Aller au contenu principal
La Soupe du matin

La Soupe du matin

L'Éclair

L'Éclair

La Soupe du matin

La Soupe du matin

Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web

Date de création : 1880

Date représentée :

H. : 115 cm

L. : 165 cm

Sous-titre : Distribution de la soupe aux pauvres à la porte du restaurant Brébant.

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Lien vers l'image

RF 953 - 09-506641

Aspects de la misère urbaine au XIXe siècle

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Ivan JABLONKA

Plusieurs événements, sous la monarchie de Juillet, ont éveillé la réflexion de la bourgeoisie au sujet de la misère populaire : la révolution de 1830 à Paris, les insurrections des canuts de Lyon en 1831 et en 1834, la crise de subsistance de 1846. C’est donc entre 1830 et 1840 que l’opinion prend conscience de la misère urbaine et ouvrière.

Diverses réalités sont alors décrites : la pauvreté, la misère (manque de biens extrême), le paupérisme (pauvreté comme phénomène économique en rapport avec l’industrialisation). Cette révélation est l’œuvre d’opposants au régime comme le docteur Guépin. Mais la très officielle Académie des sciences morales et politiques a également incité à l’étude du paupérisme.

C’est elle qui a poussé Villermé à enquêter, dans les années 1830, sur les conditions de vie et de travail des ouvriers du textile à Lille et à Rouen. Son ouvrage, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers, publié en 1840, n’a pas peu contribué à la prise de conscience.

Selon Buret, un tiers de la population en 1840 est assistée par la charité publique. Celle-ci est à la fois un moyen de soulager les pauvres et de les enserrer dans un système de sujétion paternaliste. Le baron de Gérando, grand philanthrope et spécialiste de la charité, écrit en 1820 : pauvre ou enfant, « le faible appartient au fort à titre d’adoption ».

C’est une scène de bienfaisance que Goeneutte, actif dans le dernier quart du XIXe siècle, représente La Soupe du matin. À l’arrière-plan, des pauvres – hommes, femmes en haillons, enfants et vieillards – se pressent dans le froid du matin à une distribution de soupe populaire. Au premier plan de cette cour d’immeuble, occupés à boire le breuvage bien chaud, ils ressemblent à des particules éparses.

Les pauvres que L’Éclair terrorise sont au contraire serrés les uns contre les autres. Dans un grenier, une mère indigente et seule (où est le père ?) tente de rassurer ses enfants réveillés en pleine nuit. La scène est traitée avec force : les puissants contrastes de lumière et l’expressivité des personnages, issus du peuple et représentés grandeur nature, constituent les traits d’un caravagisme à portée sociale. L’éclair et l’effroi qu’il suscite, en revanche, sont un thème romantique (ou biblique, comme dans les scènes du Déluge).

Tout semble opposer les deux tableaux, repas matinal plutôt serein et scène dramatique de nuit. Le premier offre une description fidèle de la réalité, le second est une métaphore de la pauvreté ; l’un éparpille les éléments, l’autre résume de manière saisissante. Mais les indigents qui se bousculent pour la soupe et la « Mère courage » protégeant ses enfants sont tous des pauvres, des malheureux qui, avec les prolétaires de l’industrie, sont les « misérables » du XIXe siècle.

Les deux peintres entendent montrer le vrai visage de la pauvreté, mais avec des styles différents. Si La Soupe du matin cherche plutôt à sensibiliser le spectateur avec sa précision naturaliste, L’Éclair sonne comme un avertissement. Le premier est un documentaire sans prétention, le second un symbole, une œuvre à plusieurs degrés de lecture.

Présenté en 1848 au premier Salon de la IIe République, ce tableau exhibe la misère du peuple avec le même souffle visionnaire que Millet et Courbet dans Les Glaneuses et Les Casseurs de pierre. Les personnages sont convulsionnés par la peur – peur de la foudre, du ciel noir, c’est-à-dire peur de la misère et de la guerre civile qui appauvrit les humbles.

Mais cet effroi en évoque un autre : la grande peur de la bourgeoisie après les journées de Juin, peur du peuple et de sa violence supposée, peur du sang qu’il pourrait verser. Menace des révolutions à venir, l’éclair pourrait bien finir par épouvanter aussi la bourgeoisie. Trois ou quatre décennies plus tard, les pauvres de La Soupe du matin semblent bien paisibles : sous la IIIe République, la misère est un peu dédramatisée et atténuée.

Catherine DUPRAT, Le Temps des philanthropes. La philanthropie parisienne des Lumières à la monarchie de Juillet. Pensée et action, thèse d’État, université Paris I, 1991.

Philippe SASSIER, Du bon usage des pauvres. Histoire d’un thème politique (XVIe-XXe siècle), Paris, Fayard, 1990.

Ivan JABLONKA, « Aspects de la misère urbaine au XIXe siècle », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 19/03/2024. URL : histoire-image.org/etudes/aspects-misere-urbaine-xixe-siecle

Anonyme (non vérifié)

Bonjour, Tout d'abord toutes mes félicitations pour votre site que j'aime beaucoup. Il me semble que l'image du tableau d'Antigna est inversée droite/gauche. Ci-joint, le lien RMN : http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=6&FP=422645&E=2K1KTSU86BFKT&SID=2K1KTSU86BFKT&New=T&Pic=6&SubE=2C6NU0ND2T6U

dim 06/11/2011 - 10:59 Permalien
Anonyme (non vérifié)

C'est une honte... Vous avez copié-collé un site (http://b.lemonnier.free.fr/ressources/causes_mortalite.pdf) qui compare ces deux tableau en 2011...
Je ne sais même pas si vous avez pensé aux copyrights. Toute ma division d'HEC connait votre réputation maintenant!

mer 04/12/2019 - 21:27 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

Un bug sur le site marque un certains nombre de contenus comme publiés en mais 2016. En réalité, ce texte a été publié probablement entre 2001 et 2010.

D'autre part, nos auteurs rédigent des contenus originaux produits exclusivement pour le site.

Après étude du document que vous proposez en lien, il semblerait que nous soyons dans la situation inverse que vous décrivez : un copié-collé des textes originaux de M. Jablonka dans le dossier en ligne de M. Lemonnier.

Cordialement,

L'équipe du site l'Histoire par l'image

lun 09/12/2019 - 14:46 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur