France rurale, t. III, Apogée et crise de la civilisation paysanne, 1789-1914, Seuil, 1976, p. 267).

Cette ferme verdoyante a presque toutes les caractéristiques de l’habitation cauchoise typique, avec sa cour ouverte plantée de pommiers, sa mare en contrebas, ses bâtiments d’exploitation et ses haies. Le vert de la toile révèle une herbe grasse, bonne à brouter ; le ciel blanc qui s’ouvre au-dessus des frondaisons viendra bientôt remplir d’eau de pluie la mare.

C’est aujourd’hui un jour ordinaire : le fermier est allé puiser de l’eau avec son fils, tandis que les animaux se nourrissent tranquillement dans l’enclos. Toute la surface a été cédée aux bêtes.

Le terrain est occupé à gauche par une maison de pierre et une autre, plus au fond, en colombage à poutres horizontales. Le toit, en chaume, est périssable et extrêmement dangereux en cas d’incendie.

Ce tableau offre un témoignage précieux sur la vie quotidienne des paysans dans le bocage normand. Ce dernier, mis en place au cours du XVIe siècle (comme en Angleterre où le mouvement des enclosures s’affirme sous Élisabeth Ire), se consolide au XIXe siècle lorsque les régions des massifs anciens se spécialisent dans l’élevage sous l’effet de l’accroissement de la demande urbaine. Le Calvados compte 200 000 bovins au début de la monarchie de Juillet, pour atteindre son maximum vers 1866.

Mais, fondamentalement, la région pratique une polyculture traditionnelle : comme dans cette ferme, les paysans normands entretiennent des prairies pour y élever leurs bovins et leurs animaux de basse-cour, lesquels alimentent l’autoconsommation et un petit commerce de lait, d’œufs et de fromages.

Le bocage implique donc à la fois un système d’exploitation et un mode de vie. La toile de Monet en perpétue le souvenir, à l’heure où, dans l’Ouest français, les haies disparaissent, les fossés sont comblés et les talus arasés.

Gabriel DÉSERT, Une société rurale au XIXe siècle. Les paysans du Calvados, 1815-1895, New York, Arno Press, 1977.

Pierre FRANCASTEL, L’Impressionnisme, Paris, Denoël-Gonthier, coll. « Bibliothèque Médiations », 1974.

Jean-Luc MAYAUD, La Petite Exploitation rurale triomphante. France, XIXe siècle, Paris, Belin, 1999.

Jules SION, Les Paysans de la Normandie orientale, Paris, A. Colin, 1909.

Jean-René TROCHET, Aux origines de la France rurale. Outils, pays et paysages, Paris, Éditions du CNRS, coll. « Mémoires et documents de géographie », 1993.

Ivan JABLONKA, « Une ferme sous le Second Empire », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/ferme-second-empire

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