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Portrait de Stéphane Mallarmé.

Portrait de Stéphane Mallarmé.

Portrait de Stéphane Mallarmé.

Portrait de Stéphane Mallarmé.

Portrait de Stéphane Mallarmé.

Portrait de Stéphane Mallarmé.

Auteur : MANET Edouard

Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web

Date de création : 1876

Date représentée : 1876

H. : 27,5 cm

L. : 36 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© Photo RMN - Grand Palais - H. Lewandowski

http://www.photo.rmn.fr

97DE21189 / RF 2661

Stéphane Mallarmé

Date de publication : Avril 2005

Auteur : Fleur SIOUFFI

Partagé entre sa vocation de poète et son métier de professeur d’anglais, Stéphane Mallarmé a beaucoup fréquenté les salons parisiens, hauts lieux de la vie littéraire et artistique de son époque. En 1873, il y rencontre Édouard Manet, qui devient son plus fidèle ami, et découvre à travers lui les préoccupations de la nouvelle génération de peintres dont il se sent aussitôt très proche. Acquis à la cause de la modernité, Mallarmé devient même l’un de ses plus fervents défenseurs en publiant des articles dans lesquels il exprime son admiration pour Manet et sa réflexion sur l’impressionnisme, qu’il considère alors comme « le principal et l’authentique mouvement dans la peinture contemporaine ». Pour le remercier de son précieux soutien, Manet puis Renoir ont illustré certains de ses poèmes et réalisé son portrait.

Pendant dix ans, en sortant du lycée Fontanes (aujourd’hui Condorcet), Mallarmé rejoint quotidiennement Manet dans son atelier où les deux hommes prennent plaisir à discuter. C’est à l’occasion de l’une de ces conversations réputées brillantes que le peintre fait poser le poète dans ce lieu qui lui est familier et reconnaissable à la tenture japonaise. Assis au creux d’un divan, Mallarmé apparaît comme un jeune dandy, à la fois élégant et nonchalant, la chevelure et la moustache légèrement ébouriffées, tenant un cigare incandescent aux volutes bleues, une main posée sur un paquet de feuilles blanches, l’autre glissée dans la poche de son caban. Plongé dans ses pensées, il semble même oublier qu’il est observé par son ami. La touche de Manet est rapide et légère pour mieux saisir le poète dans ce moment de rêverie intellectuelle et évoquer très justement l’univers évanescent des poèmes de Mallarmé. Manet a choisi de nous faire découvrir ici le Mallarmé des intimes, l’amateur de cigares, cet « homme au rêve habitué », comme il le disait de lui-même. De tous ses portraits d’écrivains, c’est sans aucun doute le plus réussi car il rayonne de l’amitié et de la complicité qui unissaient les deux hommes.

Renoir, présenté à Mallarmé par Manet, devient lui aussi un proche du poète et réalise à son tour, seize ans plus tard, un portrait toutefois bien moins célèbre. Choisissant un cadrage plus serré, il représente son ami qui, avec l’âge, a abandonné tous les attributs du poète dandy pour prendre l’apparence d’un bourgeois aisé – costume, chemise blanche et lavallière. D’ailleurs, quand Renoir a donné ce portrait à Mallarmé pour le remercier de ses démarches auprès du directeur des Beaux-Arts en vue de l’achat par l’État de l’une de ses œuvres (Jeunes filles au piano, musée d’Orsay), le poète lui a reproché justement de lui avoir donné « l’air d’un financier cossu ». Si la pose et la présentation du poète paraissent convenues, ce portrait n’est pas pour autant conventionnel. Le peintre ne cherche pas à reproduire le quotidien du poète mais à explorer d’un regard intense l’univers de sa pensée, car « la plus grande partie de l’existence moderne se passe à l’intérieur » selon Mallarmé.

L’amitié de Mallarmé avec les peintres, Manet et Renoir, mais aussi Degas, Whistler et Gauguin, a contribué à sceller le dialogue entre la peinture et la poésie à la fin du XIXe siècle. Plus que des témoignages de la vénération des peintres pour le poète, ces portraits révèlent aussi leurs aspirations communes vers un renouvellement profond de l’art. À l’image des peintres impressionnistes qui se sont affranchis des codes de la représentation traditionnelle pour « peindre non la chose, mais l’effet qu’elle produit », Mallarmé a lui aussi bouleversé les règles poétiques en vigueur pour créer une poésie nouvelle tout entière fondée sur l’allusion et la suggestion. Son dernier poème « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard » (1897), est l’aboutissement d’une recherche révolutionnaire dans l’histoire de la poésie.

Françoise CACHIN, Manet, « j’ai fait ce que j’ai vu », Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », 1994.

Colin B.BAILEY, Les Portraits de Renoir, Paris, Gallimard-Musée des Beaux-Arts du Canada, 1997.

Sophie MONNERET, Renoir, Paris, Chêne, coll. « Profils de l’art », 1989.

Jean-Michel NECTOUX, Un clair regard dans les ténèbres. Mallarmé, poésie, peinture, musique, Paris, Adam Biro, 1998.

Catalogue Mallarmé, 1842-1898. Un destin d’écriture, Paris, Gallimard-RMN, 1998.

Fleur SIOUFFI, « Stéphane Mallarmé », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/stephane-mallarme

Anonyme (non vérifié)

"Mallarmé a lui aussi bouleversé les règles poétiques en vigueur pour créer une poésie nouvelle tout entière fondée sur l’allusion et la suggestion" oui, "l'Après-midi d'un Faune" et "Hérodiade" sont les plus puissantes illustrations de son idéal.

Il rêvait d'ailleurs de voir ces pièces jouées au théâtre, mais cette poésie allusive et exigeante n'a que rarement trouvé les interprètes à sa mesure.

( Voici la seule réalisation que l'on puisse trouver à ce jour, belle interprétation du reste:
http://www.youtube.com/watch?v=3TbQORU90pw
http://www.youtube.com/watch?v=cs5Op5Oi9GE )

Il faut lire le Journal de Julie Manet (fille de Berthe Morisot, nièce d'Edouard Manet) pour voir le côté intime de ces relations entre les artistes Morisot, Mallarmé, Renoir, Degas... On découvre aussi le tout jeune homme Paul Valéry.

sam 03/12/2011 - 10:28 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Votre site n'est pas assez complet. Par exemple je cherche quelque chose sur Mallarmé et je ne trouve pas. Mais sinon dans l'ensemble ça va.

mar 22/04/2014 - 11:04 Permalien

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