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Le Drapeau rouge sur le Reichstag

Le Drapeau rouge sur le Reichstag

Groupe de soldats soviétiques devant la porte de Brandebourg

Groupe de soldats soviétiques devant la porte de Brandebourg

Des soldats russes s'immortalisent sur les murs du Reichstag

Des soldats russes s'immortalisent sur les murs du Reichstag

Le Drapeau rouge sur le Reichstag

Le Drapeau rouge sur le Reichstag

Auteur : KHALDEÏ Evgueni

Lieu de conservation : Le Mémorial de Caen (Caen)
site web

Date de création : 02-mai-45

Date représentée : 02-mai-45

H. : 23,8 cm

L. : 17,7 cm

photographie

Domaine : Photographies

© Musée central des Forces armées de Moscou / Mémorial de Caen

MEMO_PHOT_02351

Soldats soviétiques après la bataille de Berlin

Date de publication : Novembre 2015

Auteur : Valérie POZNER

Berlin aux mains des Soviétiques

L’avance des Soviétiques s’est accélérée dès le début de 1945, grâce au déclenchement d’une offensive massive qui leur a permis d’occuper l’essentiel de la Pologne et de la Prusse orientale. Staline, qui a obtenu à l’issue de la conférence de Yalta en février que les territoires à l’est de l’Elbe reviennent à l’Union soviétique, lance conjointement les armées des généraux Joukov (1) et Koniev sur Berlin. Ceux-ci prennent en tenaille la ville par le nord et le sud, non sans rivalités. Les forces du Reich étant considérablement affaiblies, ce sont les dernières réserves de la Wehrmacht qui sont lancées dans la bataille, ainsi que des adolescents qui seront massivement décimés. Les combats débutent le 16 avril. La puissance de feu des Soviétiques est portée à son maximum. Il s’agit d’une des batailles les plus sanglantes et coûteuses en vies humaines de la Seconde guerre mondiale, car aux pertes militaires s’ajoutent d’innombrables victimes civiles. À la reddition de Berlin, signée le 2 mai à 4h du matin, deux jours après le suicide de Hitler dans son bunker, la ville est détruite à plus de 30%, et à plus de 70% dans le centre.
Les deux clichés ont été pris quelques jours après la fin des combats, dans deux lieux emblématiques du pouvoir, immortalisés par d’innombrables photographes : la porte de Brandebourg (érigée en 1791 pour le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II qui seul pouvait passer par le passage central) et le Reichstag, construit en 1894 pour l’Assemblée du Reich. Son incendie le 27 février 1933 fut attribué par les nazis à un complot communiste qui servit à justifier une violente campagne de répression dont les communistes furent la première cible.

C’est donc logiquement sur le Reichstag, point ultime visé par Staline, que les soldats soviétiques plantent un drapeau le 1er mai 1945. De nombreuses photos ont été prises de ce moment symbolique, toutes issues de reconstitutions, car aucun photographe n’a pu immortaliser la scène au petit matin du 1er mai. L’un de ces clichés, pris par le photographe Evgueni Khaldeï, est devenu célèbre dans les années 1960. Moult fois reproduit, on y a effacé la deuxième montre que porte au poignet l’officier qui soutient le soldat hissant le drapeau, signe trop évident des multiples vols commis par les vainqueurs.

Analyse des images : La victoire des simples soldats

Contrairement à ces images, symboles politiques de la victoire, ces deux clichés ne montrent ni gradés célèbres, ni drapeaux. La première photographie, due à un anonyme, montre six soldats devant la Porte de Brandebourg gravement endommagée durant les combats. Le photographe a pris soin de montrer la totalité du bâtiment. Il ne reste plus grand chose du quadrige qui le surmonte, après que des soldats allemands embusqués à l’intérieur, en ont été délogés par des tirs de l’artillerie soviétique. On voit d’ailleurs encore, derrière les soldats, une pièce d’artillerie à côté de trois camions stationnés devant le monument.
Loin d’être en tenue de parade – un des uniformes est maculé de poussière -, les personnages semblent encore sur leurs gardes et regardent tous vers un point énigmatique situé hors champ, en direction duquel pointe l’arme de l’un d’entre eux : la ville n’est pas encore sécurisée. La médaille qu’arbore l’un des soldats a certainement été décernée antérieurement, car celle attribuée « pour la prise de Berlin » ne sera instituée qu’au mois de juin 1945.

