La Grande Guerre à Arras
Avant la guerre, la ville d’Arras, chef-lieu du Pas-de-Calais, attirait déjà les touristes avec les deux places baroques qui en font l’égale de Lille ou de Bruxelles. Les combats de la Grande Guerre atteignent la cité dès le mois d’août 1914 ; le 7 octobre, l’hôtel de ville est en flammes, le 6 juillet 1915, la cathédrale est touchée. Jusqu’en avril 1917, le front s’établit à la lisière de la ville qui ne vit plus que sous les bombes : tout comme Reims, Arras est considérée comme une « ville martyre ».
Les artistes ayant réalisé les œuvres commentées ici ont tous deux une expérience de guerre, différente il est vrai. Fernand Sabatté (1874-1940), élève des Beaux-Arts et apprenti dans l’atelier de Gustave Moreau, se trouve mobilisé et même décoré pendant la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il trouve le temps de peindre les spectacles de désolation qu’il découvre. Georges (dit Geo) Dorival (1879-1968), fameux dès 1910 pour ses affiches publicitaires, en particulier touristiques, est lui réformé mais s’engage comme infirmier volontaire à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce. Il continue à dessiner des affiches (pour la Croix-Rouge par exemple) et des cartes postales de bienfaisance.