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"Journal des Amis de la Constitution"

Choderlos de Laclos

Choderlos de Laclos

Séance de société populaire

Séance de société populaire

Trois cartes de membres de club jacobins

Trois cartes de membres de club jacobins

"Journal des Amis de la Constitution"

Date de création : 1790

Date représentée : 1790

Domaine : Presse

© Centre historique des Archives nationales - Atelier de photographie

Lien vers l'institution

ADXX/A273 Jal des Amis de la Const.N°1 p.1,2,49,50

Les clubs jacobins en Province

Date de publication : Décembre 2005

Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS

Les clubs jacobins en Province

Les clubs jacobins en Province

L’évolution des clubs jacobins


Dans de nombreuses villes de France naissent spontanément des clubs en 1789, créations locales de citoyens désireux de prendre part à la Révolution. Dès qu’ils apprennent l’ouverture de la Société des amis de la Constitution, qui siège dans un ancien couvent de jacobins, ils cherchent à tisser des liens d’« association » et de « correspondance » avec le grand club de Paris, rapidement célèbre. S’ils s’y réfèrent comme à la société mère, c’est alors de façon plutôt abstraite, car ils ont leur fonctionnement propre, adapté à leur contexte local. Mais ils se font affilier selon le règlement strict donné par le club parisien et copient son organisation. Ainsi s’établit une forte ressemblance de fait : le déroulement des séances, une fois adopté, n’est plus guère modifié. L’apparition du réseau des clubs est une nouveauté de la Révolution, mais ses origines se trouvent, sous l’Ancien Régime, dans l’organisation de la franc-maçonnerie et dans certains cercles de lecture ou de littérature.

Le nombre de clubs affiliés s’accroît très rapidement, passant de 90 en 1790 à 434 en juillet 1791 ; il existe aussi 500 sociétés non affiliées aux jacobins mais correspondantes ou affiliées à d’autres clubs officiels. Les membres sont des citoyens actifs qui payent une cotisation. Leur principale activité est alors la lecture des journaux en groupe. Les jacobins développent leur action à la fois dans l’opinion, grâce aux journaux qu’ils contrôlent et qui accueillent leurs proclamations, et dans les organismes délibératifs. La sécession de membres qui créent le Club des feuillants provoque une réaction démocratique des jacobins qui, en octobre 1791, rendent leurs séances publiques et poussent à l’ouverture de sociétés populaires dans toute la France.

Après le renversement de la royauté, le 10 août 1792, s’effondre le projet d’une monarchie constitutionnelle, et les clubs jacobins changent leur nom en « Société des amis de la Liberté et de l’Égalité ». Bientôt, ils demeurent quasiment les seuls clubs en fonctionnement.

En 1793, des clubs existent dans 1 500 villes ; plusieurs centaines sont cependant inactifs. La lutte des girondins et des montagnards constitue l’événement charnière. Avant l’élimination des girondins, les clubs étaient autonomes, avaient des idées et des initiatives. Après, ils deviennent les exécutants du pouvoir parisien. Dans le contexte local, l’élimination des girondins entraîne la Terreur. Sous la Terreur, le recrutement des membres des comités de surveillance révolutionnaire se fera aisément parmi les éléments extrêmes des clubs.

Au temps de la dictature jacobine, 5 332 communes françaises parmi les plus importantes possèdent une société populaire. Elles assurent à la Convention les moyens d’exercice du pouvoir pendant les quatorze mois de la Terreur.

Journal des amis de la Constitution

Le Journal des amis de la Constitution est conçu par Pierre Ambroise Choderlos de Laclos (1741-1803), auteur des Liaisons dangereuses, qui est alors l’homme de confiance de Philippe d’Orléans (le futur Philippe-Égalité). Dans son premier numéro, le Journal publie ses intentions : répondre aux besoins qu’ont les sociétés affiliées aux jacobins de Paris de correspondre entre elles ; il donne aussi la première liste de sociétés affiliées.

Le volume des lettres échangées est considérable et entraîne des frais de poste qui pèsent lourdement sur leur trésorerie. Leur publication par le Journal permet de limiter cette dépense et connaît à sa parution un immense succès. Mais il échoue finalement en tant qu’organe de correspondance, car les clubs des départements ne veulent pas renoncer aux échanges de club à club ; il cesse de paraître en septembre 1791. La lecture de nombreux autres journaux se poursuit.

