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Le Port du Havre, bassin de la Barre

Le Port du Havre, bassin de la Barre

Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web

Date de création : 1888

Date représentée : 1888

H. : 32,3 cm

L. : 41 cm

Huile sur bois 

Domaine : Peintures

© GrandPalaisRmn (musée d'Orsay) / Jean-Gilles Berizzi

Lien vers l'image

RF 1978 19 - 97-010310

Le Port du Havre

Date de publication : Septembre 2008

Auteur : Bernard COLOMB

La première mondialisation

La diffusion du modèle industriel britannique vers l’Europe du Nord-Ouest et les États-Unis d’une part, l’exploitation des empires coloniaux de l’autre, concourent dans la seconde moitié du XIXe siècle à une explosion des échanges souvent qualifiée de première mondialisation. Le Second empire l’a confortée en conduisant une politique économique de libre-échange. Cette dynamique conduit les grands ports de l’Hexagone à développer leurs infrastructures portuaires et industrielles. Sous l’Empire puis la IIIe République, Le Havre, en particulier, connaît alors un véritable âge d’or lié à la croissance mondiale générale.

Eugène Boudin, qui avouait ne pas goûter l’activité frénétique des quais et docks, propose ici une vision calme d’un port qui s’est hissé dans les premiers rangs européens. Natif de Honfleur, spécialiste avec Jongkind des marines et inspirateur des impressionnistes, il peint au Havre à peu près continûment de 1885 à 1889.

Un témoignage de « l’esprit d’esquisse »

En 1888, Eugène Boudin entreprend, sans doute sous l’influence que les impressionnistes ont sur lui en retour, de « rajeunir sa peinture ». La lumière notamment se fait plus abondante. Il s’efforce, dit-il alors, de ne plus « fignoler », et ajoute « je fais tout mon possible pour laisser à ma peinture l’aspect de l’esquisse ». Une ambiance lumineuse règne sur le bassin de la Barre (ouvert en 1820), situé non loin du centre-ville. Boudin le saisit dans sa longueur, vu depuis le quai sud. Sur la droite apparaissent les docks du quai Lamande, aux hautes structures verticales caractéristiques des constructions réalisées au XIXe siècle dans les grands ports comme Marseille ou Hambourg. Isolé au fond se dresse celui du quai de Rotterdam, tandis que plus loin se devinent les gréements des bâtiments mouillés dans le bassin Vauban. De part et d’autre sont amarrés des sloops, voiliers de pêche hauturière, au bastingage blanc. La carcasse métallique en « V » d’une grue à gauche et les trois barques naviguant au centre se détachent en sombre sur les éléments clairs.

 

1852-1914, la plus grande ville de Normandie, le deuxième port de France

Le Havre fait partie de ces ports qui ont bénéficié du basculement des échanges de la Méditerranée vers l’Atlantique. S’il conserve une activité de pêche comme le montre Eugène Boudin, ce port du grand large, privilégié en cela par rapport à Rouen, devient un pôle de départ et d’arrivée de nombreuses denrées. Les émigrants vers l’Amérique y gagnent des jours de mer sur Gênes ou Hambourg. Les flux de produits chers mais de faible poids alimentent un grand marché international spécialisé dans les denrées tropicales. Les négociants les font venir du monde entier pour les redistribuer, par cabotage et bientôt par le fer, dans toute la France et en Europe.

La nécessité d’entreposer et de conserver cet amoncellement de marchandises justifie la création de bâtiments spécifiques, les docks. De façon concomitante et habituelle pour l’âge industriel, la ville croît en superficie et en population (20 000 Havrais en 1800, 120 000 en 1890) puis se dote d’installations industrielles articulées au port telles que les chantiers navals.

Alain BELTRAN et Pascal GRISET, La Croissance économique de la France, 1815-1914, Paris, Armand Colin, 1994.

André CORVISIER (dir.), Histoire du Havre et de l’estuaire de la Seine, Toulouse, Privat, 1987.

Marie-Françoise COUVEHNES, Les Messageries maritimes, l’essor d’une grande compagnie de navigation française, 1851-1894, Paris, P.U.P.S., 2007.

Georges DUBY (dir.), Histoire de la France urbaine, tome IV, « La ville de l’âge industriel », par Maurice AGULHON, Françoise CHOAY, Maurice CRUBELLIER, Yves LEQUIN et Marcel RONCAYOLO, Paris, Le Seuil, 1983, rééd. coll. « Points Histoire », 1998.

Impressionnisme : Courant artistique regroupant l’ensemble des artistes indépendants qui ont exposé collectivement entre 1874 et 1886. Le terme a été lancé par un critique pour tourner en dérision le tableau de Monet Impression soleil levant (1872). Les impressionnistes privilégient les sujets tirés de la vie moderne et la peinture de plein air.

Bernard COLOMB, « Le Port du Havre », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/port-havre

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