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Troupes d'afrique. Engagez-vous.

Troupes d'afrique. Engagez-vous.

Jeunes gens. Militaires libérés. Allez aux colonies.

Jeunes gens. Militaires libérés. Allez aux colonies.

Engagez-vous, rengagez-vous dans les troupes coloniales.

Engagez-vous, rengagez-vous dans les troupes coloniales.

Troupes d'afrique. Engagez-vous.

Troupes d'afrique. Engagez-vous.

Date de création : 1927

Date représentée : 1927

H. : 120,3 cm

L. : 79,4 cm

Lithographie sur papier.

Domaine : Affiches

© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN - Grand Palais / Pascal Segrette

http://www.photo.rmn.fr

06-506189 / 2002.1.148

Le recrutement de la Coloniale

Date de publication : Juillet 2009

Auteur : Alexandre SUMPF

Armée des colons, armée de colonisés

Les troupes coloniales, héritières des unités de Marine créées sous Colbert, ont été instituées en 1900. Au lendemain de la prise d’Alger en 1830, des militaires français de carrière forment avec des sous-officiers indigènes l’encadrement des bataillons de supplétifs – souvent recrutés au sein des populations autochtones. L’armée d’Afrique née au cours de ce premier acte du renouveau colonial français occupe une place à part dans les troupes coloniales. Les Français sont orientés vers les zouaves et les chasseurs, les indigènes vers les tirailleurs et les spahis (à cheval). Pour les premiers les carrières sont plus rapides qu’en métropole, au prix de l’éloignement et de l’inconfort, compensés par l’attrait de l’exotisme et de la domination. La conduite du commandant Marchand, héros de Fachoda (1898), symbolise l’engagement de la Coloniale pendant la Première Guerre mondiale. La victoire et l’octroi à la France de nouveaux territoires à administrer renouvellent le sentiment de puissance. Chez les indigènes, le manque de reconnaissance collective de leur sacrifice sur tous les fronts (Marne, Verdun, chemin des Dames) a déçu les espoirs d’autonomie et sans doute favorisé une vague de rébellions armées. La plus menaçante a provoqué la guerre du Rif, au Maroc, dans laquelle la France est intervenue en 1924 et qui s’est achevée par la capitulation d’Abd el-Krim en 1926.

Les couleurs de l’imaginaire colonial

L’affiche de recrutement de 1927 comporte un texte, au centre, et des figures militaires peuplant les marges. Autour d’un cadre rappelant l’architecture arabo-andalouse par son arc outrepassé, dominent les trois couleurs de la France, associées à deux topoi de la peinture militaire : la revue montée, le défilé en grande tenue. Cinq types de personnages composent l’armée d’Afrique. En haut, au milieu, les officiers européens brandissent le symbole de la République conquérant territoires et esprits. Montés eux aussi, à droite, les spahis marocains en blanc et rouge saluent sabre au clair ; à gauche, les chasseurs d’Afrique surgissent de l’ombre sur leurs dromadaires. En bas, à gauche, les zouaves présentent les armes dans un décor d’inspiration algérienne, tandis qu’à droite, un tirailleur (algérien) pose devant des palmes.

L’affiche réalisée par Danilo en 1928 s’adresse non aux indigènes, mais aux Européens et en particulier aux jeunes. Là encore, un texte mobilisateur, cette fois en grosses et petites lettres rouges ou bleues, s’inscrit au cœur d’une composition jouant avec l’imaginaire colonial en adoptant trois approches picturales distinctes. Dans la moitié supérieure, le fond jaune, qui connote le soleil et l’Eldorado, est associé au vert de palmiers stylisés, symbole d’exotisme. Dans le quart inférieur gauche, la course des dromadaires est traitée par larges touches de couleur ocre et grise. Dans l’autre quart, le dessin se veut au contraire réaliste, détaillant les spécificités architecturales du bâtiment, le pelage du dromadaire et son harnachement, les costumes traditionnels avec leurs coiffes caractéristiques.

Dans l’affiche datée de 1930, le texte a quasiment disparu, laissant la place à un slogan en tête de page, toujours aux couleurs de la République. Le cadre est partagé également entre un paysage asiatique et trois militaires français au premier plan. Là encore triomphent le jaune et le vert, qui dénote ici la luxuriance. Le temple rouge et blanc aux détails minutieusement reproduits accroît l’exotisme rendu par l’éléphant et les chapeaux coniques qui ponctuent une scène de marché aux fruits. Les uniformes des trois officiers contrastent par leurs plis impeccables et leurs accessoires avec les tenues plus lâches des indigènes, par la franchise du bleu et du marron qui tranche avec des demi-tons verts et ocre, par la richesse des galons et des médailles s’imposant au blanc du simple habit paysan.

Remobiliser l’empire colonial

Si les années suivant les horreurs de la Grande Guerre connaissent un réel essor du pacifisme, diffusé par les associations d’anciens combattants, la démobilisation de plusieurs millions d’hommes constitue un défi difficile à relever pour la société française. La première affiche sollicite directement les soldats de l’armée d’Afrique en les appelant à se réengager, avec des arguments financiers proportionnés à leur fidélité, associés à des arguments picturaux jouant sur la tradition militaire (étendards de régiments). La mention, au bas du texte, de tous les points de renseignement indique à la fois le probable emplacement de l’affichage et les difficultés de recrutement.

