Scène de Juillet 1830, dit aussi Les Drapeaux.
Auteur : COGNIET Léon
Lieu de conservation : musée des Beaux-Arts (Orléans)
site web
Date représentée : 1830
Huile sur toile esquisse
Domaine : Peintures
© Musée des Beaux Arts d'Orléans
Scène de Juillet 1830, dit aussi Les Drapeaux
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Mathilde LARRÈRE
Le drapeau bleu-blanc-rouge
Au cours de la Révolution, l’emblème tricolore devient le support d’un nombre croissant de souvenirs et de fidélités. Le 13 juillet 1789, La Fayette unit le blanc de la monarchie aux couleurs de Paris pour donner une cocarde à la garde nationale qui vient d’être créée. Le 17 juillet, le roi accepte d’arborer les trois couleurs. Elles tiennent ensuite une place privilégiée dans la fête de la Fédération et symbolisent désormais l’unité de la nation. Le grand épisode guerrier de la bataille de Valmy les situe au cœur de l’épopée militaire qui allait hanter l’imagination française. En revenant sur le trône, les Bourbons reprennent le drapeau blanc. Mais en juillet 1830, les révolutionnaires avancent derrière des drapeaux tricolores qu’ils plantent sur les monuments conquis. Lorsqu’il monte sur le trône le 31 juillet, le duc d'Orléans[1]
proclame : « La nation reprend ses couleurs. »
« L’étendard brillant de notre liberté »
Au lendemain des « Trois Glorieuses », les vainqueurs communient dans l’exaltation des couleurs retrouvées. Léon Cogniet travaille à un tableau évoquant le remplacement du drapeau blanc honni par les couleurs nationales. Le tableau ne verra jamais le jour, mais il en subsiste une étude qui représente trois drapeaux émergeant d’une fumée évoquant les combats révolutionnaires.
Le premier, sur un ciel menaçant, est le drapeau blanc de la Restauration, orné à son sommet d’une fleur de lis et décoré des armes de France. Sur le deuxième, le symbole monarchique déchiré laisse apparaître le ciel, cependant qu’un repli se teinte de rouge. Le troisième drapeau trône dans un ciel dégagé ; il a perdu sa fleur de lis, et le repli rouge se révèle être une tache de sang dont les dernières gouttes perlent encore. Le bleu du ciel, le blanc du drapeau déchiré et le rouge du sang reconstituent les trois couleurs nationales.
L’esquisse évoque le remplacement du drapeau blanc et les « Trois Glorieuses ». L’association des trois couleurs aux trois journées est un thème récurrent, appuyé, dans les discours officiels. Le ciel menaçant et la fumée noire symbolisent la première « Glorieuse », journée indécise des premiers engagements ; la fumée flamboyante et le ciel qui se dégage évoquent le 28 juillet, jour des combats les plus violents mais aussi les plus décisifs ; la fumée blanche, moins importante, et le ciel désormais pur représentent la victoire acquise le 29 juillet. La figuration réaliste du sang composant la dernière bande de couleur prend place dans un mouvement général de sacralisation du sang fondateur des martyrs.
L’esquisse fut reprise par Villains en une lithographie très largement diffusée. Elle était accompagnée d’un poème qui ne laissait guère de doute quant à son interprétation :
« Aux ténèbres enfin succède la clarté
Et des pâles lambeaux du drapeau des esclaves
Et de l’azur du ciel et du sang de nos braves
Naît l’étendard brillant de notre liberté »
L’étude de Cogniet et la lithographie de Villains s’inscrivent dans un discours officiel qui légitime les trois couleurs comme emblème majeur du régime : le fil est renoué avec le grand espoir de 1789, et les spectres de la contre-révolution semblent exorcisés.
Raoul GIRARDET « Les trois couleurs », in Pierre Nora (dir.) Les Lieux de mémoire tome I « La République », Gallimard, 1984, rééd.coll. « Quarto », 1997.Alain CORBIN « L’impossible présence du roi », in Alain Corbin, Noëlle Gérôme et Danielle Tartakowsky (dir.) Usages politiques des fêtes XIXe-XXe Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, p. 77-116.David PINKNEY La Révolution de 1830 en France Paris, PUF, 1988.
1. Le duc d'Orléans aimait alors à rappeler qu'il avait combattu à Valmy et à Jemmapes, sous le drapeau tricolore des armées révolutionnaires.
Mathilde LARRÈRE, « Scène de Juillet 1830, dit aussi Les Drapeaux », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/04/2024. URL : histoire-image.org/etudes/scene-juillet-1830-dit-drapeaux
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jeanbaptistelepage
C'est un très beau tableau, les textures sont très belles, le contexte est très bien trouvé. Bonne continuation. Bises, Jean-Baptiste, à bientôt !
charles reesink || superbe! ces drapeaux font
superbe! ces drapeaux font déjà penser a Francis Bacon - a tourmente, la souffrance, l'incertain...
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