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Proclamation de Bonaparte, 19 brumaire an VIII.

Proclamation de Bonaparte, 19 brumaire an VIII.

Date de création : 1799

H. : 53 cm

L. : 42 cm

Proclamation du général en chef Bonaparte. Le 19 brumaire, onze heures du soir. (10 novembre 1799).Affiche imprimée

Domaine : Archives

© Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie

http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr

AE/II/1895

Proclamation de Bonaparte, le 19 brumaire an VIII, 10 novembre 1799

Date de publication : Décembre 2009

Auteur : Marianne CAYATTE

Le premier coup d’Etat moderne

Le coup d’Etat du 18 brumaire a pour origine l’instabilité politique liée aux dysfonctionnements du régime du Directoire. En cas de désaccord entre le législatif et l’exécutif, ou entre les directeurs, aucune solution légale n’est prévue. Les coups de force se succèdent donc, ternissant rapidement la réputation du régime. On voit ainsi les directeurs invalider des députés, ou des députés éliminer et remplacer des directeurs, comme le 30 prairial an VII (18 juin 1799). Cette revanche des députés jacobins précipite la décision des révisionnistes, menés par Sieyès, déterminés à modifier la Constitution dans le sens d’un renforcement de l’exécutif. Le retour d'Egypte de Bonaparte vient opportunément offrir « une épée » aux comploteurs. Mais c'est à son profit que se fera ce que l'on peut qualifier de premier coup d'Etat au sens moderne du terme.

Le déroulement des journées des 18 et 19 brumaire[1]

La proclamation que Bonaparte adresse aux Français au soir du 19 brumaire est imprimée sur une affiche de 53 sur 42 cm. L’en-tête, rédigé en lettres capitales, surmonte un texte disposé sur deux colonnes, ce qui donne un caractère solennel à cette proclamation. La date et l’heure, par contre, en évoquent le caractère de brûlante actualité, et le nom de Bonaparte, qui ressort en grands caractères, introduit une personnalisation de la vie politique inconnue jusque-là sous la Révolution.

Bonaparte sauveur

Le texte de l’affiche raconte la séance houleuse du 19 brumaire au Conseil des Cinq- Cents. Ce récit ne correspond qu’en partie à celui fait par Lucien Bonaparte. Celui-ci raconte que c’est lui-même, Lucien, président des Cinq-Cents, qui, pour résister à « la terreur de quelques représentants à stylets qui assiègent la tribune », réagit fortement aux menaces des députés hostiles à Bonaparte et appelle au secours l’armée, alors que son frère attendait à l’extérieur de la salle du conseil. Dans le récit de Bonaparte, les rôles sont inversés : c’est lui qui aurait sauvé Lucien en appelant à la rescousse ses braves grenadiers. Bonaparte fait figure de sauveur, alors qu'il a failli faire échouer le complot en perdant son sang-froid devant une opposition inattendue.

La justification donnée à son coup de force est simple : le désordre régnait, tous les partis ont fait appel à lui. Menacé d’assassinat par des factieux, il est sauvé par l’armée et met son zèle au service des Français. Bonaparte est bien le sauveur de la nation. Dans sa proclamation, les ennemis sont désignés comme des « assassins », des « factieux ». Il s’agit bien sûr des jacobins. C’est donc à une deuxième inversion des faits que procède Bonaparte, en présentant les adversaires du coup d’Etat comme ceux qui précisément menacent l’ordre public.

Homme du salut public, Bonaparte esquisse quelques axes de son programme dans cette brève proclamation. Les mots liberté, égalité, respect de la République indiquent la volonté de s’inscrire dans la continuité de la Révolution. Avec la référence à la propriété et aux « idées conservatrices, tutélaires et libérales », il s’agit bien, pour Bonaparte, d’assurer son pouvoir personnel, et d’imposer le retour à l’ordre et la sauvegarde des acquis fondamentaux de 1789. Cela se concrétisera très rapidement dans la rédaction de la Constitution de l’an VIII, qui met en place le régime du Consulat et clôt ainsi la période révolutionnaire.

