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Le départ pour la chasse

Le départ pour la chasse

Scène de chasse

Scène de chasse

Le départ pour la chasse

Le départ pour la chasse

Auteur : VERNET Carle

Lieu de conservation : musée Condé (Chantilly)
site web

Date représentée : 1787

H. : 108 cm

L. : 128 cm

Le duc d'Orléans et le duc de Chartres à un rendez-vous de chasse en 1787.

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojeda

Lien vers l'image

PE 419 - 01-004138

De la sporting painting à la chasse à l’anglaise

Date de publication : Juillet 2011

Auteur : Béatrice MÉON-VINGTRINIER

De la sporting painting à la chasse à l’anglaise

À la fin du XVIIIe siècle, les échanges culturels et artistiques entre la France et l’Angleterre sont intenses : le goût des haras et des courses de chevaux, répandu en France depuis 1775, est bientôt relayé par la sporting painting. Ce genre, très prisé en Angleterre dès la première moitié du siècle, est limité à la représentation des chevaux de selle. Illustré par des artistes comme John Wootton (1683-1764) ou James Seymour (1702-1752), il acquiert ses lettres de noblesse avec George Stubbs (1724-1806). Cet art de vivre britannique est connu des Français par les gravures de chasse, très prisées sur le marché parisien et parfois éditées avec des légendes bilingues. La mode anglaise s’étend aussi à la pratique de la chasse à courre, et le duc d’Orléans, futur Philippe-Égalité, est le tout premier à l’adopter pour se livrer à ce sport. S’il importe des accessoires vestimentaires, il fait également venir chiens et chevaux pur-sang destinés à ses haras de Viroflay et de Meudon. Après l’Empire et le rétablissement des relations franco-britanniques, l’anglomanie est à son comble, entretenue par les aristocrates revenus d’exil et par les nombreux Britanniques vivant à Paris.

Une remarquable continuité

Carle Vernet représente le duc d’Orléans (futur Philippe-Égalité) et son fils le duc de Chartres (futur Louis-Philippe) alors âgé de quatorze ans au départ d’une chasse. La taille que leur a donnée le peintre montre toutefois qu’ils ne constituent pas le sujet principal de son tableau. Dans le fond, des cavaliers et la meute rappellent que la vénerie est un divertissement mondain collectif et convivial.

Le paysage serein privilégiant les horizontales sert d’écrin aux nouvelles tenues de vénerie à la mode anglaise que le duc d’Orléans a adoptées à la suite de son voyage en Angleterre en 1783. Redingotes rouges, capes de velours noir et bottes à revers jaunes ont remplacé les tricornes et les bottes à chaudron qui composaient l’habit traditionnel des équipages princiers de l’Ancien Régime.

Cessant d’être les faire-valoir de leurs cavaliers, les montures prennent ici une importance nouvelle. Les pur-sang semblent poser, et l’on peut se demander s’ils ne sont pas les véritables sujets du tableau. Il est vrai que, dans la chasse anglaise, l’exercice équestre est plus important que le travail des chiens. Précisons par ailleurs que le peintre connaît bien les écuries du duc d’Orléans où sont hébergés les deux chevaux que son père lui a offerts en 1778 et 1783.

Deux générations plus tard, Alfred de Dreux, tout aussi anglophile et passionné d’équitation que son prédécesseur, se spécialise également dans les représentations de chevaux. Si la mode vestimentaire à l’anglaise s’est définitivement imposée, l’artiste aborde le thème de manière plus vivante : il invite le spectateur à participer à la chasse à la suite des cavaliers représentés de dos et dont la taille décroissante entraîne le regard vers l’horizon. Le paysage reste classique par sa composition avec des arbres de part et d’autre, mais le traitement nouveau de la lumière et la liberté de la touche le rendent tributaire du modèle anglais révélé aux artistes français au Salon de 1824. De Dreux étudie très précisément l’anatomie des chevaux, mais il est aussi le premier à en étudier les attitudes, ouvrant la voie à Degas qui travaillera d’après ses tableaux.

De la chasse à l’anglaise à un nouveau genre de peinture

Sous l’Ancien Régime, l’activité cynégétique n’avait généré que peu d’images, aucune en tout cas qui, par sa permanence, aurait pu prétendre à devenir un genre, à l’exception peut-être du thème des déjeuners de chasse, qui illustrent la sociabilité de cette occupation. Le mode de vie rural des gentlemen farmers d’outre-Manche, la vogue de la sporting painting et l’anglomanie ambiante favorisent en France la diffusion de la vénerie à l’anglaise avec la création de sociétés de chasse qui permettent de répartir les frais d’entretien du personnel et de la meute entre les sociétaires. L’habit rouge, les bottes à revers et la culotte de peau deviennent l’uniforme de ces brillantes assemblées mondaines. Carle Vernet les fixera avec une remarquable continuité stylistique pendant plus de quarante ans. Il traite le thème des rendez-vous de chasse dès la fin du règne de Louis XVI et le cultivera jusqu’à ce qu’il devienne un genre en soi, comme l’avaient été en leur temps les fêtes galantes inventées par Watteau. Les suiveurs de Vernet, comme de Dreux, ne retiendront de la chasse que le rouge des redingotes, couleur complémentaire de la nature.

Claude d’ANTHENAISE (dir.), A courre, à cor et à cri, images de la vénerie au XIXsiècle, catalogue de l’exposition du musée de la Chasse et de la Nature, 4 novembre 1999-2 avril 2000, Paris, Somogy, 1999.

Claude d’ANTHENAISE, Portraits en costume de chasse, Paris, Nicolas Chaudun, 2010.

Marie-Christine RENAULD, Alfred De Dreux, le cheval, passion d’un dandy parisien, Paris, Action artistique de la Ville de Paris, 1997.

Béatrice MÉON-VINGTRINIER, « De la sporting painting à la chasse à l’anglaise », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/sporting-painting-chasse-anglaise

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