Aller au contenu principal
Le temple d'Angkor et le bassin de la Guadeloupe.

Le temple d'Angkor et le bassin de la Guadeloupe.

Souks tunisiens.

Souks tunisiens.

Pavillon du Maroc.

Pavillon du Maroc.

Le temple d'Angkor et le bassin de la Guadeloupe.

Le temple d'Angkor et le bassin de la Guadeloupe.

Date de création : 1931

Date représentée : 1931

H. : 3 cm

L. : 3 cm

Vue stéréoscopique.

Domaine : Photographies

© Photo RMN - Grand Palais - J.-G. Berizzi

http://www.photo.rmn.fr

97-020190 / FondsPétropoulos,boîteA,n°3

Les pavillons éphémères de l'Exposition coloniale

Date de publication : Avril 2008

Auteur : Claire MAINGON

Une visite à l’Exposition coloniale de 1931

Les divers documents réunis permettent de découvrir trois pavillons d’aspect monumental élevés à l’occasion de l’Exposition Coloniale de 1931. On a aujourd’hui peine à croire que ces architectures prenaient place dans l’est parisien, tout au long d’un parcours développé autour du Lac Daumesnil, à l’orée du Bois de Vincennes. Le tracé de l’exposition comportait plusieurs grandes avenues où étaient réunis, côte à côte, ces grands pavillons de nature variée. Le parcours débutait par la section consacrée à la Métropole et ses industries, puis par la visite des pavillons dédiés aux colonies françaises et internationales. La Grande avenue des colonies servait d’axe de promenade majeur, avec des perspectives éblouissantes sur les palais coloniaux élevés par la France : l’Océanie, la Martinique, la Réunion, les Indes françaises ou la Guyane, le Maroc et l’Algérie. Mais les deux plus importants pavillons restaient ceux de l’A.O.F. (Afrique occidentale française), qui reprenaient la forme d’un palais fortifié soudanais (tata), et celui de l’Indochine, incarnée par la reproduction du temple d’Angkor Vat. Une véritable forêt de minarets et de dômes se découpait dans le ciel de Paris, comme en témoignent les aquarelles peintes par les artistes et les photographies prises durant la manifestation. L’effet était incroyablement bigarré, passant d’une culture à l’autre sans réel souci de cohérence architecturale. L’essentiel demeure la nature grandiose des reconstitutions, qui incluaient une grande part de pittoresque, comme le montre l’aquarelle de Francis Smith représentant les souks tunisiens. Les documents réunis ici témoignent également du soin et de la magnificence apportée à ces réalisations éphémères, de taille monumentale, et destinées à accueillir des sections explicatives sur les richesses du monde colonial.

Un gigantisme digne des Expositions Universelles

La grandiloquence des reconstitutions s’inscrit dans la lignée des mises en scène proposées dans les expositions universelles et internationales organisées à Paris depuis le XIXe siècle. L’élévation de pavillons monumentaux représentait un véritable défi architectural. Il s’agissait de construire des structures à la fois éphémères mais suffisamment solides pour recevoir plusieurs centaines de milliers de visiteurs sur une durée de plusieurs mois. La photographie prise de nuit de la reconstitution du temple d’Angkor Vat est un témoin de toute la mise en scène théâtrale voulue par les organisateurs de l’Exposition coloniale. Les jeux de lumière permettaient de créer une ambiance à la fois exotique et festive, au service du message propagandiste de la manifestation : celui de montrer le rayonnement de la république en tant que puissance coloniale. Le temple indochinois était l’une des attractions majeures de l’Exposition. Six années de travaux préparatoires avaient été nécessaires aux architectes Blache père et fils pour mettre au point les plans de ce bâtiment éphémère d’un volume a peu près équivalent au Sacré-Cœur de Montmartre. Les deux aquarelles de Francis donnent quant à elles un aperçu authentique de la reconstitution de souks tunisiens et du pavillon du Maroc, agrémenté de jardins fleuris. Les souks représentent des lieux marchands typiques du monde arabe, et les visiteurs de l’exposition étaient incités à faire quelques achats de produits coloniaux. La plupart des pavillons de l’Exposition coloniale furent détruits, certains furent rendus à leur pays. D’autres ont survécu et trouvé une nouvelle affectation, à l’image des pavillons du Cameroun et du Togo qui ont été remontés et reconvertis en pagode bouddhiste dans le Bois de Vincennes.