Séance de société populaire

Quarante-trois personnes, toutes des hommes, sont réunies dans une belle salle ; sur les murs apparaissent la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, un bonnet phrygien, des drapeaux et plusieurs lois ou textes. Un orateur, à la tribune, à droite, fait face à un président, à gauche, assis dans un fauteuil et coiffé du bonnet rouge. Au-dessous de lui, un secrétaire à un bureau prend note des déclarations. Un personnage moustachu, debout au centre, en sabots, semble s’adresser à l’ensemble des auditeurs, ou répondre aux questions du président et de l’orateur. Autour sont rassemblés des citoyens assis sur des bancs ou des gradins. D’après leurs vêtements, ils semblent de condition surtout populaire.

Le dessin de Louis René Bocquet, ancien inspecteur des Menus-Plaisirs du roi et dessinateur de l’Académie royale de musique, a reçu son titre ultérieurement à sa réalisation. Or, ces assistants sont trop nombreux pour composer un comité de surveillance révolutionnaire – généralement constitué d’une douzaine de sans-culottes. L’organisation évoque une réunion de société populaire, peut-être une de ces séances d’épuration que tous les clubs ont connues au cours de la Terreur. Chaque membre mis en cause publiquement était soumis à des questions telles que « Comment as-tu réagi à la mort du tyran ? », « À quel journal es-tu abonné depuis le début de la Révolution ? », « As-tu augmenté tes biens ? », « As-tu discrédité les assignats par tes propos ou tes actions ? ».

Le personnage central et plusieurs membres portent des insignes, différents des cocardes mises aux coiffures ; c’est sur le vêtement qu’étaient portées les cartes de membre de club.
Deux gardes nationaux veillent sur la séance, l’un semble exclure un paralytique en guenilles, qui porte pourtant une carte de membre…

Cartes de membres de clubs jacobins

Les termes « amis de la Liberté et de l’Égalité » désignent après le 10 août 1792 les clubs affiliés aux jacobins de Paris. Les membres doivent pendant les séances porter sur eux leur carte, semblable à celles-ci, pour être distingués du public. Pour faire preuve de zèle révolutionnaire, chacun va se faire inscrire sur les registres du club et essaie de protéger sa vie et ses biens en allant aux Jacobins se couvrir du bonnet rouge.

La pratique jacobine


La dictature jacobine peut ici être observée dans sa pratique quotidienne : le lieu de réunion, souvent un bien d’Église confisqué, la tribune des orateurs, en face du fauteuil du président et du bureau des secrétaires, la disposition en gradins. Au moment de son hégémonie, le recrutement est surtout populaire. L’égalitarisme parmi les membres exclut cependant les indigents, les ouvriers trop pauvres et les femmes ; celles-ci sont toutefois présentes parmi les citoyens admis à assister.

Les séances observent un rituel assez strict de compte-rendu, lecture de discours, scrutin épuratoire, rédaction de multiples adresses envoyées à la Convention ou au Comité de salut public, pour influer sur les votes de l’Assemblée dans le sens souhaité par les jacobins de Paris. Tout cela alterne avec des vivats et des chants. Les altercations sont fréquentes. On vote par acclamation ou à la majorité, à main levée, rarement au scrutin secret, même dans le cas des épurations.

Michael KENNEDY, The Jacobin Clubs in the French Revolution. The First Years, Princeton, Princeton University Press, 1982.

Michael KENNEDY, The Jacobin Clubs in the French Revolution. The Middle Years, Princeton, Princeton University Press, 1988.

Michael KENNEDY, The Jacobin Clubs in the French Revolution (1793-1795), 2 vol., 1982-1988, rééd.New York-Oxford, Bergahn Bouks, 2000.

Gérard MAINTENANT, Les Jacobins, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1984.Gérard WALTER, Histoire des Jacobins, Paris, Aimery Somogy, 1946.

Luce-Marie ALBIGÈS, « Les clubs jacobins en Province », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/clubs-jacobins-province

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