Aller au contenu principal
L'Averse

L'Averse

Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web

Date de création : 1800 - 1825

Date représentée :

H. : 325 cm

L. : 495 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (musée du Louvre) / Philippe Fuzeau

Lien vers l'image

RF 2486 - 15-532347

Le Passeur

Date de publication : Juillet 2005

Auteur : Nathalie de LA PERRIÈRE-ALFSEN

Au début du XIXe siècle, la vie des Parisiens pouvait être encore grandement troublée par les orages ou par les inondations, comme ceux qui se sont produits en 1802, 1806 ou 1807. Seuls les grands boulevards étaient alors pourvus de trottoirs. Et les rues, non pavées pour la plupart, devenaient alors difficilement praticables pour les piétons. Rien n’a vraiment changé depuis le Tableau de Paris de Louis-Sébastien Mercier qui décrivait dans les années 1780 la saleté et la difficulté de parcourir les rues de la capitale lors des intempéries : « Un large ruisseau coupe quelquefois les rues en deux, et de manière à interrompre les communications entre les deux côtés des maisons. A la moindre averse, il faut dresser des ponts tremblants… Des tas de boue, un pavé glissant, des essieux gras, que d’écueils à éviter !  [Le piéton] aborde néanmoins ; à chaque coin de rue un décrotteur ; il en est quitte pour quelques mouches à ses bas. Par quel miracle a-t-il traversé la ville du monde la plus sale ?  » Aussi, pour pallier le manque de trottoirs, un passeur offre parfois ses services.

Les tableaux de Boilly participent d’un changement dans la hiérarchie des genres. Alors que l’Académie royale privilégiait jusque-là la peinture d’histoire, les scènes de la vie quotidienne deviennent un sujet de plus en plus reconnu par les peintres. Et la peinture de genre prend le pas sur la peinture d’histoire.

Boilly commence sa vie de peintre sous l’Ancien Régime en choisissant des scènes galantes, des intrigues amoureuses, des sujets alors à la mode. Après la Révolution, la légèreté de ses tableaux déplaît et il devient un observateur fidèle de la vie quotidienne à Paris. Témoin de son époque, il peint les visages et les mœurs de la bourgeoisie mais aussi, avec un grand souci du détail, des scènes de la vie du peuple qui semblent prises sur le vif. Nombreux sont alors les petits métiers de rue, appelés depuis les « cris de Paris », en référence à la façon dont les biens et les services étaient proposés aux passants. Ces marchands ambulants, savoyards, portefaix, musiciens de rue, inspirent dès le XVIe siècle tout un courant de production d’estampes ou de statuettes.

Néanmoins, le passeur n’est pratiquement jamais représenté. Son activité est des plus rudimentaires : il jette une passerelle à roulettes sur la chaussée et fait traverser les passants, moyennant un péage. Boilly saisit une scène de rue typique où la famille bourgeoise qui traverse est présentée sous un fort éclairage, tandis que le reste de la composition est dans la pénombre. Au milieu de la planche, projetés sur le devant de la toile par les grands parapluies, le couple, ses enfants et la nourrice. La mère retrousse le bas de sa robe, remonte son châle de cachemire et porte un petit chien. A l’arrière, un autre passeur fait traverser une femme sur son dos. Sur la gauche, une ménagère paye son passage. Le tableau est construit sur un contraste entre les personnages principaux, qui pourraient poser pour un portrait de famille, et le décor de la rue mise en désordre par l’averse.
Si l’œuvre n’est pas datée on peut néanmoins, d’après le style des costumes, la situer dans les premières années du XIXe siècle. Peint sous l’Empire, ce tableau a été diffusé par la gravure, parfois avec un autre titre : La Passerelle ou Passez, payez.

Il y a une ambiguïté sur la morale du tableau, le « payer pour passer » pouvant s’interpréter de deux manières. Soit le père de famille par son geste exprime sa désapprobation et son refus. Il s’indigne de cette extorsion pour un passage qui devrait lui être donné. Soit le tableau figure une critique de l’indifférence du riche face au pauvre, soulignée par la générosité de la femme humble qui suit la famille et donne l’argent.
Au delà de l’anecdote, cette scène de rue témoigne d’un Paris qui n’a pas été encore métamorphosé par la révolution industrielle.