L’objectif de la seconde affiche consiste à trouver de nouvelles recrues, notamment parmi les anciens combattants ou les anciens conscrits. Si le texte insiste sur les avantages financiers et psychologiques, le dessin essaie lui de démontrer l’adaptation des Français au territoire qu’ils dominent : le seul personnage européen monte sans difficultés le dromadaire, le drapeau flotte sur un bâtiment d’architecture mauresque comme il le ferait sur un château fort, la population apparaît à la fois au service des colons (chasseurs d’Afrique en masse dynamique) et proche (y compris les femmes). Tout identifie l’Algérie, colonie de peuplement cruciale pour la France, pour son histoire comme pour son développement, au cœur de l’imaginaire colonial de la métropole et des tentatives de réformer l’administration des territoires dominés.

Enfin, la troisième affiche souligne clairement le message de domination coloniale. Les trois officiers français apparaissent plus grands, en bonne santé, sûrs de leur pouvoir local et de la science militaire et industrielle que la France impose à des pays traditionnels et archaïques, qui doivent être civilisés. Les trois affiches annoncent qu’après la Grande Guerre, la France cherche à réaffirmer son statut de grande puissance mondiale à travers la maîtrise économique et militaire de son vaste empire colonial, sans changement de rapports entre métropole, colons et indigènes.

Maurice AGULHON, La République, tome 1 (1880 à 1932), Paris, Pluriel Hachette, 1990.

Dominique BORNE, Henri DUBIEF, La crise des années 1930 (1929-1938), Paris Seuil, 1989.

Anthony CLAYTON, Histoire de l’armée française en Afrique, 1830-1962, Paris, Albin Michel, 1994.

Guerre du Rif : La guerre du Rif est une guerre coloniale qui opposa les tribus rifaines (le Rif est une chaîne de montagnes du Nord du Maroc) aux armées française et espagnole, agissant en vertu des accords de protectorat passés avec le sultan du Maroc.Les Rifains étaient dirigés par des chefs de républiques villageoises appelées aussi Amghar, le droit coutumier étant distinct du droit religieux.Le 20 juillet 1921, l’armée espagnole vint mater des rebelles, mais elle fut battue par la tribu berbère des Aït Ouriaghel de la région d’Alhoceima, sous la conduite du jeune Abdelkrim El Khattabi. Le général Sylvestre dispose alors d’une puissante armée forte de 60 000 soldats espagnols pour contrer les Beni Ouriaghel. En juin, la presque totalité de cette armée trouve la mort dans la bataille d’Anoual. Face à ce désastre, le général se suicide et ainsi se lança l’ambitieux projet d’Abdelkrim El Khattabi, connu sous le nom d'Abd el-Krim. Les Rifains, qui n'étaient que d’humbles paysans montagnards, coupés du grand corps marocain dont ils ne formaient qu’une infime partie, firent chanceler deux puissances européennes, l’Espagne et la France.Abdelkrim El Khattabi réunit les chefs tribaux, qui organisèrent la resistance par la création de la République confédérée des tribus du Rif le 1er février 1922. Abd-el Krim devint président de la République. Néamoins, en ne se déclarant pas sultan, et en ordonnant aux imam du Rif de faire la Joumouaa (prière du Vendredi) au nom du sultan Moulay Youssef, Abdelkrim ne remit jamais en question l’autorité du roi, et ancra la révolution dans une future révolution nationale marocaine ayant pour objectif de sortir à terme le monde musulman de la colonisation occidentale . De nombreuses lettres de bonne foi restituant la beyaa due au sultan parvinrent à Moulay Youssef. Mais la dangerosité du projet d’Abdelkrim fit en sorte de dissuader le sultan craignant les réactions des occupants.Une guerre contre les Espagnols s’ensuivit et ils durent se retirer sur la côte. Ils n’occupaient en 1924 plus que Ceuta, Melilla, Asilah et Larache. La France intervint pour venir à leur secours et éviter la contagion au reste du Maroc, alors sous domination française. Des postes avancés furent installés par l’armée française, ce qui provoqua l’affrontement avec les troupes rifaines, écrasées lors de l’offensive française vers Fès pendant l’hiver et le printemps 1924.Le général Lyautey obtint des victoires, mais il est remplacé par Pétain. Le commandant Naulin réussit à vaincre les Rifains.À l’automne 1925, des négociations échouèrent à cause des exigences des nationalistes rifains. Les troupes franco-espagnoles repoussèrent les Rifains.Abd el-Krim se plaignit à la Société des Nations de l’utilisation par l’aviation française de bombes chimiques (source : Wikipédia).Auteur : n01frPosté le : 19/06/2008 03:12

Alexandre SUMPF, « Le recrutement de la Coloniale », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/recrutement-coloniale

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