La mise en scène coloniale : une idéologie

L’exaltation du monde colonial avait toujours eu une large place dans les Expositions Universelles parisiennes, notamment en 1867 puis en 1900. Des portions de villages indigènes étaient habituellement recrées, avec des architectures typiques et la présence de figurants engagés pour jouer des scènes typiques, vendre des produits exotiques ou proposer des services de restauration. En 1931, c’était bien plus qu’une petite portion de la manifestation internationale qui était destinée à exploiter ces atmosphères exotiques. Il s’agissait pour les organisateurs de démontrer le rayonnement de la République en tant que puissance impérialiste, mais également de convaincre les administrés de s’engager plus avant dans l’exploitation coloniale. A l’issue de la Grande Guerre où la « Force noire » avait joué un grand rôle, l’apport des colonies représentait l’un des fers de lance de la politique française. Les maîtres d’œuvres avaient donc insisté sur la dimension didactique et propagandiste de l’Exposition. Les pavillons semblables à ceux qui sont ici représentés abritaient généralement des salles comportant des panneaux explicatifs, des objets et des produits qui entendaient démontrer la richesse minière et vivrière des colonies.

Claire MAINGON, « Les pavillons éphémères de l'Exposition coloniale », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/pavillons-ephemeres-exposition-coloniale

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Le vieux Paris - la photographie documentaire

Le vieux Paris - la photographie documentaire

Mutations urbaines

« Dehors, des thèmes populaires finement écrits pour des instruments variés, depuis la corne du raccommodeur de porcelaine ou…

Le vieux Paris - la photographie documentaire
Le vieux Paris - la photographie documentaire
Le vieux Paris - la photographie documentaire
La prise de Constantinople par les croisés

La prise de Constantinople par les croisés

Louis-Philippe, intronisé « roi des Français » le 9 août 1830 après les Trois Glorieuses (27-29 juillet 1830), était féru d’histoire comme tout…

Le pont Neuf et la Samaritaine au XVIII<sup>e</sup> siècle

Le pont Neuf et la Samaritaine au XVIIIe siècle

Le peintre de Paris

Cette vue du Pont Neuf et de la Samaritaine est datée et signée par l’artiste, avec une mention inscrite dans l’ombre du coin…

Panorama des Palais

Panorama des Palais

Une exposition d’envergure

L’exposition de 1878, inaugurée le 1er mai après dix-neuf mois de travaux et de préparation, s’inscrit dans…

La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France

La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France

La redécouverte du patrimoine monumental français

En gestation sous l’Ancien Régime, la notion de patrimoine émerge véritablement à la faveur de la…

La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France
La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France
La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France
La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France
L’abattage des arbres du parc de Versailles

L’abattage des arbres du parc de Versailles

Entretenir les jardins de Versailles

Ces tableaux du peintre Hubert Robert ont pour sujet l'abattage des arbres du parc de Versailles ordonné au…

L’abattage des arbres du parc de Versailles
L’abattage des arbres du parc de Versailles
Les plans-reliefs

Les plans-reliefs

La collection des plans-reliefs

Née dans un contexte historique particulier, la collection des plans-reliefs doit son existence à une conception…

Vue de la Seine au XVIII<sup>e</sup> siècle

Vue de la Seine au XVIIIe siècle

L’œil de Paris

La vue de la Seine en aval du pont neuf est datée et signée par l’artiste, avec une mention inscrite sur le quai Malaquais ou des…

Viollet-le-Duc et la restauration monumentale

Viollet-le-Duc et la restauration monumentale

L’invention des Monuments historiques

Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), la volonté de remettre à l’honneur de grands édifices symboliques…

Viollet-le-Duc et la restauration monumentale
Viollet-le-Duc et la restauration monumentale
Viollet-le-Duc et la restauration monumentale
La construction du Fort Boyard

La construction du Fort Boyard

Construire en mer au XIXe siècle

Dès sa création en 1665, l’arsenal militaire de Rochefort provoque les incursions des puissances maritimes…

La construction du Fort Boyard
La construction du Fort Boyard
La construction du Fort Boyard
La construction du Fort Boyard