Aller au contenu principal
La famille Bellelli.

La famille Bellelli.

Auteur : DEGAS Edgar

Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web

Date de création : 1858

Date représentée :

H. : 200 cm

L. : 250 cm

Peinture dite aussi "Portrait de famille" Huile sur toile

Domaine : Peintures

© Musée d'Orsay, Dist. RMN - Grand Palais / Patrice Schmidt

Lien vers l'image

RF 2210 - 14-588836

Portrait d’une famille bourgeoise

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Fleur SIOUFFI

Au milieu du XIXe siècle, la grande bourgeoisie, à la fois actrice et bénéficiaire de la révolution industrielle, cherche à laisser à la postérité l’image de sa réussite économique et sociale. À défaut d’appartenir à une lignée prestigieuse du passé, elle célèbre la famille, clé de voûte de ce nouveau modèle. Au moment où la photographie n’est qu’une technique et un art naissants, le portrait de famille est particulièrement en vogue dans la peinture et n’échappe pas alors à l’assaut de la modernité.

À l’occasion d’un séjour en Italie, Degas s’attelle à un portrait de sa tante paternelle Laure, avec son mari, Gennaro Bellelli, baron engagé dans les affaires, et leurs deux filles, Giovanna et Guilia, installés à Florence.

Représentée dans son intérieur cossu – tout, du papier peint au mobilier en passant par le cordon de la sonnette pour appeler les domestiques, renvoie au rang social élevé des Bellelli –, la famille est répartie en deux groupes : d’un côté, la mère, jeune encore mais rigide, domine entourée de ses filles, l’une sage, déjà prisonnière des conventions liées à son rang, et l’autre turbulente, peut-être attirée par le chien. De l’autre côté, le père, ramassé dans un fauteuil, tourne un moment la tête vers ses filles. Les vêtements sombres de la mère et des filles, bien que rehaussés de tabliers blancs, renvoient au récent deuil du père de la baronne, toujours présent à travers la sanguine faite de lui par Degas, et renforcent le climat pesant, presque angoissant de la scène.

Ce tableau ambitieux, auquel il a consacré plusieurs années de travail et de recherche, exprime d’une part la lucidité affectueuse de Degas devant sa famille, d’autre part l’admiration du peintre pour le dessin des maîtres anciens et d’Ingres en même temps que son attrait pour une composition et une technique réalistes modernes.

Lui-même issu de la bourgeoisie, Degas est un guide privilégié pour nous faire découvrir le milieu qui lui est familier, avec ses conventions, ses intérieurs, ses costumes, ses attitudes.

Ce tableau, initialement appelé Portrait de famille[1], exprime particulièrement bien la position de la mère dans la famille bourgeoise : pleine de dignité et de froideur, elle règne à la fois sur son intérieur et sur sa famille sous les yeux du maître de maison, ici indifférent. Justement, La Famille Bellelli rompt avec l’illustration traditionnelle de la famille bourgeoise triomphante pour évoquer ses drames, en l’occurrence une banale mais douloureuse mésentente conjugale. Ce chef-d’œuvre des années de jeunesse de Degas contient la promesse de toutes ses audaces futures.

Philippe ARIÈS, Georges DUBY (dir.), Histoire de la vie privée, t. IV, Le Seuil, 1987.

Michèle PERROT, De la Révolution à la Grande Guerre, Le Seuil, 1987.

Christophe CHARLE, Histoire sociale de la France au XIXe siècle, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1991.

Pierre FRANCASTEL, Peinture et Société, Denoël, 1977.

Ian DUNLOP, Degas, Neuchâtel, Ides et Calendes, 1979.

Robert GORDON et Andrew FORGE, Degas, Paris, Flammarion, 1988.

Henri LOYRETTE, Degas, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard », 1988.

Henri LOYRETTE, Degas, Paris, Fayard, 1991.

Denys SUTTON, Degas, vie et œuvre, Paris, Nathan, 1986.

