Aller au contenu principal
Raccommodeur de faïences

Raccommodeur de faïences

Vannier

Vannier

Hôtel Carnavalet

Hôtel Carnavalet

Raccommodeur de faïences

Raccommodeur de faïences

Date de création : 1898-1900

Date représentée : 1898-1900

Série « Vie et métiers à Paris », 1898-1900

Domaine : Photographies

© Cliché Bibliothèque Nationale de France

Oa 615 - pet. Fol. ATGET Eugène Tome 1

Le vieux Paris - la photographie documentaire

Date de publication : Octobre 2005

Auteur : Charlotte DENOËL

Mutations urbaines

« Dehors, des thèmes populaires finement écrits pour des instruments variés, depuis la corne du raccommodeur de porcelaine ou la trompette du rempailleur de chaises, jusqu’à la flûte du chevrier, qui paraissait dans un beau jour être un pâtre de Sicile, orchestraient légèrement l’air matinal, en une « ouverture pour un jour de fête » » : dans La Prisonnière, Marcel Proust a admirablement décrit les cris des marchands ambulants dont Paris retentissait encore vers 1900. Partie intégrante de l’imagerie populaire dès le XVIe siècle, ces petits métiers contribuèrent longtemps au charme de la capitale, faisant le bonheur des passants. Toutefois, sous l’effet conjugué de l’essor industriel du XIXe siècle et de la réglementation de plus en plus stricte de la voirie parisienne, ils sont en voie d’extinction dès les années 1880. À ces mutations sociales s’ajoutent de nombreux changements dans la topographie parisienne, consécutifs aux grands travaux d’aménagement entrepris par le baron Haussmann entre 1853 et 1869. Beaucoup de rues pittoresques de la capitale laissent place à de grandes artères adaptées à la circulation et à des infrastructures modernes. Toutefois, ces nouvelles artères sont tout autant productrices de petits métiers – camelots divers, hommes-sandwichs, bonneteurs – que les nostalgiques du « Paris qui s’en va » ne semblent pas voir avant leur disparition… dans les années 1950.

Photographier le Paris pittoresque

Face à la désagrégation de l’ancien tissu urbain, nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour réclamer la sauvegarde du Paris pittoresque et des vieux quartiers qui n’ont pas encore été touchés par ces remaniements. Par son œuvre documentaire, Eugène Atget (1857-1927) a joué un grand rôle dans ce combat : dès 1898, date de la création de la Commission du Vieux-Paris, ce photographe consacre plusieurs séries aux petits métiers et à la topographie du vieux Paris. Dans la première série qui comprend au moins 135 planches, Atget s’intéresse aux marchands et leur demande de poser pour lui, comme le montrent deux clichés sur papier albuminé d’un raccommodeur de faïences et d’un vannier. Dans ces deux photographies, cadrées au plus près, habits et marchandises permettent d’identifier le métier qu’exercent ces personnages. Tandis que le raccommodeur de faïences est portraituré « sur le vif », accroupi sur le trottoir et absorbé dans sa tâche, la pose un peu figée du vannier debout devant la gare de Sceaux, chargé de nombreux et volumineux paniers, s’inscrit dans une tradition iconographique ancienne qui remonte à l’Ancien Régime. Cette culture classique s’observe également dans les vues d’architecture, qui visaient à donner une représentation aussi claire et aussi exacte que possible de la réalité. Adoptant le point de vue du piéton, du flâneur, Atget photographie méthodiquement les rues et les monuments situés dans les quartiers historiques menacés de démolition. Il a ainsi consacré plusieurs vues à la rue de Sévigné, située au cœur du Marais, et à ses hôtels particuliers. L’une d’elles représente l’hôtel Carnavalet en perspective, tel qu’il est visible du côté de la rue de Sévigné. Le choix d’un cadrage serré et d’une grande profondeur de champ met en valeur l’architecture de l’édifice, dont la façade classique se déploie harmonieusement le long de la rue de Sévigné.

