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1re suite des costumes français pour les coiffures depuis 1776

1re suite des costumes français pour les coiffures depuis 1776

Date de création : fin du XVIIIe siècle

H. : 26,8 cm

L. : 20,8 cm

eau-forte. Bonnet à la victoire ; La candeur ; Bonnet au Levant ; Le parterre galant

Domaine : Estampes-Gravures

© RMN - Grand Palais (Château de Blérancourt) / Franck Raux

Lien vers l'image

CFAc 249.7 - 07-519848

Gravures de mode

Date de publication : Septembre 2014

Auteur : Joël CORNETTE

Au temps de Louis XVI, notamment à la cour de Versailles, mais aussi à Paris et dans les grandes villes du royaume, les coiffures des femmes ont pris des formes extravagantes : des caricatures mettent alors en scène des dames coiffées, suivies de maçons et de charpentiers pour agrandir les portes par lesquelles elles doivent passer, ou d’un coiffeur grimpé sur un échafaudage pour ajuster le haut d’une de ses créations…

Les mélanges de chapeaux et de coiffures en cheveux sont caractéristiques de cette époque antérieure à la Révolution, créations conjuguées de modistes et de coiffeurs dont l’imagination faisait preuve alors d’une fertilité incessante, proportionnelle à leurs bénéfices : la comtesse de Matignon passa ainsi un marché avec le célèbre Baulard qui, moyennant vingt-quatre mille livres par an, devait fournir chaque jour une coiffure nouvelle.

Les coiffures des femmes exigeaient des heures de patience et de supplice afin de subir la confection de centaines de papillotes, et il n’était pas rare qu’une élégante se fasse coiffer la veille et passe la nuit sur une chaise pour ne pas défaire le savant et fragile édifice…

À partir de 1778 commença la publication de la Galerie des modes et costumes français dessinés d’après nature : elle se composa d’abord de cahiers de dix estampes représentant chacune quatre coiffures, remplacées, dès le septième cahier, par des personnages en pied.

Cette « première suite des costumes français pour les coiffures depuis 1776 » présente, à partir de quatre exemples, un aperçu de l’inventivité sans limites des créateurs : « bonnet à la victoire », « la candeur », « bonnet du Levant », « le parterre galant ». L’extravagance ne connaissait pas de limites : les coiffures « à la grand-mère » disposaient d’un ressort permettant de les abaisser. Il y eut aussi « à la loge d’opéra » (1772), « à la comète » (1773), « à la Belle Poule » (1779), cette dernière comprenant une frégate toutes voiles dehors, naviguant sur une mer de cheveux ondulés…

La mode et le succès aidant, le 17 novembre 1785, paraissait le premier numéro du Cabinet des modes qui devint, l’année suivante, le Magasin des modes nouvelles françaises et anglaises : cent trente-deux numéros parurent entre le 17 novembre 1785 et le 21 décembre 1789, date de l’arrêt de la publication. Ce premier journal de mode français permettait à la fois une large diffusion des modèles parisiens et un renouvellement plus rapide encore des nouveautés.

En 1789, il y avait neuf cent soixante-douze perruquiers à Paris, à l’affût de toutes les innovations, fut-ce la prise de la Bastille : « Il n’y a pas de doute qu’une révolution comme celle qui s’opère en France, peut-on lire dans le Magasin des modes nouvelles, à la date du 21 septembre 1789, ne dut fournir à la capitale l’idée de quelque mode, c’est un assez grand événement pour cela. »

Lors de la fuite de Varennes, Marie-Antoinette eut soin d’emmener son coiffeur, Léonard Autier, dit le Beau Léonard. Il s’intitulait « académicien de coiffures et de mode », et s’enorgueillissait d’être parvenu à faire entrer quatorze aunes d’étoffes dans une seule coiffure…

La diffusion de ces estampes est révélatrice de la « culture des apparences » qui caractérisait la bonne société du siècle des lumières, friande de toutes les nouveautés que ces gravures donnaient à voir et à imiter.

Mais cette étrange mode provoqua aussi interrogations et débats, mêlant l’ironie à la philosophie : Louis Sébastien Mercier (1740-1814) consacra ainsi un chapitre particulier de son Tableau de Paris aux perruquiers, opposant le « naturel » d’une période passée aux artifices du temps présent. Plus dramatique encore, écrivait-il, lorsque « l’on songe que la poudre dont deux cent mille individus blanchissent leurs cheveux est prise sur l’aliment du pauvre » : la farine, en effet, « qui nourrirait dix mille infortunés », entrait dans la fabrication de ces extravagances capillaires…

CORNETTE Joël, Chronique du règne de Louis XIV, Paris, Sedes, 1997.

CORNETTE Joël, Histoire de la France : absolutisme et Lumières (1652-1783), Paris, Hachette supérieur, coll. «  Carré histoire » (no 23), 2005 (1re éd. 1993).

Joël CORNETTE, « Gravures de mode », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 29/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/gravures-mode

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