Alfred FIERROT Histoire et dictionnaire de Paris Paris, Bouquins, 1996.

Louis-Sébastien MERCIER Tableau de Paris (extraits) Paris, La Découverte, 1998.

Vincent MILLOT Les Cris de Paris ou le Peuple travesti Paris, Publications de la Sorbonne, 1995.

Jean-Louis ROBERT et Danielle TARTAKOWSKY Paris le peuple XVIII-XXe siècle Paris, Publications de la Sorbonne, 1999.

Catalogue de l’exposition Boilly 1761-1845 un grand peintre français de la Révolution à la Restauration Lille, Musée des Beaux-Arts, 1988.

Nathalie de LA PERRIÈRE-ALFSEN, « Le Passeur », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/passeur

Anonyme (non vérifié)

Bonjour, Merci pour votre oeil avisé. La coquille est désormais corrigée. A bientôt, L'équipe du site l'Histoire par l'image

mar 20/12/2016 - 16:18 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Bustes-charges de banquiers par Honoré Daumier

Bustes-charges de banquiers par Honoré Daumier

L’oligarchie de Juillet

Fragmentés en groupes concurrents, les parlementaires n’en constituaient pas moins une entité d’une exceptionnelle…

Bustes-charges de banquiers par Honoré Daumier
Bustes-charges de banquiers par Honoré Daumier
Bustes-charges de banquiers par Honoré Daumier
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle

Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIXe siècle

Une carrière exceptionnelle

À la fin de 1857, quand il commande au peintre Jules Héreau six panneaux muraux retraçant sa vie afin de les placer…

Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Eugène Scribe, le plus grand auteur dramatique du XIX<sup>e</sup> siècle
Madame Récamier

Madame Récamier

Fille d’un notaire promu conseiller de Louis XVI, Jeanne Bernard (qui se fait appeler Juliette) épouse en 1793, à quinze ans, le banquier Jacques-…

Capitaliste et " salopard en casquette "

Capitaliste et " salopard en casquette "

L’Union nationale et les communistes en 1927

Depuis juin 1926, la France est dirigée par un gouvernement d’Union nationale ayant à sa tête…

Capitaliste et
Capitaliste et
Kupka et l’Assiette au beurre : L’Argent

Kupka et l’Assiette au beurre : L’Argent

L’Assiette au beurre

Après la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, les interdictions qui frappent les journalistes, dessinateurs…

La naissance de l’alpinisme

La naissance de l’alpinisme

Quel est l’intérêt de la montagne, terroir non agricole au climat si rude ?

Pendant longtemps, les sommets demeurent un territoire interdit, où…

La naissance de l’alpinisme
La naissance de l’alpinisme
Isaac Pereire, créateur de la banque moderne

Isaac Pereire, créateur de la banque moderne

Un des créateurs de la banque moderne

Homme d’affaires parmi les plus actifs du Second Empire, Isaac Péreire s’associa toute sa vie à son frère…

Isaac Pereire, créateur de la banque moderne
Isaac Pereire, créateur de la banque moderne
Vision de la servitude paysanne

Vision de la servitude paysanne

A la fin du XIXe siècle, la France demeure un pays largement rural. Les crises successives de l’agriculture ont certes contribué à dépeupler les…

La monarchie de Juillet ou le triomphe de la bourgeoisie

La monarchie de Juillet ou le triomphe de la bourgeoisie

Louis-François Bertin a d’abord été le secrétaire du duc de Choiseul. Partisan de la Révolution en 1790 puis de la monarchie constitutionnelle, sa…

Femmes à la cigarette à la Belle Époque

Femmes à la cigarette à la Belle Époque

Les années 1900

La période d’avant la Grande Guerre passe pour un âge d’or. Bien sûr, c’est le cas uniquement pour l’élite sociale du pays. Par…

Femmes à la cigarette à la Belle Époque
Femmes à la cigarette à la Belle Époque