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Musée des Monuments français, dessin de Vauzelles, cloître.

Musée des Monuments français, dessin de Vauzelles, cloître.

Musée des Monuments français, salle du XVe siècle.

Musée des Monuments français, salle du XVe siècle.

Musée des Monuments français, salle du XVIe siècle.

Musée des Monuments français, salle du XVIe siècle.

Musée des Monuments français, dessin de Vauzelles, cloître.

Musée des Monuments français, dessin de Vauzelles, cloître.

Auteur : LENOIR Alexandre

Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web

Date représentée :

Domaine : Dessins

© Photo RMN - Grand Palais - D. Arnaudet

http://www.photo.rmn.fr

79EE747/RF 5279, fol. 34

Le musée des Monuments français d’Alexandre Lenoir

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Charlotte DENOËL

Lenoir, créateur du musée des Monuments français

Pendant la Révolution, la Constituante décida de mettre les biens du clergé à la disposition de la nation (2 novembre 1789). Cette mesure, bientôt élargie aux biens de la Couronne et des émigrés, entraîna la création de dépôts habilités à recevoir ces nouveaux trésors nationaux.

En 1790, le couvent des Petits-Augustins fut chargé par la Commission des monuments d’accueillir les statues provenant des fondations religieuses. Alexandre Lenoir, un jeune peintre, en reçut la garde l’année suivante. Aussitôt, il s’efforça de préserver les monuments des flambées iconoclastes, en les installant dans son dépôt. Le 21 octobre 1795, il obtint l’autorisation de transformer son dépôt en musée historique et chronologique de la sculpture française.

Une mise en scène spectaculaire de l’art monumental

Le cœur du musée conçu par Alexandre Lenoir se composait, dans sa version définitive, de plusieurs salles où des œuvres sculptées médiévales et modernes étaient présentées suivant un classement chronologique. D’autres lieux d’exposition venaient compléter ce panorama de l’art français : outre les deux cours et le jardin intérieur qui contenaient des vestiges archéologiques de toutes les époques, le caveau et le cloître proposaient un aperçu de la sculpture du Moyen Âge.

Les collections étaient constituées, dans leur grande majorité, de monuments funéraires provenant de l’abbaye de Saint-Denis ou d’églises parisiennes et de bustes de personnages célèbres, auxquels s’ajoutaient des œuvres commandées à des artistes contemporains. Lenoir s’investit tout entier dans la réalisation de ce musée, auquel il donna une touche très personnelle.

Les dessins représentant le cloître et les salles du XVe et du XVIe siècle permettent d’apprécier l’originalité de son projet : non seulement le classement des œuvres par époques et styles a contribué à la redécouverte de l’art médiéval, mais l’atmosphère particulière propre à chaque salle constituait une véritable leçon d’histoire.

Ainsi, la salle du XVe siècle qui contient le tombeau en marbre de Louis d’Orléans a reçu une décoration luxueuse, dans le goût de l’époque qu’elle représente : fonds violet et bleu, encadrements dorés, légende carminée, colonnes ornées de chapiteaux et de piédestaux arabesques provenant d’un portique de l’église Saint-Peyre de Chartres…

De même, dans la salle du XVIe siècle, où, d’après le conservateur, sont rassemblés les plus grands chefs-d’œuvre de l’art français, parmi lesquels le tombeau de Louis XII et d’Anne de Bretagne, les plafonds sont décorés d’arabesques, de salamandres, de chiffres enlacés et de devises, motifs très prisés à cette époque.

Prenant en compte les attentes des visiteurs, Lenoir créa un parcours muséal varié et ménagé différents modes de visite : les œuvres font l’objet d’une mise en scène spectaculaire destinée à satisfaire le goût d’un large public, chaque salle se distingue des autres par son décor, et les visiteurs peuvent soit suivre le circuit convenu à travers les époques de l’art, soit laisser libre cours à leur rêverie dans le cloître du couvent ou le jardin anglais que l’on aperçoit depuis la salle du XVe siècle. Ainsi l’aménagement intérieur s’inscrit-il dans un projet muséographique cohérent, qui propose une vision à la fois globale et spectaculaire de l’art monumental français et accorde une valeur à la notion de style, selon le schéma de Winckelmann.

Un projet muséographique novateur et ambitieux

Plusieurs objectifs ont présidé à la création du musée des Monuments français. Désireux de soustraire les œuvres d’art au vandalisme révolutionnaire, le conservateur avait l’ambition de constituer un musée-panthéon, sur le modèle de l’abbaye de Westminster.

Il est le premier à avoir pris en compte la valeur historique du monument, qui a pour fonction non seulement de rendre hommage aux personnalités, mais aussi d’exprimer la mémoire du pays.

Cette conception du musée comme lieu de mémoire se double d’une vocation pédagogique. Lenoir se proposait en effet d’esquisser une nouvelle histoire de la nation française, en élaborant un fonds de culture adapté à une ère nouvelle, où l’idéal révolutionnaire d’un homme nouveau et la hantise du mythe des origines s’inscrivent en filigrane.

L’éventail de figures historiques célèbres, soigneusement sélectionnées, était destiné avant tout à l’instruction et à l’enseignement public. C’est pourquoi Lenoir disposa les œuvres suivant un classement chronologique, de manière à esquisser une histoire raisonnée de la sculpture à travers les siècles et à dégager des principes scientifiques.

Cependant, malgré sa célébrité, cette réalisation n’eut qu’une existence éphémère : sous la Restauration, devant la triple opposition des catholiques, des royalistes et des tenants de la tradition académique, Lenoir fut contraint de fermer son établissement en 1816. Ce dernier servit néanmoins de modèle pour la création du musée des Sculptures comparées au Trocadéro en 1879.

Antoine de BAECQUE, Françoise MELONIO, Histoire culturelle de la France, t. 3, Lumières et liberté, les dix-huitième et dix-neuvième siècles, Paris, Seuil, 1998.

Alexandre LENOIR, Musée impérial des Monuments français, Paris, 1810.

Dominique POULOT, Musée, Nation, Patrimoine, 1789-1815, Paris, Gallimard, 1997.

Nora Pierre Roland SCHAER, « Alexandre Lenoir et les musées des monuments français », dans L’Invention des musées, Paris, Gallimard – Réunion des musées nationaux, 1993.

Charlotte DENOËL, « Le musée des Monuments français d’Alexandre Lenoir », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/musee-monuments-francais-alexandre-lenoir

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