Aller au contenu principal
Révocation de l'édit de Nantes en 1685

Révocation de l'édit de Nantes en 1685

Date de création : Après 1685

Date représentée : 18 octobre 1685

H. : 28,1 cm

L. : 36,4 cm

Domaine : Estampes-Gravures

© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / image RMN-GP

Lien vers l'image

INV.GRAV 134

La révocation de l’édit de Nantes

Date de publication : Mars 2013

Auteur : Hélène DUCCINI

Le 18 octobre 1685, Louis XIV signe à Fontainebleau la révocation de l’édit de Nantes de 1598. Compte tenu de l’importance de l’événement à célébrer, c’est à la gravure qu’il est fait appel pour en répandre l’annonce. À cette époque, l’estampe est en effet le meilleur moyen de diffuser une information : elle peut être produite à des milliers d’exemplaires et se vend à un faible prix – de quelques sous à une ou deux livres selon le sujet et le format. Ni le peintre qui a composé la scène ni le graveur qui l’a gravée ne sont connus, mais on peut supposer que l’estampe a été réalisée peu après la révocation de 1685.

Promulgation de la révocation en présence du roi

La lecture de l’édit a lieu dans une immense salle qui ouvre sur la cour du château par trois grandes baies. Couronne sur la tête, le roi est assis à droite sous un énorme dais qui délimite l’espace du prince. Placé sur une petite estrade, son trône disparaît sous une large étoffe fleurdelisée. Face au souverain s’étend une grande table où sont assis ses conseillers, tête nue. Debout près de lui, un évêque tient en main les feuillets de l’édit. Derrière lui, des pages et des gardes.

De tous les présents, seuls les gardes, d’ailleurs peu nombreux, et trois ecclésiastiques sont restés couverts. Une foule nombreuse se presse dans la vaste salle et suit cette cérémonie solennelle avec respect, consciente de l’importance de la décision royale.

La Révocation et ses conséquences

Sans l’habileté et le courage politique d’Henri IV, les guerres de Religion auraient pu aboutir à une partition du pays : au nord une France catholique, au sud une France protestante. Signé le 13 avril 1598, l’édit de Nantes est un compromis imposé aux deux camps épuisés par trente ans de guerres fratricides. Il aboutit à une forme de concorde qui n’est pas encore la vraie tolérance.

Dans l’Europe de ce temps, la Pologne mise à part, la règle veut que les sujets pratiquent la religion du prince. L’application de ce principe a mis l’Allemagne à feu et à sang pendant trente ans. Elle a provoqué une émigration massive, les protestants fuyant vers les États des princes protestants, et les catholiques vers ceux des princes catholiques. La Bohême a ainsi perdu la moitié de sa population.

La révocation de l’édit de Nantes est l’aboutissement d’une politique de réunification religieuse qui commence dès le règne de Louis XIII et qui est poursuivie de façon systématique sous Louis XIV. Les guerres de Louis XIII contre ses sujets protestants (1618-1629) aboutissent à un compromis, accordé en 1629 par la grâce d’Alès, qui donne reconnaissance aux protestants de l’exercice de leur religion, mais sans plus aucun droit politique.

Dès le ministère de Richelieu commence une reconquête catholique systématique que Louis XIV poursuit et même intensifie. Pour mater ses sujets rebelles, on fait loger chez eux des troupes de « dragons » autorisés à ne rien respecter chez leurs hôtes, lesquels sont brutalisés, violés et même quelquefois tués en toute impunité. Ces « dragonnades » provoquent des départs et, pour ceux qui ne peuvent partir, des conversions peu sincères.

D’après les informations qui remontent jusqu’à Versailles en 1685, il n’y aurait plus de réformés en France. C’est presque vrai pour certaines provinces, la Normandie par exemple, mais ce l’est beaucoup moins pour la Guyenne et le Languedoc. Dans les Cévennes, les protestants se réunissent dans les assemblées du « Désert » et continuent à pratiquer leur religion. Mais pour le roi, à Versailles, l’unification religieuse représente un immense succès en un temps où le religieux est indissociable du politique. En 1685, mal informé des réalités, Louis XIV décide la révocation de l’édit de Nantes de 1598 devenu, croit-il, sans objet. L’édit de révocation est signé de façon solennelle à Fontainebleau le 18 octobre 1685 en présence de la cour.

La Révocation, célébrée à Versailles comme un grand succès, est, en fait, la plus grande erreur politique du règne. Elle braque contre la France les États protestants d’Europe, elle provoque un exil massif des protestants français (entre 100 000 et 200 000) vers la Suisse, l’Allemagne, les Provinces-Unies et même l’Amérique. Dans les Cévennes, les protestants continuent de pratiquer leur culte. En 1702, les Camisards prendront les armes, et il faudra dépêcher une armée tout entière contre eux alors même que l’Europe coalisée pour contester la succession d’Espagne impose de défendre les frontières.

·Janine GARRISSON, L’édit de Nantes et sa révocation, Paris, Le Seuil, 1985.

·Élisabeth LABROUSSE, La révocation de l’édit de Nantes. Une foi, une loi, un roi ?, Paris, Payot, 1990.

·Eckart BIRNSTIEL (textes réunis par), La diaspora des Huguenots. Les réfugiés protestants de France et leur dispersion dans le monde (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Champion, 2001.

 Myriam YARDENI, Le refuge huguenot. Assimilation et culture, Paris, Champion, 2002.

Hélène DUCCINI, « La révocation de l’édit de Nantes », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 20/04/2024. URL : histoire-image.org/etudes/revocation-edit-nantes

Anonyme (non vérifié)

On retrouve bien dans votre article le poncif habituel "La plus grande erreur politique du règne" diffusé par les ennemis du roi. La France était un pays catholique et le pays le plus puissant du monde ce qui gênait bien les amis des protestants : l'Angleterre. D'ailleurs, ensuite beaucoup d'anti-français étaient protestants ou étrangers comme Rousseau par exemple qui était suisse ou allaient chercher leurs idées en Angleterre comme Diderot ou Voltaire. Bref, la révocation fut un acte légitime de défense nationale plus qu'une "erreur"

jeu 07/03/2013 - 08:02 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Pas d'accord avec Serein. Louis XIV, poussé par mme de Maintenon, a été induit en erreur. Il y avait encore beaucoup de protestants en France, dans l'entourage même du Roi. La Révocation a provoqué la fuite des cerveaux et même la réussite des Hollandais en Afrique du Sud car ils ont offert aux vignerons, protestants persécutés, le voyage et des terres pour s'implanter avec leurs pieds de vigne dans la Vallée Française en Afrique du Sud. Nombre d'Allemands ou de Hollandais qui portent encore des noms français, sont les descendants de ces protestants émigrés pour cause de persécutions. l'interdiction de la liberté religieuse n'a rien à avoir avec la défense nationale

jeu 07/03/2013 - 12:58 Permalien
Anonyme (non vérifié)

J'aurais ajouté ds la biblio la très récente "Histoire des protestants en France, XVIe-XXIe siècle, de Patrick Cabanel, éd. Fayard, cordialement, BR

mer 13/03/2013 - 17:10 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

La Guadeloupe, une image au service de la colonisation

La Guadeloupe, une image au service de la colonisation

La colonisation de la Guadeloupe

L'histoire de la colonisation de la Guadeloupe par les européens débute avec le second voyage de Christophe…

Louis XIV reçoit au Louvre les ambassadeurs des treize cantons suisses (11 novembre 1663)

Louis XIV reçoit au Louvre les ambassadeurs des treize cantons suisses (11 novembre 1663)

Louis XIV, chef de la diplomatie

Ce tableau est la copie réduite de l'un des 17 cartons dessinés par Charles Le Brun, pour la série de…

Un jardin à la française : le domaine de Saint-Cloud

Un jardin à la française : le domaine de Saint-Cloud

Le merveilleux domaine de Monsieur

Ces deux tableaux panoramiques offrent une même approche paysagère centrée sur les jardins de Saint-Cloud situés…

Un jardin à la française : le domaine de Saint-Cloud
Un jardin à la française : le domaine de Saint-Cloud
Départ de Louis XV après le lit de justice

Départ de Louis XV après le lit de justice

L’inauguration du règne

Ce tableau, réalisé par le peintre Pierre-Denis Martin, commémore l’un des événements fondateurs du règne de Louis XV.…

Le blocus de Paris en 1649

Le blocus de Paris en 1649

Peindre la guerre civile sur fond de gloire militaire condéenne

À la fin de sa vie, Louis II de Bourbon, prince de Condé et premier prince du sang…

La révocation de l’édit de Nantes

La révocation de l’édit de Nantes

Le 18 octobre 1685, Louis XIV signe à Fontainebleau la révocation de l’édit de Nantes de 1598. Compte tenu de l’importance de l’événement à…

Le traité de Nimègue

Le traité de Nimègue

Célébrer la paix

Le tableau anonyme et allégorique de la paix de Nimègue est représentatif de la manière dont le roi et son entourage voulaient…

Fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture

Fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture

Une fondation allégorique

L’Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648 sous l’impulsion d’une douzaine de peintres autour…

Lit de justice tenu par Louis XV

Lit de justice tenu par Louis XV

Le roi est mort, vive le roi !

Louis XIV meurt le 1er septembre 1715 à Versailles. En vertu des principes successoraux du royaume, le…

La guerre de dévolution

La guerre de dévolution

Revendiquer les droits de la reine

Le décès du roi d’Espagne Philippe IV, survenu le 17 septembre 1665, réveille les appétits dynastiques de…