Aller au contenu principal
Le drapeau nazi flotte sur l'Arc de Triomphe.

Le drapeau nazi flotte sur l'Arc de Triomphe.

Date de création : 1940

Date représentée : 14-juin-40

Photographie

© BPK, Berlin, Dist RMN - Grand Palais - image BPK

http://www.photo.rmn.fr

04-505747

« Paris outragée »

Date de publication : Mars 2012

Auteur : Alexandre SUMPF

Le premier drapeau

Le 14 juin 1940 au petit matin, les Allemands pénètrent dans Paris, déclarée ville ouverte. Un cessez-le-feu est signé, sous la menace de bombardements de la capitale. Tous les drapeaux français sont alors retirés des édifices et remplacés par des drapeaux nazis.

C’est notamment le cas sur l’Arc de triomphe qui, le premier, voit flotter la croix gammée. Si la bannière est finalement enlevée à la fin de la journée, elle retrouve sa place à différentes occasions après l’armistice du 22 juin, la visite d’Hitler, les défilés militaires et autres commémorations constituant autant d’opportunités de rappeler la victoire nazie et la réalité de l’occupation, et ce jusqu’en 1944.

La photographie anonyme « Le drapeau nazi flotte sur l’Arc de Triomphe » date vraisemblablement du 14 juin, même s’il est aussi possible qu’elle ait été prise plus tard dans l’année, à l’occasion d’une de ces cérémonies. Cette image, qui est également utilisée par les actualités filmées du régime, va connaître une diffusion mondiale renforçant encore sa portée politique et sa valeur symbolique.

Emblèmes

Prise du haut du monument dont on voit quelques détails au premier plan, « Le drapeau nazi flotte sur l’Arc de Triomphe » est une image très suggestive.

Tourné vers le sud, le photographe ne prend pas les Champs-Élysées, mais l’avenue Marceau (visible en contrebas) déserte. De ce fait, la vue sur Paris qui s’étend jusqu’à l’arrière-plan embrasse la tour Eiffel, aisément reconnaissable malgré une légère brume. Un Paris vide ou presque, puisque mis à part quelques badauds et passants, seule l’entrée du rond-point accueille une sorte de délégation militaire (les figures visibles en bas sont en rang) assez mince.

Sur ce fond très pittoresque (toits des bâtiments, arbres en feuilles, carrefours) et mondialement connu, la hampe et le drapeau portant la croix gammée semblent presque venir se planter non seulement sur le monument, mais aussi sur le décor. Tandis que la netteté de la bande de tissu et de l’emblème (permise par la mise au point du photographe) s’oppose à un Paris plus diffus, le ton sombre de la longue bannière qui fait ressortir le symbole nazi évoque aussi un linceul.

Le « Triomphe » nazi


Construit de 1808 à 1835 à l’initiative de Napoléon, l’Arc de triomphe est évidemment un édifice hautement symbolique. Destiné à célébrer la victoire d’Austerlitz et tous les succès militaires français, il devient une prise de choix pour les nazis. En plantant leur drapeau sur ce monument de gloire militaire, ils s’inscrivent dans la tradition des plus hauts faits d’armes (napoléoniens), tout en montrant leur supériorité sur cette France jadis victorieuse (au XIXe siècle, mais aussi en 1918) et en affirmant leur première place dans le panthéon militaire. Humiliation suprême pour les vaincus, le drapeau concrétise une forme de souveraineté du signe et du symbole, corrélative à la domination concrète.

« Le drapeau nazi flotte sur l’Arc de Triomphe » constitue une image saisissante et marquante. Directement compréhensible par un public presque universel (d’où le choix de la tour Eiffel), elle suggère une emprise nouvelle. La longue bannière pend en effet plus qu’elle ne flotte, et le choix de cette pesanteur évoque bien le recouvrement (presque mortuaire) de la Ville lumière par un nouveau maître, une nouvelle ombre.

AZEMA, Jean-Pierre, De Munich à la Libération, 1938-1944, Paris, Éditions du Seuil, 1979.AZEMA, Jean-Pierre et WIEVIORKA, Olivier, Vichy, 1940-1944, Paris, Perrin, 1997.EPARVIER, Jean, À Paris sous la botte des nazis, Paris, Éditions Raymond Schall, 1944.LABORIE, Pierre, Les Français sous Vichy et l'Occupation, Paris, Milan, 2003.PAXTON, Robert, La France de Vichy, 1940-44, Paris, Éditions du Seuil, 1973.

Alexandre SUMPF, « « Paris outragée » », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/paris-outragee

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Duel architectural à l’Exposition universelle de Paris de 1937

Duel architectural à l’Exposition universelle de Paris de 1937

Guerre ou paix ?

Le photographe Fernand Baldet (1885-1964) a réalisé au moins 41 prises lors de ses quatre visites (du 19 septembre au 31 octobre…

La Vénus encordée

La Vénus encordée

Images de l’évacuation des œuvres

En 1938, la crainte de la guerre et des bombardements entraîne une grande opération de déménagement des œuvres…

La Vénus encordée
La Vénus encordée
Faute de main

Faute de main

Sport et propagande

Le 15 mai 1938, certains journaux allemands et britanniques consacrent leur une à un événement sportif dépassé par son enjeu…

« Paris outragée »

« Paris outragée »

Le premier drapeau

Le 14 juin 1940 au petit matin, les Allemands pénètrent dans Paris, déclarée ville ouverte. Un cessez-le-feu est signé, sous la…

L’affiche rouge

L’affiche rouge

Une opération de propagande d’envergure

Constitué et organisé entre la fin de l’année 1942 et février 1943, le réseau Manouchian fait partie du…

L’"Ange soldat" de Paul Klee

L’"Ange soldat" de Paul Klee

En exil sur sa terre natale

En 1940, Paul Klee est un artiste exilé dans le pays qui l’a vu naître soixante et un ans plus tôt. Né Allemand en…

La Grande Galerie abandonnée

La Grande Galerie abandonnée

La protection des collections des musées pendant la guerre

En septembre 1939, le photographe Marc Vaux (1895-1971) réalisa un reportage au musée du…

Hitler dresse le cousin russe

Hitler dresse le cousin russe

Le pacte germano-soviétique en France

Le 23 août 1939, l’URSS et le IIIe Reich concluent le Traité de non-agression entre l’Allemagne…

L’entrevue de Montoire

L’entrevue de Montoire

La rencontre du 24 octobre 1940

Le 24 octobre 1940, le maréchal Pétain rencontre pour la première fois Hitler et son ministre des Affaires…

L’entrevue de Montoire
L’entrevue de Montoire
Bruno Lohse et Hermann Goering

Bruno Lohse et Hermann Goering

Le marché de l’art à Paris sous l’Occupation

Le fait est avéré, pour ne pas dire indéniable : le marché de l’art à Paris sous l’occupation…