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Franklin revendique les droits sur les colonies américaines devant Louis XVI

Franklin revendique les droits sur les colonies américaines devant Louis XVI

Benjamin Franklin à la cour de France

Benjamin Franklin à la cour de France

Franklin revendique les droits sur les colonies américaines devant Louis XVI

Franklin revendique les droits sur les colonies américaines devant Louis XVI

Date de création : vers 1847

Date représentée : 20 mars 1778

H. : 81,8 cm

L. : 111,76 cm

huile sur toile

Domaine : Peintures

© American Philosophical Society

lien vers l'image

58.P.28

Benjamin Franklin en France

Date de publication : Janvier 2020

Auteur : Christophe CORBIER

Le tableau du peintre américain George Peter Alexander Healy, élève de Gros en France, est une commande du roi Louis-Philippe (1773-1850) datant de 1847. La révolution de 1848, qui éclate en février et entraîne l’abdication de Louis-Philippe, en a retardé la livraison. Il a été finalement exposé à Paris, au Salon de 1855, et il a valu au peintre une médaille de deuxième classe. Soixante-dix ans après les faits, Healy a choisi de représenter un moment capital dans l’histoire des États-Unis et dans la vie de Franklin : la présentation du ministre américain au roi de France le 20 mars 1778, un mois après la signature de deux traités d’alliance, de commerce et d’amitié entre les deux États le 6 février 1778.

Quant au graveur anglais William Overend, il a reproduit en 1853 un tableau du peintre belge André Jolly (1799-1883) qui évoque la réception de Franklin par la famille royale de France le 22 mars 1778, durant laquelle, en présence de la cour, le ministre plénipotentiaire est présenté à Marie-Antoinette.

Healy a choisi de représenter le moment où Franklin et Louis XVI scellent une alliance contre l’Angleterre, ce qui a permis aux colonies américaines de poursuivre leur lutte contre la métropole. Parti de Philadelphie en septembre 1776, Franklin est arrivé en décembre 1776 à Paris, où il a mené pour la République américaine, qui avait proclamé son indépendance le 4 juillet 1776, des négociations avec le gouvernement français. La scène se déroule au château de Versailles, dans la salle du Trône. Louis XVI, qui nourrissait une profonde aversion pour l’Américain et pour les idées républicaines, écoute Franklin exposer les revendications des colonies américaines, inscrites sur le traité qu’il désigne de la main droite. Derrière lui se trouvent les deux autres commissaires, Silas Deane et Arthur Lee. Deux autres hommes dont le rôle a été fondamental dans les négociations franco-américaines sont aussi représentés : Beaumarchais, dans le coin droit du tableau, et le comte de Vergennes, debout derrière le roi. Healy joue sur le contraste entre le luxe du trône et de son dais de pourpre et d’or, la somptuosité des costumes de la cour et la simplicité légendaire de Franklin, en habit noir, chaussé de souliers sans boucles, sans perruque : une apparence extérieure qui a fait la célébrité du savant.

La gravure d’Overend évoque un autre aspect de la notoriété dont jouissait Franklin en France. On fête ici le génie qui a percé le mystère de la foudre et de l’électricité. Bien que le roi et la reine soient présents, Franklin est le héros de cette scène, couronné de lauriers par Diane de Polignac. Assis à l’écart, Marie-Antoinette et Louis XVI observent la scène avec détachement. Cette gravure rappelle que Franklin, ami de Lavoisier et membre de l’Académie royale des sciences depuis 1772, avait connu un grand succès auprès des femmes de l’aristocratie parisienne dès son installation à Passy au début de l’année 1777.

Le séjour de Franklin en France, qui s’est prolongé jusqu’en juillet 1785, a laissé un grand souvenir de part et d’autre de l’océan Atlantique. Après le séjour du ministre plénipotentiaire des États-Unis à Paris, un « mythe Franklin » est né dans les années 1780. Sa mort, en 1790, a donné lieu à des célébrations pour honorer le défenseur de la liberté et du savant qui a dominé la nature : Mirabeau a rendu un hommage vibrant au héros de l’indépendance américaine, incarnation de l’esprit des Lumières. Le tableau d’Healy et la gravure d’Overend ont contribué à perpétuer ce mythe au XIXe siècle en France, notamment sous la monarchie de Juillet.

Commanditaire du tableau de Healy, le « roi bourgeois » Louis-Philippe, fils du régicide Philippe Égalité, avait côtoyé Mirabeau et La Fayette en 1790 au club des Jacobins. Puis il avait voyagé aux États-Unis entre 1796 et 1799 et il y avait rencontré George Washington. Trente ans plus tard, après la chute de Charles X, il a été investi en août 1830 par La Fayette lui-même avant de fonder une monarchie constitutionnelle, reflet de ses aspirations libérales. Dans ces deux images, le souvenir de Franklin, « bienfaiteur de l’humanité », se conjugue à l’évocation de l’alliance franco-américaine depuis 1776. On peut y lire le symbole du passage d’un Ancien Régime déclinant vers un monde neuf, incarné par le sage Franklin, revêtu de ses habits râpés et faisant face, avec calme et assurance, au monarque absolu.

FOHLEN Claude, Benjamin Franklin : l’Américain des Lumières, Paris, Payot & Rivages, coll. « Biographies Payot », 2000.

PONIATOWSKI Axel, MAISONNEUVE Cécile, Benjamin Franklin, Paris, Perrin, 2008.

Christophe CORBIER, « Benjamin Franklin en France », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 28/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/benjamin-franklin-france

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