La seconde photographie est due, elle, à Evguéni Khaldeï, auteur du célèbre cliché pris sur le toit du Reichstag. Le photographe a ici cadré en gros plan un détail du monument, couvert de graffitis en langue russe, jusqu’aux moindres ornements sculptés. On distingue clairement des noms, des dates et des lieux : un certain Vladimir Serguéevitch Vassiliev, né en 1925, a laissé la trace de son passage ; V.Z. Cheptoun a choisi de mentionner le nom de son village, Tchernobaevka, non loin de Kherson, occupé deux ans et demi par les Allemands. D’autres ont gravé la mémoire d’opérations militaires et du trajet effectué jusqu’à Berlin : Stalingrad, Odessa, Kiev. Parmi ces noms, dans leur écrasante majorité masculins, se détache celui d’une femme, Eremeeva Oksana. C’est en condensé la géographie et l’histoire militaire, mais aussi sociale du conflit que l’on découvre à travers ces graffitis. Ce cliché, comme le laissent voir les inscriptions, a été effectué une quinzaine de jours après la prise du bâtiment.

Interprétation : révélation et occultation

Ces clichés dévoilent une vision de la guerre bien différente de celle qui déjà s'impose dans les médias soviétiques et va dominer jusque dans les années 1960, où le soldat du rang disparaît derrière les grands stratèges et le premier d'entre eux – Staline. Avec lui seront occultées la réalité des pertes humaines (évaluées aujourd'hui à 27 Millions de victimes civiles et militaires), la violence des combats et l'âpreté des premiers pas d'une après-guerre complexe.

Les graffitis laissés par ces très jeunes soldats dans les décombres du Reichstag (dont certains ont été conservés et sont aujourd'hui exposés) marquent aussi leur mainmise sur la ville… et en constituent l'aspect le plus policé. Car ce qui sera aussi longtemps occulté derrière les récits de la bataille, ce sont les débordements, rapines et viols pratiqués de manière massive. Il faudra attendre la chute du mur pour que soient évoqués ces sujets.

ANONYME, Une femme à Berlin : journal (22 avril – 22 juin 1945), Paris, Gallimard, coll. « Témoins », 2006.

BARBAT Victor, « Bannières et drapeaux, sur quelques manières de les lever et de les représenter : l’exemple du Reichstag, mai 1945 », 1895 : revue d’histoire du cinéma, no 74, 2014, p. 70-95.

BEEVOR Anthony, La chute de Berlin, Paris, Éditions de Fallois, 2002.

KERSHAW Ian, La fin : Allemagne (1944-1945), Paris, Le Seuil, coll. « L’univers historique », 2012.

LOPEZ Jean, Berlin : les offensives géantes de l’Armée rouge. Vistule, Oder, Elbe (12 janvier – 9 mai 1945), Paris, Économica, coll. « Campagnes et stratégies » (no 80), 2010.

1 - Gueorgui Konstantinovitch Joukov (1896-1974) : en 1918, il rejoint l'Armée rouge et adhère au parti communiste en 1919. Après avoir combattu lors de la Guerre civile russe, il est envoyé en Espagne en 1936. En 1941, Staline le nomme chef de l'état-major général. Il commande le front ouest. Il libère Stalingrad puis Léningrad. Maréchal en 1943, il commande l'offensive finale contre le Troisième Reich et entre dans Berlin. Le 8 mai 1945, il contresigne le document de la capitulation nazie au nom de l'U.R.S.S. Considéré comme un héros, il jouit d'une grande popularité dont Staline prend ombrage et il se retire jusqu'à la mort du dirigeant. Il revient sur le devant de la scène soviétique de 1953 à 1957, il joue une rôle important lors de l'avènement de Khrouchtchev mais celui-ci le démet de ses fonctions en 1957. Joukov se retire jusqu'à sa mort.

Valérie POZNER, « Soldats soviétiques après la bataille de Berlin », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/soldats-sovietiques-apres-bataille-berlin

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