Accademia di Francia a Roma, Degas e l’Italia, catalogue de l’exposition à la Villa Medici, 1984-1985, Accademia di Francia a Roma, Rome, 1984.

COLLECTIF, Degas, catalogue de l’exposition au Grand Palais, Paris, RMN, 1988.

COLLECTIF, Edgar Degas et le portrait, Fiches pédagogiques du musée d’Orsay.

1. Ce tableau prend le nom définitif de La Famille Bellelli après l’identification des personnages dans les premières décennies du XXe siècle. 

Fleur SIOUFFI, « Portrait d’une famille bourgeoise », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/portrait-famille-bourgeoise

Anonyme (non vérifié)

Bonjour, sait on pourquoi la jeune fille qui regarde le chien n a qu un pied, cela semble curieux ? Rmts.

sam 29/12/2012 - 21:32 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour,
La jeune fille a les jambes croisées, une au sol, l'autre repliée sous la robe. C'est ceci qui caractérise, quelque part, son attitude distraite et "moins sage" que sa soeur, déjà pliée aux règles rigides de la mère et par extension, de l'ancienne société.

mer 16/01/2013 - 21:25 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

L'Empereur et l'Impératrice reçus chez le sénateur-comte Mimerel

L'Empereur et l'Impératrice reçus chez le sénateur-comte Mimerel

En 1867, le prestige du régime impérial est déjà fort terni, en France comme à l’étranger. À partir de 1865, l’autorité de l’empereur décline : il…

Femmes à la cigarette dans les années 1920

Femmes à la cigarette dans les années 1920

Les années 1920

L’image d’une femme coiffée à la garçonne faisant tressauter son long collier de perles sur une piste de danse et une musique de…

Femmes à la cigarette dans les années 1920
Femmes à la cigarette dans les années 1920
La vision de la mer au XIX<sup>e</sup> siècle

La vision de la mer au XIXe siècle

Avant 1750, les espaces océaniques n’attirent guère que les marins. Au XVIIe siècle, Claude Gellée, dit Le Lorrain, est l’un des rares…

La vision de la mer au XIX<sup>e</sup> siècle
La vision de la mer au XIX<sup>e</sup> siècle
La vision de la mer au XIX<sup>e</sup> siècle
Un hôtel de luxe à la fin du Second Empire

Un hôtel de luxe à la fin du Second Empire

La clientèle richissime qui, sous le Second Empire, fréquente les stations balnéaires de la côte normande recherche le séjour à la mer pour ses…

Kupka et l’Assiette au beurre : L’Argent

Kupka et l’Assiette au beurre : L’Argent

L’Assiette au beurre

Après la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, les interdictions qui frappent les journalistes, dessinateurs…

Les caisses d’épargne

Les caisses d’épargne

La question sociale et le livret de caisse d’épargne

Les caisses d’épargne apparaissent dans divers pays européens à la fin du XVIIIe

Vision de la servitude paysanne

Vision de la servitude paysanne

A la fin du XIXe siècle, la France demeure un pays largement rural. Les crises successives de l’agriculture ont certes contribué à dépeupler les…

Le Passeur

Le Passeur

Au début du XIXe siècle, la vie des Parisiens pouvait être encore grandement troublée par les orages ou par les inondations, comme ceux…

La femme bourgeoise chez Degas

La femme bourgeoise chez Degas

Au milieu du XIXe siècle, la bourgeoisie contribue largement à faire triompher l’individu, la famille et la vie privée. Le discours public, tant…

La femme bourgeoise chez Degas
La femme bourgeoise chez Degas
La femme bourgeoise chez Degas
La femme bourgeoise chez Degas
Madame Récamier

Madame Récamier

Fille d’un notaire promu conseiller de Louis XVI, Jeanne Bernard (qui se fait appeler Juliette) épouse en 1793, à quinze ans, le banquier Jacques-…