Aller au contenu principal
Louis-Philippe Ier, roi des Français et la Charte de 1830

Louis-Philippe Ier, roi des Français et la Charte de 1830

Napoléon III , empereur des Français (1808-1873).

Napoléon III , empereur des Français (1808-1873).

Louis-Philippe Ier, roi des Français et la Charte de 1830

Louis-Philippe Ier, roi des Français et la Charte de 1830

Date de création : 1839

Date représentée : 1839

H. : 263,5 cm

L. : 189 cm

Portrait en grande tenue de lieutenant-général au château de Saint-Cloud.

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / image RMN-GP

Lien vers l'image

MV 5219 - 87-000038

Portraits officiels : Louis-Philippe et Napoléon III

Date de publication : Janvier 2006

Auteur : Delphine DUBOIS

Une ère nouvelle

Les Trois Glorieuses obligent Charles X à fuir Paris. Conscient de son impopularité, le souverain déchu espère voir son petit-fils, le comte de Chambord, prendre sa place sous le nom de Henri V. En vain, car les Chambres réaffirment la primauté de la Charte constitutionnelle adoptée par Louis XVIII en 1814 et proposent le trône, sur l’insistance de Thiers et de La Fayette, à son cousin Louis-Philippe d’Orléans. Le souverain s’appuie sur la bourgeoisie et encourage le développement industriel (première ligne de chemin de fer, bateau à vapeur, etc.) tout en cherchant à fédérer les différents courants politiques dans une grande dynamique sociale. « Roi bourgeois », il tente de stabiliser la monarchie constitutionnelle et les principes du libéralisme.

Napoléon III, tout en poursuivant le même objectif de modernisation de l’économie nationale, rompt totalement avec les principes libéraux de la monarchie de Juillet et instaure un « césarisme démocratique » qui, calqué sur la Constitution de l’an VIII, n’a de démocratique que le nom.

Le « roi bourgeois » et le prince-président

Remarqué par la reine Marie-Amélie, Franz-Xaver Winterhalter (1806-1873) est chargé du portrait officiel de Louis-Philippe en 1839. Il est représenté en pied devant une vue du parc de Saint-Cloud. Vêtu de son uniforme de lieutenant général, il pose un peu de trois quarts, le regard tourné vers le spectateur, et serre sous son bras gauche son bicorne orné de la cocarde tricolore. La main droite est posée sur la charte de 1830 placée sur une table à côté de la couronne fermée, du sceptre et de la main de justice. Louis-Philippe porte l’écharpe de moire rouge, les croix et la plaque brodée de la Légion d’honneur, modifiée sous la Restauration, où figurent des drapeaux tricolores. « Roi bourgeois », Louis-Philippe rompt volontairement avec l’ostentation et les fastes de l’Ancien Régime.

Le même Winterhalter réalise en 1853 le portrait de Napoléon III. Le neveu de Napoléon Ier est représenté en pied devant le palais des Tuileries dans une pose rigide et militaire. Vêtu d’un uniforme sobre, il est vu un peu de trois quarts et dirige vers le spectateur un regard légèrement voilé. Il porte le grand collier de la Légion d’honneur, et, tout comme Louis-Philippe, l’écharpe de moire rouge de cet ordre barre sa poitrine. Sur ses épaules, drapé autour de lui, le manteau de pourpre doublé d’hermine. De la main droite dans laquelle il tient fermement la main de justice, l’empereur s’appuie sur une table où reposent la couronne fermée et le sceptre. Dans le fond, à gauche, on devine le dossier rond à tors de lauriers du trône de son oncle.

Un souverain démocratisé

« Roi des Français » de droit constitutionnel et non plus « Roi de France », Louis-Philippe est le garant de l’accord conclu avec son peuple. Toutefois, le souverain ne renie pas totalement son glorieux lignage. La composition de la toile, de grande dimension, reprend celle du Louis XIV de Rigaud : pose similaire, les Regalia déposés à sa droite. Il se fait représenter à Saint-Cloud, domaine royal acheté par le duc d’Orléans. Bien entendu, la charte est l’élément essentiel du tableau. Louis-Philippe ne s’appuie pas sur le sceptre comme le faisaient ses ancêtres, mais sur le document constitutionnel sans lequel il ne serait pas roi. Mais la grande innovation réside dans la tenue du roi ; plus question de sacre puisque son pouvoir n’est plus de droit divin. Louis-Philippe adopte l’uniforme militaire, symbole de son autorité et emblème national, tout comme les autres souverains européens. Frédéric-Guillaume Ier, roi de Prusse, est le premier à se faire représenter en tenue militaire ; par admiration pour lui, Napoléon Ier portait l’uniforme vert des chasseurs à cheval ou la tenue bleue à revers blancs des grenadiers.

