Le « tracas » d’un portrait officiel
En 1807, le talent artistique d’Élisabeth Vigée Le Brun est reconnu dans toute l’Europe. Après avoir été la peintre officielle de la reine Marie-Antoinette, la Révolution la contraint à l’émigration, avant un premier retour en France en 1801. Sa notoriété lui attire alors à nouveau des commandes de portraits, dont celui de Caroline Murat.
Maria Annunziata Bonaparte, dite Caroline (1782-1839), épouse du général Joachim Murat depuis 1800, avait obtenu de son frère aîné Napoléon le grand-duché de Berg et de Clèves en 1806. C’est donc une grande-duchesse de vingt-cinq ans que peint Vigée Le Brun en 1807, une princesse impériale qui reçoit brillamment la haute société dans sa résidence de l’Élysée.
Son portrait par Vigée Le Brun est une commande transmise par le directeur du Museum (actuel Musée du Louvre) Vivant Denon au nom de l’empereur, pour orner la galerie de Diane du palais des Tuileries. L’artiste en retira 1 800 francs, somme qu’elle estime dans ses Mémoires « moins de la moitié de ce que je prenais habituellement pour les portraits de même grandeur ». Vigée Le Brun décrit la réalisation de l’œuvre comme une épreuve, tant son modèle cédait à la mode, au point de se présenter dans son atelier vêtu et coiffé différemment à chaque pose. La peintre écrit : « Il me serait impossible de décrire toutes les contrariétés, tous les tourments qu’il me fallut endurer pendant que je faisais ce portrait. » Elle conclut sa description en mentionnant qu’elle avait peint de nombreuses princesses, mais qu’aucune ne l’avait fait attendre, et en précisant : « Le fait est que madame Murat ignorait parfaitement que l’exactitude est la politesse des rois, comme le disait si bien Louis XIV, qui, à la vérité, n’était pas un parvenu » (Souvenirs, chapitre XXXII). Vigée Le Brun n’aura donc pas construit de relation privilégiée avec son modèle, comme elle a pu le faire avec des princesses à la légitimité sans macule à ses yeux, Marie-Antoinette au premier chef. En revanche, son œuvre ne reflète aucunement le « tracas » ressenti pendant sa réalisation. On y retrouve le talent qui aura fait son succès et qui aura donné à l’art du portrait ses lettres de noblesse.

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Titre : Caroline Bonaparte et de sa fille ainée Laetitia Joséphine.
Auteur : Elisabeth Louise VIGEE-LE BRUN (1755 - 1842)
Date de création : 1807
Date représentée :
Dimensions : Hauteur 217 - Largeur 143
Technique et autres indications : Huile sur toile
Lieu de Conservation : Musée national du Château de Versailles site web
Contact copyright : © Photo RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Droits réservés site web
Référence de l'image : 89-000913-01 / MV4712
Caroline Bonaparte et de sa fille ainée Laetitia Joséphine.
© Photo RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Droits réservés
Caroline Murat l’ambitieuse
Date de publication : Octobre 2015
Inspecteur d'Académie Directeur académique adjoint
http://www.histoire-image.org/etudes/caroline-murat-ambitieuse
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Contexte historique
Analyse des images
Interprétation
Bibliographie
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Commentaires
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FrancoisParis le 19/10/2015 à 05:10:47
Etonné d'apprendre que Mme VIGEE LEBRUN ait peint un membre de la famille impériale!
pour moi, le nom de ce grand peintre est associé à la Reine Marie-Antoinette
pour moi, le nom de ce grand peintre est associé à la Reine Marie-Antoinette