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Un avion de combat Junkers Ju 87 A.

Un avion de combat Junkers Ju 87 A.

Stuka Ju87 B-1.

Stuka Ju87 B-1.

Un avion de combat Junkers Ju 87 A.

Un avion de combat Junkers Ju 87 A.

Date de création : 1939

Date représentée : 1939

Photographie L'avion de combat lance une bombe SC-500 sur des positions polonaises

© BPK, Berlin, Dist RMN - Grand Palais - image BPK

http://www.photo.rmn.fr

11-538391

Les Stukas, une arme nouvelle aux mains des nazis

Date de publication : Février 2012

Auteur : Christophe CORBIER

L’essor de la Luftwaffe

Dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933, le réarmement de l’Allemagne est engagé. La constitution d’une puissante armée de l’air, la Luftwaffe, sous la direction de Hermann Göring, en est un élément essentiel, de sorte qu’à partir de 1933, de nombreux types d’appareils sont créés par le complexe militaro-industriel. L’un des grands projets développés par les nazis a été l’élaboration d’un nouveau type d’avion bombardier, capable de plonger en piqué sur des objectifs limités et de petite taille : le Stuka (abréviation de « Sturzkampfflugzeug »). Parmi tous les modèles imaginés par les ingénieurs allemands dans les années 1930, le Junkers 87 est le plus célèbre. Il a été associé à la nouvelle tactique mise au point par les généraux allemands : appuyer l’infanterie et les chars au moyen de bombardements aériens ciblés pour favoriser les mouvements rapides des troupes, caractéristiques de la « guerre éclair » (« Blitzkrieg »). De très nombreuses photographies de cet appareil ont été diffusées en Allemagne à des fins de propagande, lorsque les revues vantaient les pilotes de Stuka, la puissance de leurs avions et l’efficacité de leurs attaques.

Les attaques des Stukas

Le premier cliché, pris depuis le cockpit d’un Stuka lors de la campagne de France (10 mai-22 juin 1940), illustre bien la technique d’attaque des Stukas : ils opéraient en escadrilles d’une trentaine d’avions répartis en plusieurs ensembles. L’appareil visible au premier plan appartient à la série B des Junkers 87, fabriquée à partir de 1938 et utilisée en 1939-1940 pendant les campagnes de Pologne et de France. Il a largué ses bombes (les casiers situés sous les ailes et sous le carénage sont vides). À l’arrière-plan apparaissent les autres bombardiers de ce petit groupe qui rentre sans doute d’une attaque.

Dès sa création en 1936, cet avion a été considéré comme l’un des appareils les plus laids jamais construits : la lourdeur de ses formes, son nez proéminent, le carénage massif de son train d’atterrissage, ses ailes en forme de W aplati, sa verrière surmontée d’une antenne, ont frappé les esprits. De plus, l’ajout de sirènes sur les « jambes » du train d’atterrissage avant ont rendu le Stuka célèbre : sur la jambe droite de l’avion, derrière la prise d’air, apparaît la petite hélice que le vent transformait en sirène hurlante lors du piqué. Au début de la guerre, ce son strident provoqua des mouvements de panique indescriptibles, en particulier parmi les chevaux des troupes montées, et accentuait la terreur suscitée par des bombardements imprévisibles, souvent dirigés contre des trains, des ponts, des bâtiments, ou contre les réfugiés qui fuyaient devant l’armée allemande.