Le portrait de Napoléon III reprend, de manière encore plus significative que pour Louis-Philippe, le modèle louis-quatorzien en réintroduisant le grand manteau d’hermine et le trône. Le nouvel empereur s’inscrit dans la lignée de son oncle en prenant le nom de Napoléon III. Il se fait représenter en uniforme et décoré de la Légion d’honneur. Le manteau du sacre, accroché à ses épaules, semble flotter derrière lui et le touche à peine. Cet élément essentiel de sa dignité impériale est comme dissocié de sa personne. Les abeilles, emblèmes napoléoniens, ont disparu, les aigles impériales sont à peine visibles sur la couronne, et le sceptre est caché sous le manteau. La seule allusion un peu significative au Premier Empire réside dans le fauteuil de trône qui ressemble à s’y méprendre à celui de Napoléon Ier, mais reste dans l’ombre.

Par rapport aux portraits des souverains précédents en grand costume du sacre, on assiste ici à une humanisation du souverain, qui n’a plus rien de divin. Toutefois, les codes de représentation instaurés par Louis XIV restent toujours en vigueur.

Guy ANTONETTI, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 1994 Claire CONSTANS, Les Peintures.Musée national du Château de Versailles, Paris, RMN, 1995.Francis DÉMIER, La France du XIXe siècle, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 2000.Jean TULARD (dir.), Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995.Muriel VIGIE, Le Portrait officiel en France du Ve au XXe siècle, Paris, FWW, 2000.

Delphine DUBOIS, « Portraits officiels : Louis-Philippe et Napoléon III », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/portraits-officiels-louis-philippe-napoleon-iii

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Le baptême de Clovis

Le baptême de Clovis

Clovis, aux sources de la monarchie française

Quoique imprécisément daté d’un 25 décembre, entre 496 et 506, le baptême de Clovis par saint Remi…

Le baptême de Clovis
Le baptême de Clovis
Le dernier des Bourbons

Le dernier des Bourbons

Le successeur de Louis XVIII

Depuis 1814, le comte d’Artois, futur Charles X, était considéré comme le chef du parti ultra, hostile à la Charte et…

Les galeries du Palais-Royal, ancêtre des passages couverts

Les galeries du Palais-Royal, ancêtre des passages couverts

Une spéculation immobilière

Le Palais-Royal devint la propriété des Orléans, branche cadette du royaume de France, en février 1692, quand Louis…

Louis Napoléon Bonaparte s'évade du fort de Ham

Louis Napoléon Bonaparte s'évade du fort de Ham

Fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande et frère de Napoléon Ier, et d’Hortense de Beauharnais, fille de Joséphine, Louis Napoléon passe son…

Louis Napoléon Bonaparte s'évade du fort de Ham
Louis Napoléon Bonaparte s'évade du fort de Ham
Louis Napoléon Bonaparte s'évade du fort de Ham
Louis Napoléon Bonaparte s'évade du fort de Ham
L'assassinat du duc de Berry

L'assassinat du duc de Berry

Né à Versailles le 24 janvier 1778, Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, est le fils puîné de Marie-Thérèse de Sardaigne, plus connue sous le…

L'assassinat du duc de Berry
L'assassinat du duc de Berry
Inauguration de la statue équestre d'Henri IV sur le Pont-Neuf, 25 août 1818

Inauguration de la statue équestre d'Henri IV sur le Pont-Neuf, 25 août 1818

La gloire d’Henri le Grand

La légende dorée d’Henri IV avait, dans les arts plastiques, connu un vigoureux regain au XVIIIe siècle, en particulier…

Napoléon sur la colonne

Napoléon sur la colonne

La statue en bronze de Napoléon Ier, exécutée par Seurre, est inaugurée le 28 juillet 1833 au sommet de la colonne Vendôme.

Elle…

L'assassinat du duc de Berry

L'assassinat du duc de Berry

La fin de la branche aînée ?

Le 13 février 1820, le duc de Berry, second fils de Monsieur, frère du roi et futur Charles X, était assassiné par l’…

Portraits en costume de sacre : de Louis XVI à Charles X

Portraits en costume de sacre : de Louis XVI à Charles X

Cinquante années de bouleversements politiques

Entre le portrait de Louis XVI (1776) et celui de Charles X (1825), un demi-siècle s’est écoulé.…

Portraits en costume de sacre : de Louis XVI à Charles X
Portraits en costume de sacre : de Louis XVI à Charles X
Portraits en costume de sacre : de Louis XVI à Charles X
Portraits en costume de sacre : de Louis XVI à Charles X
L'Entente cordiale

L'Entente cordiale

Sous les règnes de Louis-Philippe et de la reine Victoria, les relations entre la France et l’Angleterre s’améliorèrent. Cette première « Entente…