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Madame Récamier.

Madame Récamier.

Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web

Date de création : 1800

Date représentée : 1800

H. : 175 cm

L. : 243 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot

http://www.photo.rmn.fr

02-013860 / INV 3708

Madame Récamier

Date de publication : Août 2009

Auteur : Nathalie de LA PERRIÈRE-ALFSEN

Madame Récamier

Madame Récamier

Fille d’un notaire promu conseiller de Louis XVI, Jeanne Bernard (qui se fait appeler Juliette) épouse en 1793, à quinze ans, le banquier Jacques-Rosé Récamier, lyonnais lui aussi, dont la fortune est due aux saisies révolutionnaires et aux tripots du Directoire. Il est l’un des banquiers qui assurera l’emprunt contracté par Napoléon Bonaparte pour son coup d’Etat du 18 Brumaire (9 novembre 1799) et qui organisera le financement du nouveau régime.
Au moment où David exécute son portrait, Juliette Récamier a 23 ans. Célèbre pour sa beauté et son esprit, elle réunit la brillante société parisienne dans son hôtel particulier de la rue du Mont-Blanc (aujourd’hui rue de la Chaussée-d’Antin) où elle rencontre fin 1800 sa grande amie, Germaine de Staël, avant de faire la connaissance quelques années plus tard de Benjamin Constant. Bientôt considéré comme l’un des principaux foyers de l’opposition au Premier consul Bonaparte, son salon est fermé en 1803 sur ordre du gouvernement.

David réalise un portrait sans décor ni artifice. Madame Récamier est à demi étendue sur une méridienne, vêtue d’une robe blanche, bras et pieds nus ; elle se tourne pour regarder le peintre et c’est grâce à ce mouvement du torse et à ce regard qu’elle échappe à la pose, au risque de n’être qu’une beauté abstraite. Le haut de la lampe, un candélabre pompéien, marque le départ d’une diagonale qui suit la ligne du corps et donne à la composition son équilibre. La mode est alors à l’antique, dans le vêtement et dans le mobilier, traités ici de façon spartiate. David, d’abord connu comme portraitiste minutieux des notables de l’Ancien Régime (portrait de Lavoisier), réalise cette fois un portrait à la psychologie subtile et peint un tableau au « singulier mélange de réalisme et d’idéal », selon Delacroix.
Par la volonté du peintre, le tableau demeure inachevé. Malgré les raisons qui ont poussé David à dire à sa commanditaire : « Madame, les femmes ont leurs caprices, les artistes aussi. Laissez-moi satisfaire le mien. Je laisse votre portrait dans l’état où il se trouve », le portrait est parfait et son inachèvement même est devenu esthétique.

Il s’agit d’un portrait idéal d’une époque qui s’exprime à travers une simplicité recherchée, un goût raffiné. Madame Récamier représente la « nouvelle société » issue du coup d’Etat. Symbole même de l’ascension sociale, c’est l’image de la grande bourgeoisie, l’image d’un monde neuf, sans origines, qui cherche à s’imposer en exploitant des valeurs et des représentations issues de l’Antiquité. Une Antiquité dont Napoléon détournera à son profit l’idéal primitif pour en faire un art de propagande en même temps qu’un style décoratif pompeux.

André CHASTEL, L’Art français, tome IV « Le temps de l’éloquence : 1775-1825 », Flammarion, 1995, rééd. 2000.

Edouard HERRIOT, Madame Récamier et ses amis, Paris, Gallimard, 1949.

Françoise WAGENER, Madame Récamier : 1777-1849, Paris, Lattès, 1985.

Jacques-Louis David : 1748-1825, catalogue de l’exposition organisée au Grand Palais en 1989-1990, Paris, RMN, 1989.

Nathalie de LA PERRIÈRE-ALFSEN, « Madame Récamier », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/madame-recamier

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