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Entrée de Louis XVIII à Paris

Entrée de Louis XVIII à Paris

Napoléon arrachant à Louis XVIII sa couronne.

Napoléon arrachant à Louis XVIII sa couronne.

Entrée de Louis XVIII à Paris

Entrée de Louis XVIII à Paris

Date de création : 1814

Date représentée : 3 mai 1814

H. : 63,5 cm

L. : 98 cm

Titre complet : Entrée de Louis XVIII à Paris, au moment de son passage sur le Pont-Neuf, 3 mai 1814.

Plume et encre brune, rehauts de lavis brun, d'aquarelle et de gouache blanche, sur tracé au crayon, sur papier crème

Domaine : Dessins

© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / image RMN-GP

Lien vers l'image

INV.DESS 956 - 87-001203

La Première Restauration

Date de publication : Août 2009

Auteur : Alain GALOIN

Les désastreuses campagnes de Russie, en 1812, et d’Allemagne, en 1813, avaient entraîné la formation d’une ample coalition des puissances européennes pour vaincre enfin Napoléon. Au début de 1814, la France est envahie. Le 31 mars, les troupes étrangères sont aux portes de Paris. Avec le soutien d’une soixantaine de sénateurs, Talleyrand forme un gouvernement provisoire dont il assume la direction et, le 3 avril 1814, le Sénat prononce la déchéance de l’Empereur, qui abdique à Fontainebleau trois jours plus tard. Avec l’assentiment de l’Angleterre et du tsar Alexandre Ier, le Sénat rétablit alors la monarchie bourbonienne et offre la couronne à Louis XVIII, frère puîné du roi Louis XVI. Le 24 avril, l’ancien comte de Provence débarque à Calais et, le 2 mai, il signe la Déclaration de Saint-Ouen, qui marque la restauration officielle de la monarchie des Bourbons. Il reconnaît certaines des libertés acquises sous la Révolution et l’Empire, et promet l’octroi rapide d’une Charte constitutionnelle. Le 3 mai 1814, le monarque entre solennellement dans Paris et s’installe aux Tuileries après avoir assisté à la célébration d’un Te Deum à Notre-Dame.

Le nouveau régime est d’abord accepté par la population, lasse de la conscription et de la fiscalité impériale, séduite par la perspective d’une paix durable. Néanmoins, le roi laisse se développer une dangereuse réaction nobiliaire qui favorise le retour de Napoléon. En effet, l’Empereur n’a pas renoncé au pouvoir et débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815. Pendant les Cent-Jours, Louis XVIII doit se réfugier à Gand. Il ne rentre à Paris que le 8 juillet 1815, après le désastre de Waterloo.

Architecte, peintre, graveur d’origine allemande, grand voyageur de surcroît, Antoine Ignace Melling (1763-1831) a été successivement au service du sultan ottoman Selim III, de l’impératrice Joséphine et des Bourbons. En 1814, il assiste à l’entrée de Louis XVIII à Paris, qu’il a représentée ici au moment du passage du cortège royal sur le Pont-Neuf. Le carrosse transportant le roi et la duchesse d’Angoulême s’arrête devant la statue en plâtre du roi Henri IV, qui remplace dès 1814 le monument détruit pendant la Révolution. L’inscription que porte le socle, « Le retour de Louis fait revivre Henri », rappelle la légitimité du pouvoir monarchique restauré, Louis XVIII descendant en droite ligne d’Henri IV, le premier des Bourbons. En 1818, le jour de la saint Louis, sera solennellement inaugurée sur le Pont-Neuf une statue équestre d’Henri IV, en bronze, commandée au sculpteur François Frédéric Lemot (1772-1827), destinée à remplacer la version provisoire en plâtre.

Le 20 mars 1815, le « vol de l’Aigle » contraint Louis XVIII à prendre le chemin d’un nouvel exil. L’événement inspire à Anne Louis Girodet (1767-1824), peintre néoclassique alors au faîte de son art et de la célébrité, l’une de ces caricatures au vitriol dont il a le secret. En effet, l’artiste utilise parfois l’arme satirique pour tourner en dérision le pouvoir en place. Ainsi Napoléon lui-même a-t-il pu éprouver sa causticité avec trois esquisses croquées par Girodet lors d’une messe au palais de Saint-Cloud en 1812. Le peintre a représenté l’Empereur sommeillant de façon incongrue et en a fait un homme aux traits bouffis, prématurément vieilli. Ici, c’est sur Louis XVIII que s’exerce le châtiment par l’art. Un Napoléon au visage poupin arrache sa couronne à un Bourbon podagre symboliquement coiffé d’une calotte ecclésiastique. L’épée du vainqueur d’Austerlitz contraste fortement avec la dague ridicule d’un souverain qui n’a jamais combattu.

Appelé au pouvoir le 3 avril 1814 par le gouvernement provisoire présidé par Talleyrand, Louis XVIII ne met fin à son exil anglais que le 24 avril suivant. Entre-temps, son frère, le comte d’Artois, assure la régence en tant que « lieutenant général du royaume » et prépare son retour. Ce dernier est un homme d’Ancien Régime, attaché à la monarchie absolue de droit divin, hostile au principe de la souveraineté nationale. Le 13 avril, il remplace le drapeau tricolore par le drapeau blanc et interdit La Marseillaise. Il mène une ardente politique en faveur de l’Église et des émigrés. Pour rassurer la population inquiète d’une réaction nobiliaire, Louis XVIII revient sur ses différentes proclamations d’exil où il affirmait sa volonté d’un retour à l’ordre ancien et, le 2 mai 1814, il promulgue la Déclaration de Saint-Ouen dans laquelle il promet la mise en place d’une monarchie constitutionnelle. Le 30 mai, il signe avec les alliés le premier traité de Paris, qui rétablit la France dans ses frontières de 1792. Néanmoins, le royaume n’a pas à acquitter d’indemnités de guerre, et les troupes étrangères évacuent le territoire.

Ce caractère rassurant de la Restauration ne dure pas. Les émigrés, revenus après deux décennies d’absence, n’ont « rien oublié ni rien appris », selon l’expression prêtée à Talleyrand, et ils exigent la restitution de leurs biens et le rétablissement de leurs privilèges. Le clergé impose des processions, interdit les bals du dimanche et refuse les sacrements aux propriétaires de biens nationaux. Les survivants de l’armée impériale sont humiliés et dispersés dans de lointaines garnisons. Ces maladresses sont accentuées par le caractère antinational de la monarchie restaurée : le roi et les émigrés sont rentrés en France « dans les fourgons de l’étranger ». Que Napoléon, lors de son retour de l’île d’Elbe, ait pu reconquérir la France en vingt jours sans tirer un coup de feu fait assez mesurer l’échec de cette première Restauration.

Guillaume BERTIER DE SAUVIGNY, La Restauration, Paris, Flammarion, 1955.

Georges BORDONOVE, Louis XVIII : le Désiré, Paris, Pygmalion, 1989.

Francis DEMIER, La France du XIXe siècle, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 2000.

Évelyne LEVER, Louis XVIII, Paris, Fayard, 1988.

Pierre ROSANVALLON, La Monarchie impossible : les chartes de 1814 et 1830, Paris, Fayard, 1994.

Jean VIDALENC, La Restauration 1814-1830, Paris, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », 1983.

Emmanuel de WARESQUIEL et Benoît YVERT, Histoire de la RestaurationNaissance de la France moderne, Paris, Perrin, 1996.

Alain GALOIN, « La Première Restauration », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/premiere-restauration

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