A. SOBOUL Le Directoire et le Consulat PUF, 1967 (1re éd.) François FURET, Mona OZOUF Dictionnaire critique de la Révolution française, Evénements Flammarion, 1992.Lucien BONAPARTE Révolution de Brumaire Paris, 1945.

1. 18 brumaire (9 novembre) 5h. Convocation du Conseil des Anciens pour 7 heures, à l'exclusion des députés opposés au coup de force. 6h. Lettre de démission de Barras rédigée par Talleyrand. 7h. Bonaparte reçoit de nombreux officiers, prêts à l'action. 8h. Les Anciens votent le décret de transfert des Conseils à Saint-Cloud.Ils nomment Bonaparte commandant des troupes et de la garde nationale de la 17e division militaire (Paris et sa banlieue). 9h. Comme le prévoyait le décret, Bonaparte vient prêter serment devant les Anciens. Au palais du Luxembourg, les deux directeurs hostiles à l'opération sont sous garde militaire. 12h. Réunion du Conseil des Cinq-Cents à son heure habituelle. Lecture du décret de transfert par le président Lucien Bonaparte. Protestations des jacobins.Au palais du Luxembourg, Barras signe sa démission, après Sieyès et Ducos. 14h. Les troupes gardent Paris et la route de Saint-Cloud. 19 brumaire (10 novembre) 8h. Travaux d'aménagement dans le château de Saint-Cloud. Les députés commencent à arriver, mais ne peuvent s'installer. La troupe est déployée dans le parc pour "protéger" les Conseils. La tension monte peu à peu parmi les députés. 11h30. Bonaparte et son escorte quittent Paris, salués par la population. 12h30. Arrivée à Saint-Cloud. 13h30. Ouverture de la séance aux Cinq-Cents sous la présidence de Lucien Bonaparte. Atmosphère hostile à Bonaparte. Un député propose de prêter serment à la Constitution. 14h. Ouverture de la séance aux Anciens. Protestations des jacobins, non convoqués la veille. Les Anciens hésitent à sortir de la légalité et à nommer un nouveau gouvernement. 15h30. Pour leur forcer la main, Bonaparte entre dans la salle et proteste de son dévouement à la liberté. 16h30. Bonaparte cherche à intervenir chez les Cinq-Cents. Conspué, bousculé, il est protégé par quatre grenadiers qui l'entraînent vers la sortie. Les députés veulent le mettre "hors la loi". Son frère Lucien, renonçant à se faire entendre, quitte la salle en y laissant théâtralement sa toge. 16h35. Sieyès conseille à Bonaparte, très ébranlé, de faire marcher la troupe. 17h. Bonaparte harangue ses soldats. 17h30. Entrée des soldats chez les Cinq-Cents. Les députés sont "invités" à se retirer. La plupart s'enfuient par les fenêtres en laissant leur toge. 18h45. Les Anciens, par décret, nomment trois consuls provisoires: Bonaparte, Sieyès et Ducos. 19h. Bonaparte et Sieyès ne veulent pas se contenter de ce décret et décident de rappeler les députés des Cinq-Cents qui leur sont favorables. 21h. Une cinquantaine de députés, présidés par Lucien, votent l'institution d'un gouvernement provisoire dans les termes du décret des Anciens, et l'exclusion de soixante-deux députés jacobins ou réputés tels. 23h. Les Anciens enregistrent officiellement les actes votés par les Cinq-Cents. 2h. Dans la nuit du 19 au 20 brumaire, les nouveaux consuls prêtent serment non à la Constitution disparue, mais à la République. 

Marianne CAYATTE, « Proclamation de Bonaparte, le 19 brumaire an VIII, 10 novembre 1799 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/proclamation-bonaparte-19-brumaire-viii-10-novembre-1799

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