Figure allégorique de la République.
Auteur : GROS Antoine-Jean
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
H. : 73
L. : 61
huile sur toile
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
MV 5498 - 09-502068
Un symbole pour la Première République
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Robert FOHR et Pascal TORRÈS
Le 21 septembre 1792, la Convention abolit la monarchie. Elle décréta le 22 que les actes publics seraient datés de l’an I de la République française. Les révolutionnaires croyaient à la vertu pédagogique des images : la République au sens d’Etat dépourvu de monarque fut représentée par une femme en habit antique, allusion à la République romaine. L’abbé Grégoire, chargé à la Convention du rapport sur les sceaux de la République, proposa de l’assimiler à l’image de la Liberté, représentée sous les traits d’une femme vêtue à l’antique, debout, tenant de la main droite une pique surmontée d’un bonnet phrygien ou bonnet de la Liberté et s’appuyant de la gauche sur un faisceau d’armes, symbole d’union. C’est cette image qui est ici reprise dans l’esquisse de la grande peinture qu’Antoine-Jean Gros réalisa en 1794 comme écusson pour la légation de France à Gênes.
La République, solide figure de jeune femme, est entourée de cinq attributs : la pique surmontée du bonnet phrygien, symbole de la Liberté, le niveau, symbole d’égalité, posé sur un faisceau de licteur entouré de feuilles de chêne (l’union et la force). Elle porte une tunique courte, à l’antique, qui lui laisse un sein découvert, et son casque guerrier est là pour rappeler les anciennes allégories de Rome comme pour figurer la nation en armes contre les monarchies coalisées. A l’arrière-plan de cette effigie puissante posée sur une simple terrasse, le paysage n’est qu’accessoire, réduit à une ligne d’horizon entrecoupée de monts.
« Ma grande figure de la Liberté ou République française, écrit Gros le 16 mars 1795 à sa mère, est terminée ; on en paraît content. Il est vrai que dans ce pays il n’y a pas de juges sévères en peinture : je crois cependant que ce n’est pas du plus noble style. Elle est au moins passable, enfin j’ai fait ce que j’ai pu. » Le mécontentement du jeune artiste, âgé de vingt-trois ans au moment de la réalisation de cette grande toile aujourd’hui perdue mais dont Versailles conserve cette esquisse de petites dimensions (qui pourrait cependant n’être qu’une simple réplique), annonce sans doute la prédominance que la force du symbole prendra sur la qualité artistique des œuvres officielles durant toute la période révolutionnaire, à de très rares exceptions près. Il est vrai aussi que cette figure massive et sculpturale avait été conçue pour être vue de manière frontale à distance et certainement d’en bas, ce qui peut expliquer que Gros, surtout exercé à l’époque à peindre des portraits, en ait mal maîtrisé les proportions.
Maurice AGULHON Marianne au combat, l'imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1889 Paris, Flammarion, 1979.Maurice AGULHON, Pierre BONTE Marianne.Les visages de la République Paris, Gallimard, 1992.La Révolution française et l’Europe 1789-1799 , catalogue de l’exposition au Grand-PalaisParis, RMN, 1989.Maurice AGULHON Marianne au combat, l'imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1889 Paris, Flammarion, 1979.Maurice AGULHON, Pierre BONTE Marianne.Les visages de la République Paris, Gallimard, 1992.La Révolution française et l’Europe 1789-1799 , catalogue de l’exposition au Grand-PalaisParis, RMN, 1989.
Robert FOHR et Pascal TORRÈS, « Un symbole pour la Première République », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 20/04/2024. URL : histoire-image.org/etudes/symbole-premiere-republique
Lien à été copié
Découvrez nos études
Le suffrage universel
Le suffrage universel est le fils aîné de la République : héritage des scrutins à deux degrés de 1789 et 1792,…
La Liberté
Au lendemain de la prise de la Bastille, étendards, affiches et gravures commencent à diffuser des emblèmes du triomphe de la Révolution sur le…
Enterrement de la IIe République
Singulier destin que celui de cet enterrement de campagne ! Symbole de l’ordure moderne pour les contemporains, chef-d’œuvre révéré aujourd’hui,…
La fuite de Blois et la réconciliation
Lorsque Rubens reçoit en 1622 commande d’un cycle de peintures pour orner la galerie occidentale du tout nouveau…
Les Quatre nations vaincues
La place des Victoires a une genèse singulière puisqu’elle est voulue par François, vicomte d’Aubusson, duc de la Feuillade (1625-1691), afin de…
Louis XIII, « une foi, une loi, un roi »
Cette composition serait une réplique d’atelier d’une toile de Simon Vouet conservée à Versailles. Due à l’…
L'Émancipation à la Réunion
La première moitié du XIXe siècle voit l’émergence d’une classe dominante de colons dont la richesse…
Allégorie de la régence d’Anne d’Autriche
Si sa date de réalisation est attestée – 1648 –, on ignore à la fois qui a commandé la toile et son emplacement…
Henri IV et la paix
Depuis 1562 la France est plongée dans des guerres de religion. La mort de François duc d’Anjou en 1584, dernier frère d’Henri III lui-même sans…
Marie Curie et la presse
Marya Sklodowska est née à Varsovie, en 1867, en Pologne alors partie intégrante de l’Empire russe et décède en…
kokotte
tu vois les commentaire thomas?
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel