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Mariage du prince Eugène de Beauharnais et de la princesse Amélie de Bavière à Munich, 13 janvier 1806.

Mariage du prince Eugène de Beauharnais et de la princesse Amélie de Bavière à Munich, 13 janvier 1806.

Mariage du prince Jérôme Bonaparte et de la Princesse Frédérique Catherine de Wurtemberg.

Mariage du prince Jérôme Bonaparte et de la Princesse Frédérique Catherine de Wurtemberg.

Mariage du prince Eugène de Beauharnais et de la princesse Amélie de Bavière à Munich, 13 janvier 1806.

Mariage du prince Eugène de Beauharnais et de la princesse Amélie de Bavière à Munich, 13 janvier 1806.

Date de création : 1808

Date représentée : 13 janvier 1806

H. : 180,5 cm

L. : 222,5 cm

huile sur toile. Personnages représentés : Eugène de Beauharnais, Augusta-Amélie de Bavière, Napoléon Ier, Joséphine de Beauharnais, Joachim Murat.

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot / Jean Schormans

Lien vers l'image

MV 1716 - 83-000101

Napoléon et la politique des alliances

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Jérémie BENOÎT

La politique internationale de Napoléon visant à asseoir sa dynastie le conduisit à se créer des alliés parmi les nouveaux souverains et à s’assurer leur amitié par d’habiles mariages arrangés diplomatiquement.

Beaucoup de mariages napoléoniens ne réussirent pas. Ce fut le cas en particulier du mariage de son frère Louis avec Hortense de Beauharnais, fille du premier lit de l’impératrice Joséphine. D’autres en revanche fondèrent de véritables dynasties, comme le mariage du prince Eugène, frère de la reine Hortense, avec Auguste-Amélie, fille du nouveau roi de Bavière. La descendance de ce mariage réussi se perpétue encore aujourd’hui dans les dynasties royales scandinaves.

Le tableau de Ménageot

Œuvre tardive d’un peintre de quatre ans l’aîné de David, ancien élève de Deshays et de Boucher, qui se rallia au néoclassicisme dans un style assez moelleux, le tableau évoque en arrière-plan un épisode diplomatique très important : l’union du royaume de Bavière au royaume d’Italie, dont le prince Eugène était vice-roi. Il s’agissait par cette alliance de bloquer aux Autrichiens les passages situés de part et d’autre des Alpes.

Le mariage civil du prince Eugène et de la princesse Auguste-Amélie de Bavière fut célébré dans la galerie Verte de la résidence de Munich. Face à Napoléon et Joséphine, mère du prince Eugène, et aux nouveaux souverains de Bavière, Maximilien-Joseph et son épouse, s’avance le nouveau couple. Derrière eux se tient assis le baron de Dalberg, en costume ecclésiastique, bientôt prince-primat de la Confédération du Rhin. C’est lui qui célébrera le mariage religieux.

Le mariage de ces deux jeunes princes constitue la première des actions qu’entreprit l’Empereur pour intégrer sa dynastie dans les familles régnantes d’Europe, avant que lui-même n’épousât Marie-Louise. Ce mariage sera suivi en avril 1806 par celui de Stéphanie de Beauharnais avec le prince héritier de Bade, puis, en 1807, par celui de Jérôme, le plus jeune frère de Napoléon, avec Catherine de Wurtemberg.

Malgré cet arrière-plan diplomatique, l’œuvre de Ménageot se présente comme une simple image très maladroite, d’où toute solennité est absente. Une lumière froide, des couleurs acidulées, une composition d’un strict profil, accusent encore la faiblesse de cet artiste vieillissant qui avait longtemps été directeur de l’Académie de France à Rome.