Le second cliché a également été pris depuis un appareil voisin du bombardier, lors de la campagne de Pologne (septembre 1939). Il s’agit d’un Stuka Ju 87 A, c’est-à-dire le premier modèle fabriqué par les usines Junkers et utilisé pour la première fois pendant la guerre d’Espagne, dans le plus grand secret, contre les Républicains : les trois Stukas envoyés en Espagne pour soutenir les troupes de Franco avaient été soigneusement dissimulés, car ils faisaient partie des armes nouvelles destinées à assurer l’hégémonie de la Wehrmacht en Europe. C’est à ce titre qu’ils ont été réutilisés en Pologne où, associés à des modèles plus récents, ils ont grandement contribué à l’écrasement des forces polonaises. La photographie, en légère contre-plongée, illustre la technique employée par les pilotes de Stuka pour bombarder leurs objectifs avec la plus grande précision possible : l’avion s’incline vers le sol selon un angle d’environ 70°, plonge vers sa cible, ralentit grâce à des aérofreins, puis largue ses bombes (en général, une bombe de 500 kg, comme c’est le cas ici, ou des bombes de 250 et de 50 kg), avant de reprendre rapidement de l’altitude.

Le cliché a fixé un instant décisif, celui où le pilote largue la bombe. Malgré son apparente imperfection, cette représentation du Stuka est fortement structurée et, quoique anonyme, répond de toute évidence à des fins de propagande. Le saisissant contraste entre un premier plan sombre, limité dans la partie supérieure de la photographie, et un arrière-plan clair dans la partie inférieure symbolise dramatiquement l’opposition entre des conquérants implacables et un pays incapable de résister aux fulgurantes attaques de la Wehrmacht et de la Luftwaffe. L’avion, qui semble passer très rapidement devant l’objectif (il n’est saisi que partiellement), ainsi que la bombe en suspens dans les airs et nettement dessinée sur les forêts de Pologne, suggère la victoire des Allemands sur leurs adversaires. Enfin, l’absence de présence humaine (le pilote est invisible, l’altitude empêche de distinguer les troupes au sol et la cible du bombardier) renforce encore l’impression de puissance d’une machine qui broie impitoyablement les infrastructures terrestres aussi bien que la population polonaise.

Stuka et Blitzkrieg

Symbole de la « guerre éclair », le Stuka Ju 87 est l’une des armes nouvelles qui ont été associées aussi bien à l’efficacité de la Wehrmacht qu’à la cruauté nazie. Par ses bombardements précis et innombrables, en coopération avec les chars et l’infanterie, le Stuka a été un élément clé de la tactique élaborée par l’état-major allemand, qui a pu remporter des victoires rapides et décisives de l’automne 1939 jusqu’à l’armistice français du 22 juin 1940. Les pilotes de Stuka n’hésitaient pas non plus à bombarder des cibles civiles : leurs attaques, durant l’exode du printemps 1940, ont traumatisé les populations fuyant la Wehrmacht sur les routes françaises ; et l’emploi de la sirène, parfaitement inutile sur le plan technique, relevait de la « guerre psychologique » destinée à terroriser les populations et les soldats ennemis.

Mais cet avion, lent et vulnérable, s’avérera souvent inadapté aux nouvelles conditions de la guerre à partir de la bataille d’Angleterre, qui oppose la Royal Air Force à la Luftwaffe et qui s’achève par la victoire des pilotes britanniques. Décimés, ils laissent la place aux bombardiers lourds, qui pilonnent alors les villes du Royaume-Uni afin de terroriser autrement la population civile. Cependant, malgré la fin de la guerre éclair, la production de Stukas Ju 87 a perduré jusqu’en octobre 1944 : au total, environ 5 000 de ces avions ont été fabriqués par les usines Junkers, passées sous le contrôle de l’État nazi dès 1935. Sans cesse améliorés et perfectionnés, les Stukas ont constamment été employés sur tous les fronts, de la Russie à la Méditerranée.

EHRENGARDT, Christian-Jacques, La guerre aérienne 1939-1945, Paris, Tallandier, 1996

LEONARD, Herbert, Les Stuka, Bayeux, edition Heimdal, 1997

MURRAY, Williamson, Les guerres aériennes, 1914-1945, Paris, éditions Autrement, 1999

Christophe CORBIER, « Les Stukas, une arme nouvelle aux mains des nazis », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/stukas-arme-nouvelle-mains-nazis

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