 

L’essor de la photographie documentaire

Conscient de la valeur historique et documentaire de ses clichés, Eugène Atget procédait systématiquement par séries, archivant chacun de ses tirages et constituant des albums thématiques qu’il proposait aux musées et aux bibliothèques ainsi qu’à des clients privés nostalgiques du vieux Paris. Cette approche sérielle et la volonté de promouvoir une certaine objectivité font considérer ce photographe comme le père de la photographie documentaire. Sa renommée tardive est le fait de la photographe américaine Bérénice Abbot qui, à la mort d’Atget en 1927, acquit un ensemble de négatifs sur verre et de tirages et contribua à faire connaître l’œuvre d’Atget aux États-Unis, puis en Europe. La découverte de celle-ci a conduit un certain nombre de photographes à adopter dès les années 1920-1930 une nouvelle démarche documentaire qui, de Bérénice Abbot à Bernd et Hilla Becher, pour ne citer que ces trois noms, tend à considérer l’objet photographié comme un document d’étude, susceptible de fournir des informations sur un sujet donné.

Michel FRIZOT (dir.), Nouvelle histoire de la photographie, Paris, Larousse-Adam Biro, 2001.Jean-Claude LEMAGNY, Atget, le pionnier, Paris, Marval, 2000.Jean-Claude LEMAGNY et André ROUILLE (dir.), Histoire de la photographie, Paris, Larousse-Bordas, 1998.Eugène Atget : intérieurs parisiens, catalogue de l’exposition du musée Carnavalet, 19 octobre-21 novembre 1982, Paris, Éd.Carré-Paris-Musées, 1982.

Charlotte DENOËL, « Le vieux Paris - la photographie documentaire », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/vieux-paris-photographie-documentaire

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

La Guadeloupe, une image au service de la colonisation

La Guadeloupe, une image au service de la colonisation

La colonisation de la Guadeloupe

L'histoire de la colonisation de la Guadeloupe par les européens débute avec le second voyage de Christophe…

Le pont au Change

Le pont au Change

Les ruines de la ville

Ce tableau illustre l’une des grandes facettes de la vie d’artiste d’Hubert Robert, celle du peintre de la réalité urbaine…

La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France

La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France

La redécouverte du patrimoine monumental français

En gestation sous l’Ancien Régime, la notion de patrimoine émerge véritablement à la faveur de la…

La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France
La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France
La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France
La Mission héliographique de 1851, un voyage pittoresque et romantique à travers l’ancienne France
Versailles

Versailles

La seule vision de ces bâtiments évoque l’absolutisme et le classicisme. Versailles est aujourd’hui un élément constitutif, inamovible et…

Le Mobilier urbain, un symbole de Paris

Le Mobilier urbain, un symbole de Paris

Des colonnes dans la rue

La multiplication des lieux de divertissement tels que les théâtres ou les cirques sur les boulevards au cours du XIX…

Victor Laloux, l'architecte de la gare d'Orsay

Victor Laloux, l'architecte de la gare d'Orsay

Représentant emblématique de l’architecte officiel couvert d’honneurs, Victor Laloux connut une carrière exemplaire. Elève de l’Ecole des Beaux-…

Vue de l’Hôtel de Ville au XVIII<sup>e</sup> siècle

Vue de l’Hôtel de Ville au XVIIIe siècle

Observer la capitale

Ce tableau tourné vers la place de Grève est signé et daté sous la corniche du quai situé sur la gauche de la toile «…

Charles Marville : photographies d'un patrimoine monumental restauré

Charles Marville : photographies d'un patrimoine monumental restauré

La restauration des édifices : une science en plein essor

Les destructions monumentales survenues au cours de la période révolutionnaire, la…

Charles Marville : photographies d'un patrimoine monumental restauré
Charles Marville : photographies d'un patrimoine monumental restauré
Charles Marville : photographies d'un patrimoine monumental restauré
La restauration du Mont-Saint-Michel

La restauration du Mont-Saint-Michel

En 1872, l’architecte Édouard Corroyer (1835-1904) est chargé par la direction des Beaux-Arts de la restauration du Mont-Saint-Michel, et…

La restauration du Mont-Saint-Michel
La restauration du Mont-Saint-Michel
Versailles après Louis XIV

Versailles après Louis XIV

Le retour de la Cour

Le tableau de Pierre-Denis Martin (1663-1742) s’inscrit dans une période de renouveau dans l’histoire du château de…

Versailles après Louis XIV
Versailles après Louis XIV
Versailles après Louis XIV