Le tableau de Régnault

Le mariage de Jérôme Bonaparte avec Catherine de Wurtemberg résulta lui aussi d’un calcul politique. Le royaume de Westphalie, dont Jérôme fut roi, avait été constitué en prenant des territoires à la Prusse en particulier. Ce fut ainsi l’ensemble de l’Allemagne qui se trouva définitivement aux mains de l’Empereur, bloquant toute tentative d’invasion de la France par la Prusse ou la Russie. L’alliance entre les nouveaux royaumes de Wurtemberg et de Westphalie était donc essentielle pour garantir la sécurité de la France.

La scène se déroule dans la galerie de Diane aux Tuileries, juste avant la signature du contrat de mariage.

Regnault fut sans doute le seul peintre avec David à avoir su transformer les sujets napoléoniens en chefs-d’œuvre. Comparé au précédent, ce tableau en est bien un, d’abord par l’habileté de sa composition qui déplace le point de vue en le faisant tourner. C’est à la beauté des matières, aux soieries, aux broderies, que s’est attaché l’artiste, élève et rival de David. L’ample composition, où Regnault eut l’idée de couper le dais pour s’en servir comme d’une draperie, est un prétexte à développer le faste du cérémonial impérial.

En petit costume (voir le tableau de Goubaud), Napoléon, aux côtés de l’impératrice Joséphine, accueille son jeune frère à qui il a donné la main de la fille du nouveau roi Frédéric de Wurtemberg. Napoléon ne présente pas ici la passivité habituelle des tableaux de ce genre. Entre les deux frères apparaît Madame Mère, Letizia Ramolino, et, formant comme une haie d’honneur autour du cortège qui s’avance, se tiennent les sœurs et les frères de Napoléon et de Jérôme, ainsi que Julie Clary, épouse de Joseph, la reine Hortense, Stéphanie de Beauharnais et le prince Eugène, ainsi que Félix Baciocchi, époux d’Élisa, le prince Camille Borghèse, époux de Pauline, et Murat, mari de Caroline, sans oublier le cardinal Fesch.

C’est donc tout le « clan » Bonaparte qu’a brillamment représenté le peintre dans ce tableau de famille qui, malgré son caractère officiel, laisse la fraternité s’exprimer entre les deux principaux protagonistes.

Ces deux tableaux ne sont a priori que des images plus ou moins brillantes d’événements de l’époque impériale. Mais comme souvent avec les sujets napoléoniens, une problématique beaucoup plus importante les sous-tend, en l’occurrence des questions diplomatiques liées à la sûreté de l’État.

Toutefois, ce ne sont pas ici les qualités du héros qui sont déclinées, mais ses conceptions politiques de refonte de l’Europe. En ce sens, c’est moins Napoléon lui-même qui fait le sujet de ces tableaux que les rapports entre souverains.

Claire CONSTANS, Musée national du château de Versailles. Les peintures, Paris, 2 vol., RMN, 1995.

Roger DUFRAISSE, Michel KERAUTRET, La France napoléonienne. Aspects extérieurs, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 1999.

Georges LACOUR-GAYET, Napoléon, sa vie, son œuvre, son temps, Paris, Hachette, 1921.

Georges LEFEBVRE, Napoléon, Paris, PUF, 1969.

Eudore SOULIE, Notice du musée de Versailles, 4 vol., Paris, Mourgues Frères, 1861-1881.

Jean TULARD (dir.), Dictionnaire Napoléon, Paris, Fayard, 1987.

Jean TULARD (dir.), L’Histoire de Napoléon par la peinture, Paris, Belfond, 1991.

Jean TULARD, Louis GARROS, Itinéraire de Napoléon au jour le jour. 1769-1821, Paris, Tallandier, 1992.

COLLECTIF, De David à Delacroix, catalogue de l’exposition au Grand Palais, Paris, 1974-1975.

COLLECTIF, Dominique Vivant Denon. L’œil de Napoléon, catalogue de l’exposition au Louvre, Paris, Réunion des musées nationaux, 1999.

Jérémie BENOÎT, « Napoléon et la politique des alliances », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/napoleon-politique-alliances

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