Aller au contenu principal
La France signant les préliminaires d'un traité de paix.

La France signant les préliminaires d'un traité de paix.

Auteur : ANONYME

Lieu de conservation : L’Illustration (Paris)

Date de création : 1871

Date représentée : 26 février 1871

Publiée dans l'Illustration, le 11 mars 1871. gravure publiée dans l'Illustration.

Domaine : Estampes-Gravures

© L'illustration - droits réservés

Ill 1871-1-140

L'image de l'Allemand en 1870

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Laurent VÉRAY

Après une série de défaites militaires face à la Prusse, et le désastre de Sedan le 1er septembre 1870, Napoléon III est fait prisonnier et doit se rendre à l’ennemi. Trois jours plus tard, la IIIe République est proclamée, et un gouvernement républicain, dit de la Défense nationale, est mis en place. Dans un sursaut patriotique, ce nouveau régime décide de poursuivre la lutte armée contre l’invasion ennemie. Mais le 28 janvier 1871, Paris capitule. Le lendemain un armistice est signé.

Il s’agit d’une gravure qui a été publiée dans la revue populaire L’Illustration, le 11 mars 1871. C’est une représentation hautement symbolique des préliminaires de paix (qui déboucheront sur le traité de Francfort du 10 mai 1871) signés par la France et la Prusse à Versailles le 26 février 1871. Bismarck, l’empereur Guillaume Ier et des généraux inquiétants et menaçants font face à une femme qui représente la République. Cette dernière, l’air abattu, signe contrainte et forcée un document avec une plume. Au même moment, sur la droite de l’image, des soldats, notamment un uhlan (ces redoutables cavaliers frappent les esprits au point qu’ils incarnent bien souvent aux yeux des Français de l’époque toute la férocité guerrière de l’ennemi), enlèvent avec brutalité deux de ses enfants effrayés et éplorés (deux autres enfants sont morts à ses pieds) personnifiant les provinces perdues (l’Alsace et la Lorraine). Cette allégorie, dramatisée par la noirceur du support, est un modèle du genre. C’est un condensé de symboles, une compilation de tous les traits négatifs généralement attribués aux Prussiens : violence, sauvagerie, vandalisme et pillage y sont exprimés. On voit en effet des soudards qui menacent la République avec un poignard, un pistolet et une torche enflammée. Au premier plan, à gauche de l’image, on distingue aussi d’autres soldats qui remplissent des caisses d’objets précieux volés, illustrant ainsi les saccages et les pillages dont on accuse les Prussiens dans les territoires envahis.

Cette gravure caractéristique exprime toute la gravité de la situation. Elle montre, à sa façon, combien la défaite française et ses conséquences (notamment les Provinces perdues) constituent un choc terrible, vécu comme une humiliation par la nation. Bien sûr, ce genre de représentation ne touche à l’époque qu’une faible proportion de la population (les deux tiers des gens vivent à la campagne) : ceux qui ont accès aux journaux illustrés (réservés à un public relativement aisé compte tenu de leur prix). Néanmoins, avec les progrès de l’édition, l’essor de la presse et des supports culturels de grande diffusion, de telles images vont se multiplier par la suite et connaître un fort retentissement dans l’opinion publique. Transmises et consolidées par une masse de témoignages toujours présentés comme irréfutables, les représentations répulsives du Prussien commettant les exactions les plus infâmes (prises d’otages, exécutions sommaires, incendies de villages...) deviennent les seules références le concernant. Elles contribuent alors, parmi d’autres formes de propagande, à façonner les imaginaires, à marquer la mémoire collective des Français. D’ailleurs, elles ne sont pas l’apanage des publications populaires puisqu’elles sont également propagées par l’école laïque et républicaine. Ainsi, comme le signale avec justesse Pierre Nora, le tableau caricatural de l’Allemand, tel qu’il ressort des ouvrages d’Ernest Lavisse, n’a guère changé de 1872 à 1914. Dès lors, la haine envers l’ennemi héréditaire se développe et s’enracine pour longtemps. Cette hostilité durable devient même une des composantes fondamentales du sentiment patriotique.

Stéphane AUDOUIN-ROUZEAU 1870, la France dans la guerre Paris, Armand Colin, 1989.Jean-Jacques BECKER, Stéphane AUDOUIN-ROUZEAU La France, la nation, la guerre : 1850-1920 Paris, SEDES, 1995.Pierre NORA « Lavisse, instituteur national » in Les Lieux de la mémoire , tome I, La République Paris, Gallimard, 1984.Ouriel RESHEF Guerre, mythes et caricature Paris, Presse de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1984.François ROTH La Guerre de 1870 Paris, Fayard, 1990.Stéphane AUDOUIN-ROUZEAU 1870, la France dans la guerre Paris, Armand Colin, 1989.Jean-Jacques BECKER, Stéphane AUDOUIN-ROUZEAU La France, la nation, la guerre : 1850-1920 Paris, SEDES, 1995.Pierre NORA « Lavisse, instituteur national » in Les Lieux de la mémoire , tome I, La République Paris, Gallimard, 1984.Ouriel RESHEF Guerre, mythes et caricature Paris, Presse de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1984.François ROTH La Guerre de 1870 Paris, Fayard, 1990.

Laurent VÉRAY, « L'image de l'Allemand en 1870 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/image-allemand-1870

Anonyme (non vérifié)

Merci pour votre site qui est toujours passionnant !
Mais peut-être une erreur à vous signaler dans ce tableau : je ne crois pas que Guillaume 1er y soit représenté. En revanche, le personnage debout à gauche de Bismarck, avec le casque à pointe, pourrait bien être Helmut von Moltke. Le visage est assez ressemblant, et sa présence a du sens vu son rôle dans la guerre et les négociations qui ont suivi.

mer 01/08/2018 - 12:38 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

L'allégorie sous le Consulat

L'allégorie sous le Consulat

Après le coup d’Etat des 18 et 19 brumaire an VIII (9-10 novembre 1799), qui transformait la République française, jusqu’alors gouvernement…

L'allégorie sous le Consulat
L'allégorie sous le Consulat
L'allégorie sous le Consulat
Le siège de Lille (septembre-octobre 1792)

Le siège de Lille (septembre-octobre 1792)

Le 20 avril 1792, sur la proposition du roi Louis XVI, l’Assemblée législative déclare la guerre à l’empereur d’Autriche et engage ainsi la France…

L'Alsace. Elle attend

L'Alsace. Elle attend

La perte de l’Alsace-Lorraine

La guerre de 1870 se conclut, le 10 mai 1871, par la signature du traité de Francfort. La France, vaincue, cède au…

Henri IV et la paix

Henri IV et la paix

Depuis 1562 la France est plongée dans des guerres de religion. La mort de François duc d’Anjou en 1584, dernier frère d’Henri III lui-même sans…

L’emprunt de la libération de 1918

L’emprunt de la libération de 1918

Combler les déséquilibres financiers du premier conflit mondial

Durant le premier conflit mondial, la France a financé son effort de guerre par l…

L’emprunt de la libération de 1918
L’emprunt de la libération de 1918
Le triomphe de Juliers

Le triomphe de Juliers

Le portrait équestre de Marie de Médicis

Le programme préparatoire négocié en 1622 entre le peintre Rubens et l’entourage de Marie de Médicis…

Rouget de Lisle composant la Marseillaise

Rouget de Lisle composant la Marseillaise

Le 20 avril 1792, la France en révolution entre en guerre contre l’Europe des monarques coalisés. Quelques jours plus tard, le maire de Strasbourg…

L’Apothéose de Napoléon III

L’Apothéose de Napoléon III

Le développement du rationalisme scientifique au XVIIIe siècle a entraîné le déclin de l’allégorie dans l’art. Victime de l’air du temps qui…

Henri IV, le premier roi « médiatique » de l’histoire de France

Henri IV, le premier roi « médiatique » de l’histoire de France

Dans sa (re)conquête du pouvoir après l’assassinat d’Henri III le 2 août 1589 sous le couteau de Jacques Clément, Henri IV a su accompagner…

Henri IV, le premier roi « médiatique » de l’histoire de France
Henri IV, le premier roi « médiatique » de l’histoire de France
Conseil économique du travail

Conseil économique du travail

Pour une démocratie économique

Lors du premier conflit mondial, la CGT se révèle un partenaire efficace de l'Union sacrée. Forte de cette…